L’homme à la moustache s’est présenté dans un costume anthracite uni,
accompagné de ses musiciens vêtus de costumes noirs et de
nœud-papillons. Dès la première chanson, il a envoûté un public venu si
nombreux que beaucoup de spectateurs ont été contraints de s’asseoir
dans les escaliers pour suivre le concert. Le célèbre transalpin de 74
ans a chanté beaucoup de titres de son dernier album, Nelson. Toutes
sont dans la même veine, celle où il excelle, celle du crooner jazzy. Des
rythmiques alanguies portées par l’utilisation des balais à la batterie
et celle d’un violon solo que l’on a vu se laisser emporter par sa
fougue à plusieurs reprises.
Il y a eu deux parties distinctes dans la prestation du Piémontais. La
première moitié du concert était très calme, l’accent étant clairement
mis sur la voix rocailleuse et éraillée que l’on connaît. Conte, qui a
chanté une chanson intégralement en français (son répertoire en compte
plusieurs) ne s’est jamais adressé directement au public, se contentant
de le saluer de la tête à chaque salve d’applaudissements, en revanche
il s’est mis au piano, au micro pied, et s’est même laissé tenté à jouer
d’un xylophone géant. A plusieurs reprises il a fait rire l’assistance
en jouant ses morceaux avec une espèce de guimbarde qui n’était pas sans
rappeler le son qu’émettent les appeaux dont se servent les chasseurs
pour attirer leur gibier.
La seconde partie du concert a débuté après que Paolo Conte ait chanté
son titre phare, la célébrissime Via con me. Il en a livré une
prestation expédiée très rapidement, beaucoup plus rapidement que la
version album. En tout cas beaucoup connaissaient le fameux refrain en
anglais (avec l’accent italien). Après cela les chansons se sont
accélérées, le violon se partageant les solos avec le saxophone et la
clarinette. Fourvière a eu droit à L’orchestrina, un titre du dernier
album du Piémontais, puis de La ricostruzione del Mocambo. L’heure et
demi qu’a duré le concert aura en tout cas fait voyagé Fourvière dans
les années 30, celles qui ont vu naître le chanteur, avec des airs qui
auraient eu toute leur place dans des guinguettes des bords de Marne
tant les musiciens qui jouaient, et notamment l’accordéoniste, avaient
le souci de rester dans le tempo d’un Paolo Conte qui parfois jouait les
chefs d’orchestre.
A l’issue du spectacle les coussins ont comme de tradition volé vers la
scène, mais l’Italien est revenu avec sa troupe pour rechanter Via con
me, laissant au public le soin d’interpréter le refrain. Il s’est ensuit
retiré en emportant avec lui l’un des quelques coussins bleus arrivé
jusque sur scène.