La fiction prend le dessus
Les Lyonnais
ressemble finalement à une production américaine. Celle qui prend
allègrement ses distances avec la réalité pour mieux divertir.
Le
long-métrage arrive clairement avec plusieurs années d'avance. Car les
différents protagonistes du film sont encore en vie ou en liberté. Et
surtout parce que le réalisateur s'est lié d'amitié avec son sujet
d'étude.
Les Lyonnais rend hommage à Momon Vidal, à son
code d'honneur, à la mentale qui a ému l'ancien flic. Pour ne pas le
compromettre, Marchal et son scénariste Edgar Marie ont donc pris le
parti de romancer la vie du gang. Exit certains membres, d'autres
fusionnent pour former Serge Suttel (Tchéky Karyo), certains secrets
sont tus et le spectateur se retrouve encore plus ignorant du
sujet qu'il ne l'était avant la séance.
Ce qui différencie totalement Les Lyonnais du Mesrine
de Jean-François Richet, pourtant décrié pour parfois porter l'ex
ennemi public n°1 aux nues. Mais qui brandit fièrement son titre de
biopic.
Le spectateur lyonnais qui voulait connaître la vie du gang
sera évidemment déçu. Tout comme celui qui espérait découvrir sa ville
sur grand écran. Les plus attentifs remarqueront le café du Soleil, le
quai Pierre-Scize, la prison et la gare Saint-Paul… mais c'est tout. La
scène représentant le mieux la ville reste celle de l'exécution place
Saint-Jean où un homme se fait "fumer" devant la cathédrale. Avant que
les spectateurs ne se jettent sur Internet pour en vérifier la véracité,
nous pouvons les rassurer en leur indiquant que cette exécution a bien
eu lieu, mais à plusieurs kilomètres de là. "Un hommage à la ville" d'Olivier Marchal. Lyon se serait passé d'une telle condescendance aveugle.
Michel Neyret à l'écran
Le
plus intéressant avec ce film, c'est finalement le contexte dans lequel
il sort. Michel Neyret, aujourd'hui derrière les barreaux de la Santé, a
contribué à l'écriture du film. Son pote, Olivier Marchal, a même créé un
personnage à son image, le commissaire Max Brauner. Tout y est, la
coupe de cheveux impeccable, le costard italien et la proximité avec les
voyous. Le clone de Neyret est pourtant un bon flic efficace, à l'image
de ce que pense (toujours) Marchal de l'ex numéro 2 de la PJ lyonnaise.
Malgré les propos polémiques du réalisateur pour défendre Neyret, le
buzz fourni par l'affaire risque de profiter aux Lyonnais.
Si
en plus on rajoute l'importante promotion dont le film fait l'objet, sa
future bonne santé au box-office rhodanien ne fait aucun doute. L'avis
des différents critiques confirment cependant que beaucoup ne trouveront
pas leur compte en sortant des salles obscures.
La légende Les Décinois et l'inconscient collectif...
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