"Ma cliente et sa compagne sont des femmes de conviction. Elles ont
estimé légitimement qu’il fallait aller de l’avant, qu’il fallait porter
les deux dossiers sur les fonds baptismaux de la justice administrative
pour espérer qu’une jurisprudence fasse avancer les choses", explique
mercredi matin Me Versini joint par LyonMag. Les deux demandes de congés liées à la naissance
de ses jumeaux ont été retoqués par sa hiérarchie. Un premier congé, dit naissance, de trois jours, et un
congé dit paternité, étendu à dix-huit jours en cas de grossesse
gémellaire. Deux requêtes ont ainsi été déposées mercredi matin devant le tribunal
administratif de Lyon, respectant la date butoir du 22 février. "Ce
couple a très mal vécu la chose, confie leur avocat. C’est une famille
homoparentale. On l’a mise sur le bas-côté de la République." Au
regard des textes du règlement général d’emploi de la police nationale
(RGEPN), ce congé est accordé uniquement aux pères. "Il
y a d’un côté les textes, de l’autre l’évolution sociétale", peste Me
Versini. D’autant qu’à l’usage, le congé naissance était généralement accordé aux
couples de même sexe. "Certains syndicats de police se sont ouverts à
moi, je sais que certains de ces fameux congés naissance ont été
octroyés à d’autres personnes homosexuelles, confirme-t-il. Ce côté
discrétionnaire m’ennuie, il est trop proche de la discrimination. On ne
doit pas être dans la discrétion, mais dans l’octroi."
Un combat juridique, pas politique
C’est donc le sens de la démarche de couple qui s’estime gravement lésé. "Ma cliente n’a pas pu continuer son activité, précise l’homme de loi.
Elle a été psychologiquement été blessée, atteinte, déstructurée. C’est
une femme abattue que j’ai reçu à mon cabinet." Le couple et leur
avocat ne souhaite pas pour autant faire dévier ce combat de sa finalité
juridique. Même si en période électorale, ce combat pourrait être
dévoyé. "J’ai par nature et par vocation, la certitude de ne pas
vouloir faire de la politique, tranche Me Versini. Je ne suis pas de ces
avocats qui utilisent une période électorale pour sortir les banderoles
et les fanions. Il n’y a aucun sous-entendu politique là-dessus. J'entends certains qui vont tirer la couverture à eux. Quels que soient
les partis politiques, ça nous indiffère." Et l’avocat "de ne pas
demander la lune", mais simplement que cette pratique discrétionnaire,
refusée à ses clientes, soit "officialisée."
La rigidité habituelle du juge administratif, qui faut-il le rappeler, veille au respect et application des textes, risque de ne pas faire droit à la demande de cette dame.
Signaler RépondreL'avocat, reconnait que le droit à ce congé est ouvert uniquement aux hommes.
Alors pourquoi une telle procédure ?
Faire avancer la chose sociétale, par le juge administratif ?
Mission impossible.