Carton Rouge : « Gérard Collomb agit avec le Grand Stade comme avec les Primaires »

Lyon Mag : Les huit enquêtes publiques autour du projet de Grand Stade de l’OL à Décines positives, quel est votre sentiment ?
Didier Paulin : Les premières enquêtes publiques fin 2009 avaient été sanctionnées d’un avis défavorable, qui s’est transformé en avis favorable avec réserves. Le commissaire-enquêteur de l’époque, Mr Jouffre, avait alors subi des pressions.
La deuxième valse d’enquêtes a rendu un avis négatif au-delà de ce que l’on pouvait espérer, avec des points rédhibitoires pour le projet. Gérard Collomb a profité du fait que la délibération communautaire qui a amené l’autorisation a enquête a été cassée par le tribunal administratif d’appel suite au recours de Carton Rouge pour lancer la troisième batterie d’enquêtes publiques.
Elle débouche sur 100% d’avis favorable des commissaires-enquêteurs. Alors que si l’on regarde le dossier en profondeur, aucune modification n’a été apportée par rapport au deuxième dossier. C’est inespéré pour Gérard Collomb, mais cela ne correspond en rien à la réalité. Et c’est très soupçonnable.

Pensez-vous que l’organisation de l’Euro 2016 en France rende impossible toute opposition au projet ?
Si le projet du Grand Stade devient une affaire d’Etat, il est bien évident que des problèmes environnementaux, des problèmes d’accessibilité, financiers ou encore de dépenses publiques pourront passer à la trappe. Ce qui est scandaleux. Que ce soit un projet de stade ou n’importe quel autre, il y a des règles à respecter. On est visiblement en dehors du circuit classique.

C’est à dire ?
Le dossier financier de l’OL n’est pas bouclé. Le plan de financement du stade de 60 000 places n’a jamais été financé. Pour l’instant, personne n’est capable de dire comment sera financé ce projet de Stade. La meilleure des preuves c’est que le groupe Vinci a été introduit dans la Foncière du Montout, ce qui n’est actuellement pas prévisible. Sauf au regard de la crise économique.

C’est là votre unique argument ?
Je ne vais pas vous dévoiler l’ensemble de nos arguments. Aujourd’hui, tout reste en suspend dans ce dossier. L’achat des terrains sur le site du Grand Montout pose problème également. Nous prévoyons d’ailleurs un recours. Le prix du terrain a été annoncé à 40€ du m2 en 2007, lorsque l’OL a instruit son dossier de mise en bourse. Il est présenté en 2011 à... 40€ ! Ne pensez-vous pas que de 2007 à 2011 le prix des terrains a augmenté ? Pour faire passer un mensonge, il vaut mieux qu’il soit énorme. Dans ce projet de Grand Stade, il y a des énormités qu’il faudra justifier. Gérard Collomb agit avec le Grand Stade comme il vient d’agir avec les Primaires.
Qu’entendez-vous par là ?
Martine Aubry en tête à Lyon lors du premier tour, et le sénateur-maire envoie 150 000 courriers à je-ne-sais-qui pour que François Hollande obtienne un soutien sans réserve dans la ville. C’est prendre les électeurs et les citoyens pour des gogos. Il va falloir que la vérité éclate et que le sénateur-maire de Lyon revienne à son rôle premier qui est de servir le citoyen. Il ne faut pas qu’il l’oublie. Actuellement, tout est engagé pour servir d’autres puissances. C’est scandaleux.

Et dans les faits, comment comment comptez-vous agir ?
Nous allons mettre en évidence les scandales. Il faut dénoncer ces enquêtes. Et les conditions dans lesquelles elles se sont déroulées. Le maire de Décines a été obligé de déposer une plainte car des pages sur les cahiers de concertation avaient été arrachées. J’ai assisté à des dépôts de remarques de la part de gens hostiles au Stade. La page a été rayée. Je me demande dans quelle démocratie on se trouve. On peut être pour ou contre un sujet, mais il faut respecter les autres. Nous sommes dans un déni total de démocratie.

Pour vous les enquêtes publiques sont faussées avec ces pages arrachées ?
C’est à se poser la question. La réponse est entre les mains des commissaires-enquêteurs. C’est eux qui ont reçu l’ensemble des cahiers de concertation. Derrière nous avons quelques éléments. Mais nous savons pertinemment qu’une enquête publique n’a pas force de loi, ses conclusions ne sont pas délibératives. Il n’en est pas moins vrai que si l’on fait la démarche de poser la question au citoyen, on se responsabilise. La moindre des choses c’est de respecter son avis. Collomb a assigné l’ensemble des militants socialistes à aller remplir le cahier de concertation pour recueillir un maximum d’avis favorables.

Croyez-vous vraiment en vos chances de contrevenir à un projet qui n’a jamais été autant sur les rails ?
Nous avons encore quelques angles d’attaques. Si nous n’en n’avions plus Carton Rouge disparaitrait. Depuis un certain temps, on a tendance à croire que Carton Rouge est moribond. Et bien vous allez voir.