« Il n’y a pas de désengagement de l’Etat. » Le ton est sec, ferme, et très clairement courroucé. Et pour Francis Vuibert, c’est sûr, l’Etat ne sera pas le fossoyeur de l’internat Favre ! « Il faut resituer les choses dans leur contexte, recadre le préfet délégué. L’internat Favre est un projet que nous soutenons localement, qui a bénéficié de crédits non-négligeables pendant au moins deux ans. Des crédits de l’ordre de 450 000 €. » Seulement, les internats d’excellence, mis en place dans le cadre du plan Espoir Banlieues lancé en 2008 par Fadela Amara, alors secrétaire d'Etat à la politique de la ville, ont plongé l’établissement dans une forme de singularité juridique. « Pour être éligible au label internat d’excellence, la condition est double : être adossé à un établissement public local d’enseignement et être soit lycéen ou collégien, explique-t-il. Or, l’internat Favre, dans sa spécificité, regroupe essentiellement des élèves du primaire. Dès lors que les internats d’excellence ont été créés et labellisés, il n’y avait plus de ligne budgétaire permettant de financer l’internat Favre. » Qu’à cela ne tienne, Vuibert rappelle qu’il est monté au créneau ministériel dès 2009 pour faire entendre la cause de l’établissement. « Je suis intervenu auprès de la ministre en charge de la politique de la Ville pour attirer son attention sur le sujet, explique-t-il. Elle a débloqué une enveloppe exceptionnelle de 310 000 € en précisant bien, et la ville de Lyon était parfaitement au courant qu’il s’agissait d’un effort unique pour l’année 2010, mais qui, compte tenu des impératifs juridiques, ne pouvait être renouvelé, et qu’il appartenait au porteur de projet, en l’occurrence la Ville, de procéder à un tour de table pour solliciter des financements complémentaires. »
L'internat Favre (Lyon 4ème)
« 150 000 € pour l’internat Favre ? Banco ! »
Alors, inconséquence ou manque d’anticipation de la ville de Lyon ? Vraisemblablement pas, puisque dès l’automne 2010, au fait de la situation précaire de l’établissement, elle convoquait l’Académie, l’Etat et le Conseil général pour un tour de table. « Yves Fournel, dans son exposé liminaire - compte tenu de la disparition de l’enveloppe de 310 000 € qu’il comprenait et dont il était parfaitement au courant - s’est tourné vers l’Etat et le Conseil général demandant, pour faire la soudure, que l’Etat mette 150 000 € et que le Département mette également 150 000 € » détaille Vuibert. « Banco ! » aurait alors répondu du tac-au-tac le préfet délégué. La main mise à la poche du portefeuille de l’Etat est un verre d’eau à moitié vide : il manque encore 150 000 € pour boucler le financement. Quid du Conseil général ? Dans le Progrès de mercredi, l’institution départementale rappelle que l’internat « n’est pas un établissement de protection de l’enfance - question sur laquelle intervient le Département - mais une structure municipale. » Une patate chaude renvoyée sans ménagement dans la cour de l’Hôtel de Ville où, côté crédit, on pourvoit déjà majoritairement au coût de l’établissement : 600 000 € annuels pour un budget global de 1,18 millions d’€ par an pour l’internat. Regroupant quelque 70 écoliers, l’internat Favre est un établissement qui coûte cher. Mais son existence centenaire et sa vocation commisérative en font un lieu unique à Lyon.
« Yves Fournel a commis un abus de langage »
Précis, Francis Vuibert ne digère pas la formule employée par Yves Fournel pour évoquer la subvention de la Préfecture. « Ces 150 000 € seraient prélevés sur l’enveloppe de la Politique de la Ville » explique l’adjoint aux Affaires scolaires dans les colonnes du Progrès. « Faux ! » s’insurge le représentant de l’Etat. « Les 150 000 € vont être pris sur une partie des crédits de la Politique de la Ville, que l’on appelle les programmes de réussite éducative. Il commet un abus de langage quand il dit que cela sera pris au détriment d’autres projets » tranche-t-il. La balle est désormais très clairement dans le camp du Conseil général, même si l’établissement ne relève pas de sa compétence immédiate. Quant à imaginer un potentiel forcing de la ville de Lyon auprès de la Préfecture obtenir un financement plus élevé, Vuibert ne l’anticipe pas. « Je vais attendre que la ville me pose la question, clôt-il. Je lui réserve la primeur de ma réponse. »
On est tellement habitué aux excès dogmatiques d'Y. Fournel et à l'à peu près de sa gestion, couverte sans reflexion par la mairie centrale, qu'il faut du courage pour exiger de lui de la transparence et de la vérité.
Signaler Répondre