« La réduction globale des crédits accordés par l’Etat m’oblige à faire des choix zone par zone. » La phrase de Carenco donne le ton. Le préfet, qui depuis sa nomination fin 2010 fait le tour des communes de l’agglomération, n’est prendra pas de dispendieuses dispositions pour ces dernières. « Si Villeurbanne souhaitait par contre développer la vidéosurveillance, l’Etat serait disposé à la doter » continue-t-il, retors. Il est comme ça le préfet Carenco : franc du collier, pince-sans-rire, et bien plus politique qu’il ne veut le laisser paraître. Richard Llung ne s’y trompe pas quand, à l’évocation des crédits d’Etat dédiés aux centres scolaires gérés par la municipalité, il emprunte la même voie incisive : « Ce que donne l’Etat aux centres scolaires est plus faible que s’il avait lui-même à faire face aux frais de fonctionnement de ces établissements. » 1-1 balle au centre. Reste que la collaboration Etat - Municipalité est primordiale pour le bon développement de certains dossiers villeurbannais. Sur le développement de la ZAC Gratte-Ciel Nord, la préfecture doit signer la déclaration d’utilité publique (DUP). Au même titre, le foncier du campus universitaire de la Doua, qui appartient en partie à l’Etat, doit faire l’objet d’un transfert à l'université Lyon 1, autonomie des universités oblige. Les thématiques propres aux dispositifs de santé scolaire, ainsi qu’une autonomie des bailleurs sociaux sur la construction et la gestion du logement étudiant ont également été évoquées. La grande salle de l’ASVEL fait juste l’objet d’un bon mot du préfet, qui « espère que lors de son inauguration, l’ASVEL sera toujours parmi l’élite. » Le trait d’esprit véhicule souvent une certaine forme de perfectionnisme chez Carenco. Ce qu’il ne manque pas de confirmer avant d’entamer sa visite de terrain : « je serai le plus exigeant possible et le plus à l’écoute possible pour les communes. » Le bâton, puis la caresse.
Richard Llung, Jean-Paul Bret et le préfet Carenco mardi à Villeurbanne
« La question de la drogue me tétanise »
De passage sur le chantier du TNP, Jean-François Carenco a pris acte des évolutions du lieu, qui deviendra le premier centre dramatique national, tout en confirmant la participation financière de l'Etat à haiteur de 4 millions d'€ pour 2011. La salle de 780 places est en cours de rénovation. On annonce également sur le site l’arrivée de Mathieu Viannay, chef lyonnais doublement étoilé, qui aura pour mission de faire revivre la célèbre Brasserie Cabaret. Deuxième volet au commissariat de Villeurbanne, où Carenco, après une visite des cellules de garde à vue, fait le tour des questions liée sécurité. Avec une vigilance particulière sur la question des stupéfiants. « Je suis tétanisé. La drogue détruit une société. Quand vous voyez des gamins de 13 à 15 ans gagner 300 à 500 € par jour sans rien foutre... », tempête le représentant de l’Etat. L’occasion pour le commissaire Jean-Daniel Mercier de faire valoir les états de service de la BSU : la semaine dernière, près de 4kg d’héroïne, 6 000€ en liquide et du cannabis ont été saisi par ses hommes. « Une mission instruite pendant une année et demi » détaille le commissaire. Dernière étape pour Carenco : la visite du quartier des Buers, dont la réhabilitation implique le concours du bailleur social de la ville, Villeurbanne Est Habitat (VEH), à travers la requalification de 1 500 logements. Un projet à 22 millions d’€, et qui, selon le directeur de VEH, ne pourra voir le jour qu’avec l’appui d’un financement d’état. Le projet urbain Buers nord fait actuellement l’objet d’une négociation entre la municipalité et l’Etat, dans le cadre des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS).