Lyon Mag : Qu’est-il ressorti de votre entrevue de mardi, en compagnie de 72 autres députés, auprès du ministre de l’Intérieur Claude Guéant ?
Philippe Meunier : Un compromis a été trouvé allant dans le sens de l’intérêt général. Il met en oeuvre les deux volets de l’action publique : la prévention et la répression. Au départ, seule a répression avait été envisagée par le gouvernement pour obtenir les résultats souhaités par le Président de la République de faire descendre le nombre de morts sur les routes. Pour nous, c’est une bonne décision.
En quoi consiste ce compromis ?
Tout radar fixe sera annoncé par un panneau ou un radra pédagogique. Mais derrière chaque radar pédagogique, il n’y aura pas forcément de radar fixe. L’idée est intéressante, car elle oblige l'automobiliste, dans tous les cas de figure, à ralentir. Cette solution préconisée par Claude Guéant fait avancer les choses dans le bon sens, et nous nous en réjouissons.
Le projet s’en retrouve-t-il dénaturé ?
Je suis surpris par les interrogations que suscite le sujet. Il est hors de question de supprimer les fonctionnalités des radars fixes, encore moins les contrôles mobiles. Ils continueront pour les automobilistes qui ne veulent pas comprendre. L’objectif était d’associer les deux volets de la puissance publique. La prévention passe par du panneau préventif ou du radar pédagogique pour annoncer le radar fixe situé sur une zone accidentogène. Le changement, c’est que la distance entre le panneaux préventif et le radar sera désormais aléatoire. Elle était auparavant de 400 mètres. Demain, ils pourront être plus éloignés. Et pour celui qui envisagerait d’accélérer entre deux radars fixes, il y a le contrôle mobile. Et la sanction tombe ! C’est cela une politique équilibrée.
Un radar pédagogique © DR
La position des associations est pourtant très tranchée sur ce sujet...
J’aimerais que sur ce sujet chacun revienne à un peu de bon sens. Y compris certaines associations dites de prévention routière. Il ne s’agit pas d’être laxistes, il s’agit d’être efficaces. Arrêtons les procès d’intentions. L’automobiliste n’est pas un criminel en puissance, arrêtons de lui cogner dessus à coup de gourdin. Ce débat a été caricaturé par des ayatollahs anti-voiture et anti-moto. On peut comprendre l’émotion que peut susciter un drame familial lié à la voiture. Mais nous sommes des responsables politiques. Nous voulons être efficaces et avoir les meilleurs résultats.
Pensez-vous que les associations en ont trop fait ?
Je pense qu’effectivement les associations ont fait pression sur l’exécutif en jouant sur la douleur des familles. Ce que nous devons prendre en compte. Je mesure le drame que cela représente. Mais l’objectif d’un homme politique n’est pas de gouverner à l’émotion. Il doit obtenir des résultats pour faire baisser le nombre de morts et de blessés sur nos routes. Je suis pour la répression auprès de ceux qui ne veulent pas comprendre, mais aussi la prévention. Je ne pars pas du principe que l’automobiliste est un salaud en puissance. Il faut être raisonnable et pragmatique pour être efficace.
Le gouvernement a donc fini par reculer ?
Je ne veux pas parler de recul du gouvernement. C’est un compromis. On sort de ce dossier par le haut. Nous allons mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour faire baisser le nombre de mort. Ce n’est pas un recul du gouvernement. Il s’était positionné sur la répression tous azimuts. Nous acceptons la répression, mais également la prévention.
Je veux poser une questions à tous ces ayatollahs qui ne souhaitent plus, par dogmatisme, que l’on circule en voiture ou en moto. Imaginons un radar fixe placé dans une zone accidentogène sans être annoncé. Imaginez que l’on ait un accident sur la zone d’un automobiliste arrivant en excès de vitesse et freinant pour éviter d’être flashé? N’est-il pas préférable d’avoir un radar fixe et un panneau ? Ce qui compte, c’est le résultat. Il faut éviter les accidents. Il ne faut pas caricaturer ce débat, il est trop important.
Maintiendrez-vous le lien avec l’exécutif national sur ces questions ?
Il y a un comité de liaison qui se créé avec l’exécutif national sur les mesures prises ou à prendre. Il faut que l’on retravaille sur les motards. C’est durant la première année d’usage que l’on meure le plus en moto. Il faut travailler là-dessus. Aussi, beaucoup de conducteurs de deux-roues n’ont pas le permis pour, mais ont la possibilité de rouler avec leur permis voiture. Il faut que nous soyons vigilants sur les mesures à prendre. Le respect du code de la route est fondamental. Et dans ce cas précis, ce n’est pas seulement la vitesse qui est pointée du doigt.