Fred cavayé, lauréat du Prix Jacques Deray 2011 - Photo LyonMag
"Se souvenir de Jacques au moins une fois par an". C'est ainsi que le directeur de l'Institut Lumière Thierry Frémaux a lancé la cérémonie dans la salle de projection du hangar du premier film. C'est la raison d'être de ce prix qui récompense chaque année depuis 2005 un film policier français. Jacques Deray, réalisateur entre autres de La Piscine et de Borsalino, était originaire de Lyon et a été vice-président de l'Institut Lumière, ses long-métrages ont été des succès internationaux et font partie des classiques du polar, d'où ce prix qui porte son nom. C'est donc Fred Cavayé qui est le lauréat de la 7e édition. Son film A bout portant succède au palmarès à OSS 117 Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius, vainqueur en 2010. "C'est une immense fierté, ça va me faire mon année!" plaisante Cavayé, entouré de Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier, lui-même réalisateur et président de l'Institut. "Nous avons procédé par vote, au téléphone, entre Bertrand, moi-même, les amis de Jacques Deray et son épouse Agnès Vincent-Deray" explique Frémaux. "A bout portant est un film épatant poursuit Tavernier. Fred a vraiment eu le sens du décor, de la topographie. Il a filmé sans complaisance et sans voyeurisme, du coup le scénario est très cohérent et linéaire. C'est un film d'une extraordinaire franchise et extrêmement spectaculaire."
Fred Cavayé, entouré de Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux, reçoit le Prix Jacques Deray
Le film a été projeté devant les invités et les spectateurs parmi lesquels étaient présents Jacques Toubon (ancien Garde des Sceaux), Georges Képénékian (adjoint à la culture à la ville de Lyon), Emmanuel Hamelin (conseiller municipal d'opposition à la ville de Lyon), Nicole Calfan (actrice dans le Borsalino de Deray) et denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan dont Deray s'est inspiré pour son film Un peu de soleil dans l'eau froide projeté préalablement à la cérémonie.
A bout portant est un vrai thriller. Il s'agit d'un film haletant, où le spectateur n'a pas une seconde de répit, tenu en haleine par les performances Gilles Lellouche et Roshdy Zem. "J'ai voulu un film d'action à dimension humaine et ludique, que les spectateurs soient cramponnés à leur fauteuil tout du long" confie Fred Cavayé, dont c'est seulement le second long-métrage après Pour Elle qui mettait en scène Vincent Lindon. "Mais j'ai de la chance! Quand pour un second film j'ai le luxe d'avoir Gérard Lanvin en second rôle, je suis heureux. Les seconds rôles sont d'ailleurs la chair de ce long-métrage, ils sont tous impliqués de façon totale, si bien que l'un d'entre eux, qui court presque à chaque fois qu'il est à l'écran, a perdu 3,5 kilos en seulement une semaine de tournage!" poursuit le lauréat.
Pour Thierry Frémaux, le détail est également important: "on respire la France contemporaine avec ce film. On voit des téléphones portables, le métro parisien, les voitures, on sent vraiment l'attention portée au quotidien." Ce film peut-être considéré comme violent, "mais pas plus qu'une série américaine" se défend son réalisateur. "Violent certes, mais pas la violence des jeux video poursuit Tavernier. Ici la violence a de vraies conséquences, les gens ont mal à l'écran et ça se voit. Aujourd'hui on a plutôt tendance à aseptiser cette violence au cinéma." Pour le président de l'Institut, A bout portant est la preuve que " le cinéma français n'est pas si intimiste, comme certains se lamentent. Il n'a rien à envier aux meilleurs polars américains, il est d'ailleurs plus réussi car plus ancré dans la réalité et plus intelligent que ceux qui recyclent les recettes des polars." Le choix était donc tout naturel pour lui.
La soirée s'est terminée par la remise du trophée, une statue de femme avec un papillon sur l'épaule (hommage à un film de Jacques Deray) que la veuve de Jacques Deray a remis à Fred Cavayé. Le jeune réalisateur a ensuite eu l'honneur, comme le veut la tradition, d'aller dévoiler une plaque à son nom sur le mur extérieur de l'Institut dans la rue du Premier Film. Sa plaque dorée est fixée à côté de celle d'un monstre du cinéma français, Jean Louis Trintignant, de passage à l'Institut en octobre dernier.
Palmarès du Prix Jacques Deray:
2005: 36 Quai des Orfèvres (Olivier Marchal)
2006: De battre mon coeur s'est arrêté (Jacques Audiard)
2007: Ne le dis à personne (Guillaume Canet)
2008: Le deuxième souffle (Alain Corneau)
2009: Le crime est notre affaire (Pascal Thomas)
2010: OSS 117 Rio ne réponde plus (Michel Hazanavicius)
2011: A bout portant (Fred Cavayé).