Les relations entre Lyon et Turin vont bon train

Les relations entre Lyon et Turin vont bon train
Piero Fassino, maire de la capitale piémontaise, et Gérard Collomb à l'Hôtel de Ville de Turin - LyonMag

Gérard Collomb a rencontré vendredi son homologue italien Piero Fassino à Turin. Les deux hommes vont renforcer la collaboration entre les deux villes dans différents domaines, avec en point de mire la ligne à grande vitesse Lyon-Turin, espérée en 2023.

Il est un peu moins de midi vendredi quand Gérard Collomb et Piero Fassino se présentent face à la presse dans un des salons de l’Hôtel de Ville de Turin. Les deux hommes se sont entretenus préalablement pendant une petite heure. Entre Turin et Lyon, les rapports sont très prolifiques. Initiés par Raymond Barre en 1991, ces échanges se sont renforcés avec l’arrivée de Collomb en 2001 à la mairie de Lyon. Beaucoup de partenariats, de collaborations via des plateformes cofinancées par l’Union européenne, se sont depuis mis en place.
Avec l’arrivée en mai de Piero Fassino à la tête de la ville piémontaise, Collomb retrouve un vieux camarade de combat connu dans les années 80 dans des actions de coopération internationale menées conjointement via la Fondation Jean Jaurès.
Dans leurs costumes d’administrateurs de métropoles, les deux maires nourrissaient vendredi d’autres ambitions.

L’incontournable ligne à grande vitesse Lyon-Turin


« Une partie de l’opinion publique pense que chaque infrastructure est un risque en soi. Je ne partage pas cette opinion et nous n’allons pas changer nos projets. » Si le maire de Turin se montre inflexible sur la nécessité de la ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin, les opposants ne l’entendent pas de cette oreille. La fronde est partie du val du Suse, vallée alpine de la partie occidentale du Piémont. Un front commun contre l’arrivée du Treno Alta Velocità (TAV : train à grande vitesse). Partout, dans la partie nord-ouest de l'Italie jusque dans le coeur de la cité turinoise, les inscriptions « TAV : Mafia » fleurissent.
Le tracé a pourtant été changé côté italien, s’appuyant désormais sur le réseau existant, préférant les tunnels aux viaducs.

Mais le sujet est toujours sensible chez nos voisins, en particulier du côté des élus locaux et des résidents touchés par le projet. Les expropriations avaient données lieu à de violents affrontements en 2005 entre pros et antis. L'engorgement des axes routiers en poids-lourds pendant la période de travaux et le percement de tunnels dans des roches parfois composées d'amiante et d'uranium sont également des pierres d'achoppement qui fragilisent la réalisation de l'infrastructure.  « On peut avoir le souci écologique et être pour ces projets », se contente de tatonner Collomb. Et si les deux maires ont marqué leur attachement à la ligne Lyon-Turin, ils ont soigneusement évité d’aborder les points sensibles du dossier.

La liaison transalpine doit finaliser près de 5000 kms de lignes déjà existantes reliant Lisbonne à Kiev. Et 824 millions d’euros ont déjà été investis sur le chantier, pour une inauguration prévue à l’horizon 2023.

Mais la France et l’Italie devront également se mettre d’accord en octobre sur la répartition du financement de l’ouvrage, au risque de perdre le bénéfice de la subvention européenne, à hauteur de 27%. « Cette Europe des villes, à laquelle je crois doit être celle de la grande vitesse, insiste Collomb. Sinon elle ne pourra pas exister. » Une « réduction des distances » jugée « essentielle » par Fassino pour le futur des échanges de voyageurs et de marchandises entre les deux métropoles.

Lyon bientôt à moins de deux heures de Turin ? C’est au regard des maires l’intérêt supérieur au développement conjoint des deux métropoles. « La proximité physique des cités fera qu’elles vont pratiquement vivre ensemble », espère Collomb, qui prend l’exemple de la ligne Lyon-Paris comme facteur important du dynamisme économique de sa ville.

Les deux cités entre urbanisme et marketing urbain

A l’échelle des villes, c’est sur la réduction de la consommation énergétique que Lyon et Turin veulent travailler de concert. En particulier à travers les projets Smart Cities lancés par la commission européenne, qui financent des villes-pilotes sur des appels à projets thématiques. « Nous sommes deux grandes villes qui avons connu la transformation de notre identité post-industrielle », note Piero Fassino. Les deux cités pourraient répondre mutuellement à des appels sur les thèmes des technologies innovantes de la mobilité et des services à la personne. Pour « revoir la chaine de la mobilité urbaine » et construire une « ville intelligente », explique Collomb. La démonstration frôle le marketing urbain. La semaine prochaine, c’est l’adjointe à l’urbanisme de la ville de Turin qui visitera la Confluence et la Part-Dieu. L'exécutif turinois devrait constater à cette occasion que la capitale piémontaise à vingt ans d'avance sur ses infrastructures ferroviaires par rapport à sa voisine lyonnaise.

Vers un accord de partenariat dans le domaine de la Santé

Dans le domaine de la santé, Turin fait appel à l’expertise lyonnaise. La capitale piémontaise va d’ailleurs signer un accord de partenariat avec Lyon, dont le contenu reste à définir. « On peut travailler ensemble de manière fructueuse », promet Collomb. Turin s’intéresse de près au modèle du tissu économique de la santé à Lyon, entre les pôles de compétitivité, les grandes entreprises et les PME. Et, dans le cadre de sa rénovation urbaine, aura surement des mètres carrés à proposer.
Echanges culturels en vue

L’intensification de la coopération culturelle entre les deux cités fait également figure de priorité. La ville la plus francophone d’Italie ne déroge pas à son inclinaison. Une délégation turinoise est d’ailleurs attendue en octobre à l’occasion du festival Lumière. Il faut dire que sur le septième art, Turin n'a franchement rien a envier à Lyon.
La ville a vu naître l'industrie cinématographique italienne avec la création des studios Itala Film et Cabiria. Son musée consacré au cinéma est situé dans la Mole Antonelliana. Cette incroyable coupole de 167 mètres de haut, est un modèle du genre. Une vraie réussite muséale moderne, efficace, dynamique qui, en comparaison, donne un sacré coup de vieux à  l'institut Lumière. Turin a, dans ce domaine, une bonne longueur d'avance sur Lyon.

La capitale piémontaise organisera également en février 2012 un mois consacré à la culture française. « Nous répondrons présents », assure Collomb. Un échange de chefs-cuisiniers lyonnais et turinois  est au programme. Une gastronomie, « presque génétique, aussi bien à Lyon qu’à Turin », rappelle le maire de Lyon.

Eataly, la gastro(éco)nomie à la turinoise s'installe à Lyon ?

Le concept-store alimentaire Eataly - décliné à Milan, Bologne Tokyo et New-York -  pourrait ainsi débarquer dans la capitale des Gaules. Ce Disneyland des produits italiens, ouvert à l'origine en 2007 dans l’ancienne fabrique de vermouth Carpano de Turin, concentre la crème de la crème du gout. Epicerie géante mais fine, tarifs élevés pour circuits courts, restaurants thématiques, esprit slow-food. Opposable à la philosophie de Collomb. « Ils pourraient être intéressés par 5 000 m2 à Lyon », confie le maire de Lyon. A suivre.
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1 commentaire
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lyonnais le 25/09/2011 à 00:36

cet article illustre bien la méconnaissance que le journaliste a de la réalité de la situation turinoise. Le point de vue est lyonno-centré... vous fa^tes comme si Turin avait des leçons à recevoir de LYON... si Lyon a d'énormes atouts et de belles qualités, Turin se situe au niveau juste au dessus. la ville qui accueille le siège de la "Stampa" devrait figurer au rang de modèle de Collomb qui préfère toujours citer Barcelone, mais Turin est une belle cité, magnifique même mais nous devrions, à Lyon, nourrir encore quelques complexes à son égard plutôt que d'être arrogant. Ses musées sont parmi les premiers d'Italie, l'urbanisme y est hyper soigné, la ville des arcades attend le Lyon-Turin mais pour encore plus prendre son envol par rapport à la cité des Gaules... Lyon devrait s'y préparer avant de le regretter et d'être à nouveau en retard... cet aspect n'apparaît pas du tout dans votre article, preuve que la communication du Grand Lyon est efficace et que votre journal ne sait pas la contourner!!

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