Essence trop chère: "Le prix de 1,60€/litre est celui qu'on paiera à moyen terme"

Essence trop chère: "Le prix de 1,60€/litre est celui qu'on paiera à moyen terme"
Pierre-Henri Bigeard - LyonMag/JazzRadio

Le directeur de l’Institut français du pétrole (IFP - Energies nouvelles) à Lyon, Pierre-Henri Bigeard, était l’invité de Jazz Radio pour l’émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.com.

Le prix du pétrole continue de flamber. Avec un coût moyen dans le Rhône de 1,45€/litre pour le diesel, 1,62€/litre pour le sans-plomb 95, l’or noir n’a jamais aussi bien porté son nom. Un impact financier imputable à une double réalité. "Il y a le cours du pétrole lui-même, il y a aussi la situation du marché pétrolier suivant les stocks et les tensions sur les produits. Cela fait varier les prix", explique le directeur d’antenne de l’IFP de Lyon. Au bout de la chaine, la monnaie européenne donne le coup de grâce. "La variation de l’euro par rapport au dollar nous était favorable ces dernières années, mais elle l’est moins aujourd'hui. Comme on paye le pétrole en dollars, cette variation est prise en compte."

Pierre-Henri Bigeard ne se montre pas franchement optimiste quant à la baisse du prix de l’essence à la pompe. "Il y a plusieurs scénarii envisageables. Le marché peut rester très tendu. On parle de risques d’intervention en Iran, qui ferait cesser la production de pétrole sur ce territoire pendant quelques temps. Tant que cette tension n’est pas levée, l’incertitude restera forte. En outre, la crise économique qui affecte les pays européens va-t-elle impacter les pays en développement dans la zone Asie, qui eux ont besoin de beaucoup d’énergie ? On pense au sein de l’IFP que le baril va rester aux alentours de 100 à 120 dollars. C’est assez élevé."

Conséquence : les énergies renouvelables deviennent plus attractives. "Il faut un coût du pétrole important pour amener sur le marché ces énergies qui, si le pétrole était trop bas, ne seraient pas compétitives." Et avant de rouler bio, il faudra s’accommoder d’une essence chère. "Le prix actuel de 1,60€/ litre est celui que l’on paiera à court ou moyen terme", prévient Bigeard.

Existe-t-il alors des marges de manoeuvre pour faire baisser le coût du produit et favoriser le consommateur. "Quand on paye 1,50€ du litre, le prix du pétrole correspond à 0,50€. 0,15 centimes d’euros partent au raffinage et à la distribution pour mettre le produit aux normes. Le reste correspond à des taxes, dont la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers (TIPP - 0,6 centimes d’euros) et la TVA (0,25 centimes)."

"Il est effectivement possible d’amortir, continue le directeur de l’IFP de Lyon. Néanmoins. Est-ce souhaitable ? Il y a une réalité économique avec le coût des produits. Les prix des denrées alimentaires ou d’autres énergies comme le gaz fluctuent. Il n’y pas de raison qu’au niveau du pétrole, le prix ne varie pas en fonction du contexte économique."

Même en période présidentielle, ou les promesses sont légions ? On sait que François Hollande a proposé s’il est élu de rencontrer très vite les pétroliers pour obtenir un blocage temporaire des tarifs, et réinstaurer la TIPP flottante permettant à l’Etat de fixer le prix de l’essence pour le consommateur, en rognant sur sa marge quand le baril augmente. "Ce sont des approches politiques, glisse Bigeard. On peut faire un certain nombre de choses, mais tout bloquer me parait difficile, cela ne correspond pas à la réalité économique."
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1 commentaire
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MLBRLyon le 28/02/2012 à 10:43

Et personne pour évoquer la baisse structurelle et définitive de la production depuis 2005, alors même que la demande continue d'augmenter?
Nous sommes en plein peak oil, les évènements provoquant des hausses mineures de prix comme depuis 2008 ne sont qu'une petite partie à l'explication du problème.
Les 1,60€ ne seront qu'un bon souvenir d'ici 5 à 10 ans grand maximum, comme un souvenir du "bon vieux temps" où on pouvait se permettre de prendre sa voiture pour des trajets de confort et non de nécessité.
Les médias portent une lourde responsabilité en n'informant pas le public de cette réalité connue et théorisée par Marion Hubbert (puis prouvée par les faits, chaque année sans exception!) depuis les années 70.

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