Quand on entre dans le Parc des Expositions de la Porte de Versailles, c’est un autre monde qu’on donne à voir aux visiteurs sur les cinq pavillons du parc des expositions. 1150 exposants pour près de 700 000 visiteurs attendus cette année, l’évènement est à la mesure des savoir-faire protéïformes de l’agriculture nationale. Et pendant près de 10 jours, les vaches montbéliardes et les cochons du pays basques côtoient le béton et les lumières artificielles du lieu.
Au milieu de la cohue provoquée par l’arrivée de Jacques Chirac se tient Jérémy Greffait. Ce jeune agriculteur de seulement 26 ans est venu du nord de l’Ain avec 7 vaches laitières. L’une de ses vaches, Arizona, a d’ailleurs terminé 2e au concours national agricole dans sa catégorie. Pour lui, c’est une fierté de partager son métier avec des Parisiens, qui ont parfois certaines idées reçues. « Ce salon, c’est du relationnel, c’est expliquer notre métier, précise Jérémy. Rester dans nos campagnes à faire des produits sans communiquer, au final, cela ne sert à rien. Les gens ne voient pas ce que nous produisons. Ils ont souvent l’image du vieux paysan bouseux qui reste au fond de sa campagne, rigole-t-il. Mais nous sommes comme tout un chacun. Pour toutes ces raisons, la communication est essentielle. »
Au Salon de l’Agriculture, il n’y a bien sûr pas que des vaches ou des cochons, malgré les 332 races d’animaux présentes. La part belle est également faite aux produits du terroir. Ils sont exposés sur deux étages, région par région. Une impression de gigantesque marché avec du pain, de la viande, du poisson, du vin s’en dégage. Tous les cépages sont d’ailleurs représentés et le stand du Beaujolais attire toujours autant de monde. « Il y a les convaincus, et nous en avons de plus en plus. Ils viennent enthousiastes goûter le 2009, qui est fabuleux. Le rapport qualité prix est bluffant sur ces produits, explique Pierre Fornault, vigneron en Beaujolais. Il y a également ceux qui n’ont en mémoire que les nuits folles du mois de Novembre (pour le Beaujolais Nouveau - NDLR). Mais quand on leur explique ce qu’il y a dans les crus, en terroir, en fruits croquants et gourmands, ils changent d’avis, ils deviennent des ambassadeurs du Beaujolais à leur tour », se réjoui ce viticulteur amoureux des sols de sables légers de « son » Chiroubles. D’autant que le Beaujolais est acheté à 70% par des Parisiens. Alors pour tous ces vignerons, le Salon de l’Agriculture est aussi une grande plate-forme commerciale et touristique.
Les produits présentés ont tous comme provenance la France, métropolitaine ou d’Outre-Mer, mais le salon revendique son rayonnement international. C’est évidemment l’occasion de promouvoir certains départements pour Rhône-Alpes, notamment l’Ardèche, qui possède un stand de produits locaux à l’entrée du pavillon des régions. Christophe Chappe en est le responsable. Il est en fait revendeur de produits du terroir. Et pour sa première au Salon à Paris, l’accueil est plutôt positif. « Nous avons fait un bon premier week-end, se félicite Christophe. Nous ne sommes pas encore à la moitié du salon. On espère monter en puissance à partir de jeudi jusqu’à dimanche. Le soleil, le sud, les montagnes, l’air frais, l’Ardèche a toujours eu ce petit côté nature. On préserve notre identité, reconnait-il. Notre territoire est difficile d’accès, il y a peu des trains, nos vallées sont très encaissées. Je pense que les gens viennent chercher un peu de ce patrimoine. »
Il ne faut pas pour autant être dupe. Le Salon de l’Agriculture à Paris permet notamment aux petits Parisiens de découvrir un concentré de la campagne française, en ville, dans de grands halls. L’événement qui ne devrait pas être reproduit à Lyon car notre vision du monde agricole est différente. Paul Delorme, le vice-président du Conseil Général du Rhône en charge de l’Agriculture. « Dans le Rhône, qui est un département très urbain, on a encore une agriculture de proximité qui a deux fonctions, explique Paul Delorme, le vice-président du Conseil Général du Rhône en charge de l’Agriculture. Elle nourrit les gens et participe à l’équilibre d’une agglomération lyonnaise qui est très importante. Lyon a besoin, à ses portes, d’espaces verts, d’espaces cultivés pour les marchés. »
Il faut savoir que le département du Rhône compte 6000 exploitations, toutes activités confondues. Mais il connaît dans le même temps une crise réelle : 1000 hectares sont détruits chaque année au profit de la construction immobilière.