"Le socle populaire a craqué", tranche Marc Uhry. Pour le délégué
régional de la Fondation Abbé Pierre, les mal-logés "ne sont plus que
des SDF cabossés mais aussi des salariés ordinaires qui gagnent 1200
euros par mois depuis 15 ans, qui ne trouvent plus de logement dans le
privés et sont en attente de places en HLM". Le nombre ménages
surendettés a explosé de 50% sur une période de cinq ans. Cette
situation précaire amène 376 000 personnes (l’équivalent de la
population de l’agglomération grenobloise) à connaitre des difficultés
extrêmes pour se loger. La multiplication des travailleurs-pauvres ou
des dépendants des minimas sociaux fait que le spectre des populations
touchées s’élargit toujours plus. Certains sont tout de même plus
vulnérables. Les femmes, les étudiants, les personnes en souffrance
psychique et les étrangers peinent à trouver un toit ou à le payer.
Quand les grands froids arrivent, les secours sociaux peuvent esquisser
un inventaire de ceux qui vivent dans des conditions indécentes. "Cet
hiver on a compté 252 enfants qui n’avaient pas de logement. On le
savait et on a rien fait, s’indigne Marc Uhry. Avant c’était
inenvisageable de les laisser dehors. Maintenant, on les compte. On est
tous responsables".
Toute la région dans l’impasse
Cette situation est bien-sûr due à la crise économique et à la hausse
des prix du logement. Dans la région, les villes qui étaient autrefois
les moins chères (Chambéry, Valence) rattrapent des villes les plus
cotées (Lyon, Grenoble, Annecy). Ainsi, Bourg-en-Bresse l’ouvrière voit
les classes moyennes fuyant Lyon arriver, ce qui fait inéluctablement
grimper les prix de l’immobilier au détriment des moins aisés. La
capitale régionale, dans la moyenne nationale n’a pas de quoi se sentir
épargnée. La cité connait des inégalités territoriales entre ses
quartiers riches et les plus pauvres, et ce malgré les efforts de la
municipalité. Le retard s’est accumulé dans la livraison de nouveaux
logements, sociaux ou non, atteignant la barre fatidique de 70 000 dans
la région. Pendant ce temps, la demande de logements sociaux a augmenté
de 3% en un an, avec 60 000 personnes en attentes. Seulement 12 000 sont
attribués par an.
Un blocage politique et culturel
Le mal-logement souffre d’un déficit d’exposition médiatique, auquel
Eric Cantona avait essayé d’y remédier en présentant sa candidature à
l’élection présidentielle. La Fondation Abbé Pierre a continué de
vouloir jouer un rôle dans la campagne. Cinq candidats (Poutou,
Mélenchon, Joly, Hollande et Bayrou) ont signé "le contrat social" et
doivent s’engager à respecter les mesures proposées une fois élu, à la
manière du Pacte écologique de Nicolas Hulot en 2007. Celui-ci prévoit
notamment la construction en France de 500 000 logements dont 150
logements sociaux ou encadrer les loyers du parc privé. Car pour Marc
Uhry, l’objectif est de revenir sur deux éléments abandonnés depuis la
fin des années 80 : les politiques d’aménagements du territoire et les
politiques des prix. Mais la réticence des sphères politiques est due,
selon le représentant local de l’association, à des préjugés
socioculturels des citoyens. Nous ne serions pas prêt à un retour d’un
Etat régulateur, chose politiquement difficile à assumer. Faut-il s’en
remettre aux associations pour porter le sujet au devant des
projecteurs ? Dans des villes comme Lyon, le tissu militant est bien
présent, très actif (comme dans le cas des maraudes à Lyon), ce
qui permet de pointer cette crise. Mais ailleurs, ce n’est pas
forcément le cas. "La France vit avec un tabou qui fait que le logement
est devenu une question individuelle et plus collective, déplore Marc
Uhry. C’est pour cela que nous ne verrons jamais un syndicat des
mal-logés."
M.R.
Jeudi 8 Mars 2012 à 15h20
891 000 personnes mal logées en Rhône-Alpes
Photo d'illustration - DR
La Fondation Abbé Pierre tire la sonnette d’alarme et sort les chiffres. Pourtant, peu de voix s’élèvent contre une misère causée autant par la crise que par le fonctionnement institutionnel du pays.
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@narcisse. C'est un métier.
Signaler Répondre891000 SUR 6 MILLIONS D HAB vous etes sur de ne raconter une fois de plus un grosse connerie
Signaler RépondreMr Collomb et Mr Aulas veulent un stade de foot je dis bravo!!!!!!
Signaler RépondreIl faut accuser le gouvernement et voter pour les engeances locales...
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