Difficile de feindre la surprise vendredi du côté des journalistes présents à la présentation du livre Et si la France s’éveillait..., tant la tribune médiatique nationale a déroulé le tapis rouge à Gérard Collomb depuis 48h. Apathie, Bourdin pour les éditorialistes notoires, Ardisson samedi pour les paillettes et le politiquement incorrect, Paris s’arrache désormais le maire de Lyon. Collomb, qui n’a pas voulu « faire un livre de petites phases et d’attaques personnelles », pond donc un ouvrage bilan & perspectives.
Il pointe ainsi l’échec de Nicolas Sarkozy, qui nourrit selon lui « une vision passéïste et hexagonale du monde », lorgnette bien étroite pour appréhender les enjeux d’une économie qui a « largement dépassé le cadre de l’Etat-Nation. »
Le salut passe par les projets extra-nationaux, européens et par une décentralisation plus efficace. Une mutualisation des projets à la tête et plus d’autonomie à la base, voilà peu ou prou la dynamique. « Aujourd’hui, quand une grande entreprise fait le choix de s’installer en Europe, elle regarde les villes dynamiques, avec des établissements de formations reconnus, une desserte internationale, une qualité de vie où elle pourrait s’implanter, explique Collomb. Elle ne regarde plus les Etats », tranche-t-il. Puis il termine : « Nous sommes à l’heure des réseaux, ceux qui savent gouverner sont ceux qui savent articuler les différents réseaux. » Le schéma sublime le rôle des territoires qui par leur attractivité doivent attirer l’argent de l’investissement. Une extrapolation du modèle lyonnais en quelque sorte.
On retrouve ce tropisme « libertaire », comme Collomb le dit lui-même, cette volonté épidermique de fluidifier, même sur la question des retraites. Il privilégie le modèle suédois : une retraite à cotisations définies dans une unification des différents régimes, dont le titulaire peut liquider la pension quand il le souhaite. En clair, une personne qui s’arrêtera de travailler à 60 ans percevra une retraite moindre que celle qui travaillera plus longtemps.
Pour ajouter au démontage de l’édifice socialiste traditionnel, Collomb évoque la mise en place de l’accord central des 35 heures aux HCL, dont il est président. « C’est la seule fois où j’ai été mis en minorité au conseil d’administration » expose-t-il. La moue appuie l’exemple, qui lui semble exhaustif.
Saint-Simon, Fourier, Proudhon
En termes d’assise, Collomb emprunte largement au saint-simonisme. Il le revendique d’ailleurs. Saint-Simon, produit des Lumières, développe au XIXe siècle un socialisme productiviste à l’origine de la rénovation de la banque et du crédit, de l’essor des communications modernes, de la rénovation urbaine, de l’émulation économique et technologique. On doit par exemple aux saint-simoniens la tenue d’expositions universelles en France et la rénovation urbaine d’Haussman. On comprend mieux Pollutec et la Confluence !
Collomb regrette « le tournant marxiste » pris par le socialisme au XXe siècle, qui fait « de la prise du pouvoir d’Etat » la condition nécessaire à l’action, et qui a marginalisé le socialisme dit utopique dont se revendique le saint-simonisme. Le courant diffuse toutefois jusqu’aux années 80, avec le Club Saint Simon - think tank dirait-on aujourd’hui - et le courant rocardien. On doit à ces irréductibles le décloisonnement de l’Europe par le TGV et son unification dans un dosage de libre-échange et de dirigisme bancaire, qui constitue la pierre angulaire du traité de Maastricht de 1992. Le maire de Lyon ne cache d’ailleurs pas sa nostalgie de la construction européenne version « Mitterrand, Delors, Kohl. »
Collomb rattache également sa démarche aux utopistes du XIXe plus radicaux que sont Fourier et Proudhon. Le premier élabore un principe de vie en communauté dans les phalanstères, dont presque toutes les tentatives d’application ont échoué. Le second présente un programme de coopération financière mutuelle entre travailleurs qui abouti à la création d’une banque du peuple. L’initiative se solde par un échec.
La référence à Fourier et Proudhon vaut moins pour les résultats obtenus par les deux utopistes, que pour les principes, parfois définitifs, véhiculés par leurs actions : initiative, coopération, alliance, mutualisation, liberté individuelle. Ce que finalement défend le maire de Lyon. « Le socialisme, c'est pour moi l'association », explique-t-il. Ce qu’il espère voir porter rapidement par DSK pour les Présidentielles de 2012. Le président du FMI pourra parcourir les 214 pages de l’ouvrage. Collomb lui a envoyé à Washington. Avec ce petit mot à l’intérieur : « à notre combat commun. »
Vendredi 4 Mars 2011 à 22h12
L’utopie socialiste de Gérard Collomb
La maire de Lyon a présenté vendredi depuis l’Hôtel Best Western du cours Charlemagne (Lyon 2e) son essai Et si la France s’éveillait... à la presse lyonnaise. Au-delà des grands thèmes resucés sur les médias nationaux depuis le début de la semaine, Gérard Collomb a dévoilé le soubassement de sa démarche intellectuelle, qu'il revendique du socialisme utopique.
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utopie socialiste, quel euphémisme ! Un peu comme Socialiste Opportuniste. Collomb est un illuminé. Il croit en lui. Et ses fidèles aiment la soupe alors ils le vénèrent. Socialistes à la soupe, sachez qu'OL LAND à Décines n'est pas une idée de Collomb. Un peu comme ce livre : il n'est pas de Collomb. Mais qui est donc le nègre de Collomb ? Et si c'était le titre du prochain livre de Thomas Nardone ?
Signaler RépondreJe viens d'achever la lecture du livre de Gérard Collomb... Pas de caricatures ou de raccourcis, juste des idées, éclairantes pour l'avenir de notre pays, bref un projet crédible et pragmatique. Et surtout de quoi colmater les brèches et les incohérences idéologiques ouvertes par les nostalgiques qui composent aujourd'hui avec la direction du PS et nous mènent droit dans le mur, droit vers un second tour Sarkozy-Le Pen. La gauche mérite mieux que ça. Et nous devrions tous, tirer profit des réflexions de monsieur Collomb.
Signaler RépondreUMPS nous prennent pour des strabiques idiots depuis qu'ils ont installés des milliers de radars obligeants les français a avoir un oeil sur le compteur et l'autre oeil à regarder la route .
Signaler RépondreJe vous remercie de votre "pauvre" slimane" et vous invite à lire le livre de Collomb. C'est un excellent essai politique. Point. Dommage que la politique ou le journalisme semblent autant vous dégoûter. Peut être faites vous partie de ces français qui préfèrent Marine ? Pour vous c'est "tous pourris" ? C'est ça ?
Signaler RépondreIl doit une fière chandelle au journaliste de France Inter, qui lui tend un maximum de perches pour parler de son livre ! mdr...Pourquoi voter pour la gauche ?! Parce que les gens n'ont plus confiance dans la politique du gouvernement actuel...Ben oui tant qu'a faire, les gens vont donner un chèque en blanc à la gauche sur ce principe simple "tout sauf sarkozy"...Ils nous prennent vraiment pour des bouffons !
Signaler Répondrepas de petites phrases, du fond, des idées... voilà enfin un contenu utile au PS pour préparer 2012.
Signaler Répondrepauvre slimane, il ne savait pas que la diplomatie avait un langage insipide, qui prend le soin de ne pas déranger les BARONNETS de pacotille, afin de leur laisser croire qu'ils "exisent" encore ! et qu'ils sont grands et incontournables ! c'est pourtant ainsi que le parti socialiste, au travers de la première secrétaire de son propre parti (socialiste si on ne le savait pas !) a '"accueilli " ce grand ouvrage qui, sans nul doute, va sans doute marquer les esprits de façon indélébile ! MDR
Signaler RépondreBelle analyse du livre de Collomb. Globalement on peut dire que la presse locale ou nationale accueille cet essai avec bienveillance. Preuve que quand on le lit on évite les commentaires bidons.
Signaler Répondrej'adhère complètement à l'analyse développée par le maire de Lyon et je pense acheter son bouquin pour mieux apprécier le propos. Je suis un lecteur de Saskia Sassen et j'ai été très agréablement surpris dentendre Collomb faire référence à cette grande penseuse.
Signaler RépondreJe ne suis pas socialiste, mais j'avoue que la démarche est profonde. Il a réfléchi le Collomb. Bravo.
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