La vidéosurveillance fleurit à Lyon

La petite salle de commandement se trouve dans un immeuble anodin du centre-ville. Bientôt, la place Louis Lebret (8e), le boulevard des Etats-Unis (8e), le secteur Mermoz/Latarjet (8e), la Confluence et la place François Mitterrand (2e) seront projetés à l’intérieur de ce centre de visionnage dernier cri.
A l’intérieur, 4 écrans géants, « splités » (découpés) en plusieurs petits carrés. Un par caméra. « Si je prends une caméra à l’angle nord est de la place Bellecour, explique Paul, agent de surveillance, je peux zoomer sur la diagonale opposée et tout voir, en ayant des images précises et nettes. »
Mais Paul ne peut pas tout voir. S’il tente un gros plan sur un immeuble d’habitation, les fenêtres sont systématiquement masquées, pour respecter la vie privée. Mais il sait tout de même quoi chercher avec ses objectifs. « Nous pouvons distinguer des consommateurs de stupéfiants, mais également être efficaces sur les accidents de la route C’est un outil qui peut énormément nous aider aussi sur les rixes et les bagarres. C’est intéressant le soir et la nuit pour les sorties de bars ou de boîtes. Le journée, nous balayons plus les lieux publics et les grandes places de la ville », détaille-t-il. Un collège d’éthique, mis en place en avril 2003, est d’ailleurs l’interlocuteur des citoyens formulant une réclamation sur ce dispositif. A ce jour, aucune plainte n’a été enregistrée.
En cas d’infraction ou de personne en danger, les services de police ou les secours sont prévenus. Mais comme le confirme Jean-Louis Touraine, l’adjoint à la ville en charge de la sécurité, rien ne permet de prouver l’efficacité des caméras. « Dans les dernières années, la délinquance a baissé de 20%, explique-t-il. Ce chiffre ne nous indique pas pour autant la part de baisse imputable à la vidéosurveillance, et la part imputable à la meilleure organisation des services. »

Pour évaluer cet impact, une thèse a été commandée par la Ville pour évaluer les effets et les pratiques de la vidéo protection. Une étude qui sera menée par un chercheur doctorant, en partenariat avec le CNRS, l’école polytechnique de Lausanne et Lyon 2. Les résultats seront connus dans 3 ans.
Il faut savoir que l’installation et l’entretien de ces 70 nouvelles caméras coûtera à la ville de Lyon 3 millions d’euros, dont la moitié pris en charge par l'Etat. Depuis 2001 et jusqu'en 2014, ce sont 9,5 millions d’euros qui auront été consacrés à la vidéosurveillance.