Des listes qui n’ont jamais convaincu
Le ton a été donné, avant même la désignation de Françoise Grossetête, par Damien Abad. Le jeune élu du Nouveau Centre, se voyant déjà calife à la place du calife, s’est vu opposer une fin de non-recevoir cinglante par la candidate UMP quant à une possible obtention de la tête de liste régionale. Une préfiguration funeste de ce qu’allait être la constitution des listes de la majorité présidentielle. Arrêtées début février, ces listes n’ont contenté personne. Au premier rang des déçus, les conseillers régionaux sortants Hamelin et Dagorne, purement et simplement zappés. La faute au renouvellement selon certains, la faute à Perben selon d’autres. Drôle de départ pour la droite lyonnaise, qui, si elle à loué son union durant toute la campagne, a bien mal taillé sa cote en amont. Il n’est pas étonnant de retrouver certaines situations ubuesques dans les circonscriptions, comme dans la 9ème du Rhône, où deux représentants de l’UMP et un du Nouveau Centre se sont retrouvés dans une triangulation frontale pour obtenir la meilleure place sur la liste. Aucun de trois ne siègera demain au conseil régional. Ajoutez à cela la nécessaire ouverture aux partis partenaires, les places à libérer pour le cercle de la diversité républicaine, et vous comprendrez la formule de Philippe Cochet, secrétaire général de la fédération UMP : «Ces listes sont équilibrées car personne n’est content». Une formulation laborieuse, quasiment oxymorique, qui pointe les limites de l’ouverture, irréprochable dans la théorie, mais irréalisable dans la pratique.
Un ticket pour le Rhône discutable
Tout les oppose et pourtant, ils ont été désignés locomotive de l’UMP dans le Rhône. Nora Berra, secrétaire d’Etat aux ainés et Philippe Meunier député du Rhône ont composé le ticket perdant, en se partageant respectivement la première et la seconde place de la liste départementale. L’une est, par ses fonctions et son ascencion, proche des institutions nationales. L’autre est un élu de terrain, terrien et local. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne les a pas vu souvent faire campagne ensemble. Côte à côte certes, mais pas ensemble. Et pour cause, les amis du cercle de la diversité républicaine, soutiens inconditionnels de la secrétaire d’Etat, n’ont jamais porté aux nues Philippe Meunier. Nora Berra a privilégié les quartiers plus populaires, quand Philippe Meunier favorisait le terroir. Un partage des tâches qui marque bien une sensibilité différente entre les deux candidats. L’affaire des affiches de l’UMP, sur lesquelles Nora Berra est représentée avec Françoise Grossetête mais sans Philippe Meunier, prête à sourire. Elle reste aussi symptomatique du malaise qui a semblé planer entre Berra et Meunier tout au long de la campagne.
Polémiques de campagnes et «boules puantes»
La campagne en Rhône-Alpes s’est fourvoyée. C’est le moins que l’on puisse dire. Si le PS a eu l’affaire Chergui, les Verts l’affaire Sirma Oran-Martz, l’UMP a elle aussi été gâtée. Cela a commencé avec le débat tronqué organisé par LGBT (association lyonnaise de défense des gays, bisexuels et transsexuels) entre les différents candidats aux Régionales, et refusé par la candidate UMP. Ce qui aurait pu être un formidable moyen pour Grossetête de pointer les méthodes de ses adversaires, l’organisateur du débat étant un proche d’un candidat de Queyranne aux Régionales, s’est transformé en chausse-trappe. La candidate UMP a manqué de «vice», et n’a pas rebondit sur la méthode utilisée par ses adversaires pour les vilipender légitimement. Françoise Grossetête a laissé passer l’orage. Cette polémique, qui aurait pu redynamiser la majorité présidentielle dans la course aux Régionales, a plutôt mis en lumière son émollience.
Que dire alors de la «boule puante» lancée en plein conseil municipal par Gérard Collomb. Le maire de Lyon est allé remettre à Nora Berra un article de Libération de 1992, pointant les dérives extrémistes d’un jeune militant républicain membre de l’UNI, du nom de Philippe Meunier. Confondu par l’article pour avoir distribué des tracts à caractère raciste à la faculté de droit de Nancy, le numéro 2 de la liste du Rhône à toutefois été disculpé. Nora Berra a accueilli avec une grande circonspection la nouvelle. Pire encore, elle s’est fendu d’un sibyllin «J’entends dire beaucoup de choses sur Philippe Meunier». Pas la meilleure manière de défendre son coreligionnaire. On peut mettre cette réaction plutôt faiblarde sur le compte de la surprise à la lecture de l’article. Hervé Saulignac, directeur de campagne de Queyranne, joint dès le lendemain, a assuré condamner la méthode. Il est donc improbable que l’initiative ait été menée par la bande à Queyranne. Qui donc a voulu la tête de Meunier et qui a «sourcé» Collomb ? Est-il possible que la majorité se soit sabordée pour éliminer son candidat le plus polémique, sachant les élections perdues d’avances ? Rien n’est moins sur, mais les méthodes barbouzardes ont la vie dure. Et si Philippe Meunier fait, dans les prochaines semaines, les frais de la défaite des Régionales, il ne faudra sans doute pas s’interroger plus longuement.
Les interférences nationales
Philippe Meunier n’a pas manqué de le souligner dans son intervention à la préfecture dimanche, au soir de la défaite. Il a regretté le passage des ministres lors de l’entre-deux-tours, qui a ajouté à la confusion d’un scrutin régional qu’il aurait souhaité rester local. Pour la confidentialité, la droite devra repasser. Car, durant l’entre-deux-tours, le Rhône a reçu la visite de Xavier Bertrand, Bernard Accoyer, Eric Besson, Laurent Wauquiez, Eric Woerth, et François Fillon lui-même. Des soutiens de poids, visiblement écrasant pour la droite régionale, puisqu’ils n’ont rien apporté de neuf, si ce n’est des formules à l’emporte-pièce contre Queyranne sur des sujets réchauffés, comme le nouveau siège du Conseil Régional ou la candidature d’Annecy aux Jeux Olympiques de 2018. Une ficelle trop grosse pour les électeurs qui ne s’y sont pas laissés prendre.
Lundi 22 Mars 2010 à 17h43
Régionales 2010 : UMP, retour sur une défaite annoncée
Les listes de la majorité présidentielle en Rhône-Alpes n’ont pas réussi à inverser la tendance constatée au premier tour des élections régionales. La défaite, cinglante au niveau régional et national, est l’émanation d’une campagne discordante menée par l’UMP. Et Rhône-Alpes n’a pas dérogé à ce funeste constat. De la constitution des listes, à l’envoi au front de l’exécutif national durant l’entre-deux-tours, retour sur une défaite annoncée.
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Les mauvais résultats de l'UMP sont dûs aussi à trop de secrétaires d'état et de ministres candidats à ces élections régionales. Leur place est aux affaires nationales qui leur ont été confiées et qui nécessitent travail et présence pour être menées correctement.
Signaler RépondreLyon Mag fait de Françoise Grossetête une "victime", victime de "boules puantes" lancées par le PS. Mais, soyons clairs : -Qui a lancé sa campagne de manière populiste en se polarisant sur la construction nécessaire de l'hôtel de région à la Confluence ? -Qui a distribué des tracts à la limite de la diffamation en utilisant ses jeunes militants zèlés (cf. les "inédits de la région") -Qui a diabolisé JJ Queyranne dans chacun de ses meetings ? ...Le problème est que madame Grossetête a été paralysée par son incompétence et son manque de connaissance des dossiers. Des "boules puantes", elle en a cherché durant toute sa campagne, comme ses collègues franciliens. En témoigne son ridicule sketch lors du dernier débat organisé par France 3 RAA. La tête de liste UMP avait belle allure lorsqu'elle a brandi un carnet de liaison distribué par la région Rhône-Alpes au sein duquel, malheur, un message de JJ Queyranne était présent ! LyonMag était-il présent à la soirée électorale organisée ce dimanche à la prefecture ? Avez vous vu avec quel mépris et quelle agressivité elle s'est adressée aux journalistes présent. A aucun moment dans cette article vous n'évoquez l'incompétence et le manque de crédibilité de Grossetête. C'est pourtant ce qui l'a plombée à chacun de ses débats où elle s'employait à se ridiculiser.
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