La réforme des collectivités territoriales désossée
C’est dans la commune de Martine David, maire de saint-Priest, que s’est tenue l’édition 2010 de la Fête de la Rose. « En 2012, on la fera à l’Elysée » entend-on déjà dans l’assistance, alors que Jacky Darne, président de la fédération du Rhône, vérifie les micros à la tribune. Un peu plus tôt dans la matinée, Gérard Collomb, Jean-Jack Queyranne, Bertrand Delanoë, Jacky Darne, Martine David et Annie Guillemot se sont pliés à la traditionnelle conférence de presse sur la régression territoriale. Ils ont rappelé que les « collectivités locales assurent près de 75% des investissements public » avec une « dette dix fois moins importante que celle de l’Etat », craignant une « recentralisation » déguisée. Sur le mode de scrutin à un tour, ils dénoncent « une manipulation électorale destinée à avantager la droite. » Le rôle du conseiller territorial, siégeant à la fois au conseil régional et général « organise la confusion des rôles et le cumul des mandats », selon ces derniers. Dehors, on prépare déjà les stands : les Jeunesses Socialistes, la Ligue des Droits de l’Homme, Osez le féminisme ou encore le comité de soutien d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, les deux journalistes retenus en Afghanistan.
Delanoë tribun
Le temps pour Gérard Collomb de quitter la fête, attendu au Forum Libération à l’Hôtel de Ville, c’est en début d’après-midi que Jean-Jack Queyranne et Bertrand Delanoë ont ouvert les discours. Le président du Conseil régional a insisté sur les réussites territoriales, comme autant de succès politiques pour la gauche. Et de sentir souffler comme un petit air de 1981 sur ces dernières semaines sociales. Le maire de Paris s’est montré de son côté très féroce sur la politique gouvernementale. Il assure que la gauche a le « devoir » de redorer l’image d’une France sévèrement écornée par sa politique sécuritaire et ses récents déboires en commission européenne. Il mesure toutefois son enthousiasme. « Je vais vous décevoir », prévient-il, « nous n’avons pas encore gagné 2012. » « Mais nous sommes en mesure de la faire », rassure-t-il. Evoquant « l’attente » des Français, il ramène la feuille de route du PS à quelques points forts, efficaces. Delanoë ne veut plus des programmes « fourre-tout » socialistes, agglomérat exhaustif de toutes les revendications et sans ligne directrice. Et de s’appuyer notamment sur les enjeux propres à la jeunesse, de l’emploi à la formation tout au long de la vie, l’accès aux soins égalitaires, l’âge de départ à la retraite. Un vrai discours de gauche dont il s’amuse. « Je ne voudrais pas paraphraser Georges Marchais, mais il faudra prendre un peu plus aux riches », annonce-t-il, s’indignant les taux d’imposition dégressifs pour les plus grosses fortunes. Autant d’exemples qui, pour le maire de Paris, ramènent la notion de « vivre ensemble » dans la politique gouvernementale à un conflit perpétuel. Et de dénoncer, selon la formule hobbienne, cet homme devenu « loup pour l’homme » en Sarkozie. Souvent emporté, Bertrand Delanoë s’est montré très offensif samedi à Saint-Priest, développant avec efficacité ce qui pourrait rassembler, dans les grandes lignes, à un programme de campagne. Il en avait en tout cas le ton.
Des Primaires « incontestables »
La question des Primaires socialistes a également fait l’objet d’une mise au point. Jean-Jack Queyranne voit dans ce rendez-vous la cristallisation des espoirs de la gauche. A telle enseigne qu’il souhaite ce moment « incontestable. » « Le PS propose, pour la désignation de son candidat, un exercice démocratique, une innovation dans la vie politique française. Rien ne doit être joué d'avance, sinon les socialistes auraient l'impression d'avoir été abusés », prévient Queyranne. Le maire de Paris, de son côté, souhaite « que les ambitions s'expriment dans un processus maîtrisé et démocratique. » Puis se fait plus définitif : « il n'y a pas à gauche de place pour une aventure personnelle. Il n'y a de place que pour des aventures collectives. » Dans l’assemblée on applaudit, alors que Collomb, candidat potentiel aux Primaires, a déjà quitté les lieux. Pour Delanoë, la perspective d’un changement en 2012 a un impératif. Elle ne doit pas se faire au détriment du contenu. « Quand la gauche gagne des élections, c'est parce qu'elle a un projet, une pertinence et un vrai esprit de rassemblement » assure-t-il. Et c’est cette notion de « collectif » a fait merveille auprès de l’auditoire.