Tous ont croisé les doigts. Sur la page Facebook des Nuits de Fourvière,
les messages déposés toute la journée de jeudi trahissent l’angoisse :
le concert de Sting sera-t-il maintenu malgré la pluie ? Capricieuse,
elle avait déjà joué un drôle de tour au chanteur en 2006, tombant alors
sans discontinuer pendant tout le spectacle.
A 19h, une dernière averse tonitruante maintient le suspense. A 21h25,
lorsque l’orchestre national de Slovénie s’installe sur la scène, les
doutes se sont levés. Comme les nuages. La chef d’orchestre Sarah Hicks a troqué la queue de pie contre un legging et une robe à écaille. Elle prend
place au pupitre. Dominic Miller et Rhani Krija, respectivement
guitariste et percussionniste, Jo Lawry, choriste géniale et Ira
Coleman, le placide bassiste, ont déjà pris leurs postes sur scène.
Côté court, Sting arrive. Tonnerre d’applaudissements. Les premières
notes d’If I ever loose my faith in you montent de l’ensemble
symphonique. Au micro, l’anglais pose la voix. Tranquille, accoudé au
pied de micro, il maitrise l’organe. Le titre ne perd pourtant rien de
sa puissance. Il gagne même grâce à l’orchestre symphonique, passant de l'énergique au grandiose. Le ton est donné pour l’ensemble des deux heures
de concert, entrecoupées d’un entracte d’un quinzaine de minutes.
Derrière, Sting déroule : English man in New York, Every little thing
she does is magic. Chaque morceau est l’occasion pour le chanteur de
libérer un peu plus de place à son orchestre : violon solo, contrebasse
solo et trompette solo. Chaque instrument lancé sur le devant de la
scène est accompagné par le maître, qui singe en rythme chacun des
mouvements d’archets. La tête suit les contretemps maîtrisés du batteur.
Sting vit sa musique.
Une guitare d’étude entre les mains et l’Anglais reprend en acoustique
Roxanne. Fourvière fait alors silence, admirative. Le propos pourtant
débridé de la chanson berce la colline qui prie. Sur scène,
les spotlights ont laissés place aux « red lights. » Magique. La seule
variation de voix plus rock’n’roll, concédée sur le deuxième couplet,
rappelle la nature originale du morceau, plus dévoyée.
L’orchestre entame ensuite une introduction magistrale, cuivre et cordes
à l’unisson. Le gong donne une profondeur organique à cette ouverture.
Derrière son micro, Sting entame Russians. La monumentalité du site de
Fourvière trouve son écho dans l’orchestration, à la mesure du lieu.
Next to you clôt la première partie. Il est 22h30, les fans piaffent
d’impatience en attendant la suite. Aucun ne quitte sa place, parfois
acquise de haute lutte. Dans la fosse, laissée dans sa configuration
debout pour l’occasion, on débriefe pointu sur la qualité du spectacle,
de l’orchestre, et évidemment sur la pureté vocale du chanteur. Jeudi
soir, il n’a jamais pioché. La voix est domptée, et certaines variations
laissent transparaitre une puissance incroyable.
Le deuxième acte fait la part belle au répertoire solo de Sting. Il débute
avec Shape of my heart. King of Pain, All would envy et End of the game introduisent un des titres les plus connu du chanteur :
Fields of Gold. L’orchestration est fidèle à l’album, la monumentalité
en plus. La ballade transporte et transcende. Sting continue sur la même
veine avec Fragile avant d’envoyer Every breathe you take. Dans le
public, les couples s’enlacent, s’embrassent. Les 4 500 veinards
accompagnent le chanteur sur les couplets et les refrains. Premier
départ du chanteur, qui embarque en coulisse la chef d’orchestre. Du
côté de l’orchestre, tous restent à leur poste. Pas dupe, le public sait
qu’il ne s’agit que d’un simulacre de fin.
Premier rappel avec l’envoutante Desert Rose, titre chanté à l'origine en duo avec
Cheb Mami. Les variations de voix à l’orientale du chanteur
envoûtent et la musicalité du morceau, répétitive à dessein, prête à la
rêverie. Sting quitte à nouveau la scène côté jardin. L’orchestre ne
bronche pas. Retour du chanteur sur She’s too good for me. Un tour de
chauffe avant de clore définitivement sa prestation à la guitare acoustique,
sur Message in a bottle. L'assistance reprend le tube interplanétaire de
Police. Dans le public, la traditionnelle pluie de coussin a des allures de déluge. Malicieuse, la pluie, la vraie, s’invite à faibles gouttes sur ce dernier
morceau. Comme un merci du ciel. 2006 et ses trombes d’eau appartiennent au passé. Sting a jeté jeudi un magnifique sort à Fourvière. Qui s’en
souviendra très longtemps.
Vendredi 22 Juillet 2011 à 12h55
Sting, le magicien de Fourvière
Les fans l’attendaient depuis 2006, date de son dernier passage au théâtre antique. Pour son grand retour à Fourvière jeudi avec sa tournée Symphonicity, le chanteur anglais a donné pendant plus de deux heures une représentation réorchestrée magistralement de ses tubes solos et du mythique groupe Police, devant 4 500 personnes conquises.
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Très bon article , une fois de plus. Merci.
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