Lyon Mag : Pouvez-vous nous dire en quoi consiste cette journée de prévention ?
Max Pavoux : La journée régionale du 3 Mars s’inscrit dans le sillage des quatorzièmes journées nationales de prévention du suicide organisées par l’union nationale de prévention du suicide. Elles tentent de répondre à des questions autour de la prévention. Nous avons proposé aux acteurs, quels que soient leurs registres d’intervention, de confier leur opinion sur la vigilance à mener concernant les conduites suicidaires.
Pouvez-vous nous donner des exemples d'organismes qui préviennent le suicide ?
La téléphonie sociale, beaucoup d’associations, les points accueils «écoute jeune», les services hospitaliers, les structures de proximité existent. Il y a tout un maillage de bénévoles, de professionnels et d’institutionnels qui se mettent à disposition, et qui mettent à disposition des dispositifs d’accueil, d’écoute, de prévention et de soin, auprès des personnes en souffrance.
Il y a beaucoup de personnes en souffrance qui vont vers ces points d’écoute là ?
Oui. Nous recevons beaucoup de jeunes, beaucoup de parents inquiets, beaucoup de familles. Les jeunes ne s’orientent pas facilement vers les services de soin, mais vont dans ces structures plutôt intermédiaires, déposer un mal-être, une souffrance. A nous de travailler, notamment dans les points écoute, pour permettre éventuellement la mise en place d’un suivi thérapeutique.
Y a-t-il encore des tabous autour de cette question du suicide ?
C’est une thématique difficile. La question du suicide est une problématique complexe. Il faut du temps pour en parler. Il faut du temps pour laisser émerger les idées, pour que quelqu’un puisse dire qu’il a des idées suicidaires. Il faut parfois l’accompagner pour lui permettre de s’en écarter.
Que peut-on dire à une personne qui aurait des idées morbides ?
Le plus important, c’est que l’entourage reconnaisse que la personne est dans cette souffrance. Reconnaître cette souffrance extrême, qui n’est jamais une envie de mourir, mais un désir de ne plus souffrir, permet déjà un certain apaisement.
Y a-t-il beaucoup de personnes dans ce type de souffrance, et peut-on faire des choses en plus ?
C’est à nous de développer un maillage suffisamment important, avec des personnes impliquées. Peu importe la manière dont ils se mettent à disposition des personnes en souffrance, qu’il s’agisse des bénévoles, des professionnels, des institutionnels, des acteurs de la téléphonie sociale, de l’accueil, ou de l’écoute. Il faudrait que chacun puisse repérer les signes émis par une personne qui ne va pas bien, pour l’orienter vers les structures adaptées.
Manque-t-il un chaînon entre ces structures et les personnes en souffrance ?
C’est précisément la question du lien. Une orientation ne peut pas se faire à partir d’une liste d’adresse téléphonique. Une orientation se fait dans un lien de confiance avec quelqu’un qui accepte de dire à l’autre qu’il lui semble qu’il ne va pas bien et qu’il gagnerait à faire une démarche. Après, il s’agit de connaître les structures qui existent, éventuellement à accompagner physiquement la personne vers une structure, de manière à ce qu’elle soit prise en charge.
Que pensez-vous des jeux à tendances mortifères qui se développent dans les cours d’écoles, comme le jeu du foulard ?
C’est une question complexe. Nous sommes fréquemment sollicités autour de ces questions. Il faut y réfléchir avec les équipes éducatives et avec les parents. Nous faisons d’ailleurs souvent des conférences-débats au centre Jean Bergeret, notamment autour du pôle ressource d’intervenants en milieu éducatif, pour débattre et travailler autour de ces questions. Il est très compliqué de rapprocher la tentative de suicide de ces jeux dangereux. C’est, certes, un contexte de conduites à risques, mais c’est aussi une manière de tester des limites. Ces questions sont complexes.
Le fait que les personnels éducatifs s’en remettent à votre expertise, c’est un bon ou un mauvais signe ?
C’est toujours bon signe quand des adultes se préoccupent, cherchent à prévenir, à venir près de l’enfant, de l’adolescent, de la personne détenue, de la personne âgée ou du salarié qui est en souffrance.
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