Lyon Mag : Comment joint-on l’art du piano avec celui de la peinture ?
Frédérique Nalpas : Je suis plus exactement pastelliste. Au départ, j’ai fait une carrière de pianiste classique. Nous sommes assez nombreux sur le marché, et finalement, ce n’était pas si simple. J’ai toujours dessiné, j’ai fait les beaux-arts à Bruxelles, dans l’atelier de pastel. Je conservais en douce ce travail que je faisais. Je sortais un tableau de temps en temps. La même année, deux festivals ont eu écho de mon travail de pastelliste. L’un m’a demandé d’exposer. L’autre souhaitait une création plus originale, avec un diaporama pendant le concert de piano. C’est comme cela que tout a commencé.
Qu’y a-t-il de commun entre la musique et le pastel ?
L’émotion. Dans mes tableaux, on retrouve aussi systématiquement du mouvement. Je le traduis souvent par des femmes. Aujourd’hui, j’ai un peu évolué. Mon spectacle, « Couleur Tango », utilise plus des représentations de danseurs. Le mouvement et la danse sont très important. La musique est une forme de mouvement également. Les deux arts se joignent autour de ce lien commun.
Votre piano a vraisemblablement évolué, et tend moins vers votre formation classique ?
Au niveau musical, effectivement, le concert sera moins classique que d’habitude. Je vais justement jouer le tango argentin du grand compositeur Astor Piazzolla. Je vais proposer ces oeuvres-là. Il est du répertoire classique, mais se situe plus entre le jazz et le classique. Il est vraiment à la limite.
Quel accueil avez-vous sur votre art si spécifique en France et hors de France ?
J’ai joué pendant une période en Angleterre, et également en Belgique. J’ai un projet important concernant le Tango Festival de Paris banlieue. Ce n’est certes pas hors de l’hexagone, mais c’est l’actualité la plus proche. J’ai joué récemment un festival Piano Folie du Touquet Paris-Plage. Cela me permet de toucher vraiment un public différent à chaque fois. C’est pour moi très intéressant.
Ce public, si différent à chaque fois, quelle est sa réaction devant votre spectacle ?
Beaucoup me parle du rêve. Ils passent de la musique à l’image d’une manière naturelle. Parfois, ils voient les deux en même temps, et partent dans une grande rêverie. Je suis ravie de l’entendre. D’autres parlent d’émotion. J’espère que mon jeu peut transmettre cette émotion.
Quels ont été tes modèles pour ton activité artistique ?
J’étais attiré par des grands pianistes très variés, de Keith Jarrett à Rubinstein. Concernant la peinture, ce sont mille peintres qui m’interpellent. Ils serait trop long d’en faire l’inventaire.
Pensez-vous être précurseur ?
J’ose le dire, je dépoussière les choses. Il faut savoir que les organisateurs de spectacle sont parfois frileux par rapport à la réaction du public. La France, que j’adore, est plus frileuse que certains pays, comme l’Angleterre, où on prend des risques. Mais je pense dépoussiérer les choses, et je suis convaincu qu’avec le temps, je vais gagner.
C’est difficile d’être précurseur en France ?
Oui, c’est difficile. Car on n’est pas toujours compris. A contrario, on peut être parfois porté aux nues. Mais j’ai quelques personnes qui m’aiment beaucoup, qui me soutiennent, et qui viennent régulièrement à mes prestations.
Vous avez joué jeudi pour la biennale du pastel jeudi, en quoi consiste cet évènement ?
Cette biennale réunie des pastellistes étrangers et lyonnais. Elle dure jusqu’au 3 octobre et se passe à l’Hôtel-Dieu. J’ai joué jeudi à 21h et je joue ce jour également à 21h.
Biennale du Pastel du 3 septembre au 2 Octobre 2010 - Hôtel-Dieu - Lyon 2ème