Les professeurs constatent un intérêt croissant des élèves pour cette période longtemps taboue.
Benoît Teste, professeur d’Histoire au lycée du Parc dans le sixième
arrondissement de Lyon, évoque le conflit franco-algérien depuis une
dizaine d’années face à ses lycéens. Cette année, les élèves de première
et de terminale sont amenés à l’étudier durant l’année. "Il n’y a pas
de nouveauté dans l’enseignement de l’Histoire de cette guerre, explique
le professeur. Seulement, la partie ‘mémoire’ a pris une importance
plus grande".
Longtemps relativisés voire cachés, les "évènements
d’Algérie", comme on les nommait autrefois, n’ont été officiellement
reconnus par l’Etat qu’en 1999. Les langues commencent à se délier, mais
cela reste compliqué à aborder. "Les élèves qui ont des grands-parents
ayant participé à cette guerre ont envie de savoir, rapporte Benoît
Teste. Les anciens ne parlent pas forcément de cette guerre qui était
une sale guerre pour la France". Si les travaux universitaires sur ces
conflits sont aujourd’hui développés, l’opinion publique ne semble pas
encore lucide sur ce sombre passé.
L’objectivité à tout prix
Les répercussions de la guerre sur la composition actuelle de la société
française sont encore visibles. A l’époque, elle a fragmenté la
population entre Français métropolitains, Algériens indépendantistes,
harkis et pieds noirs. Aujourd’hui leurs descendants veulent savoir.
Dans une France métissée, il faut enseigner avec des pincettes pour ne
froisser personne. Pour l’enseignant du lycée du Parc, "le plus
sensible, c’est quand on aborde cette question avec des élèves issus de
l’immigration qui se sont approprié cette mémoire douloureuse de la
guerre d’Algérie et en font une lecture assez manichéenne".
La question
des harkis, Algériens ayant combattus sous le drapeau tricolore, est
aussi délicate. "Si on écoute certains discours, ce sont des collabos,
des gens qu’il aurait fallut éliminer, qui n’ont pas droit de cité,
raconte l’historien. Il faut dépasser ça pour retracer des parcours de
personnes qui se sont soit à un moment engagé dans le FLN soit aux côtés
de l’armée française". Pour offrir aux élèves une vision complète et
apolitique, la seule solution pour les professeurs est de "remettre
l’Algérie dans le contexte de la colonisation française sans donner
d’aspect positif ou négatif". Ainsi, il faut aussi évoquer les fautes de
la France, ses exactions, la torture, même si Benoît Teste avoue que
"ça a du mal à passer chez certains".
L’hypermnésie médiatique
C’est là que les métiers de l’enseignement prennent tout leur sens. "Il y
a tout une dimension civique derrière l’enseignement de l’Histoire et
ce débat sur une République qui recoure à des méthodes de tortures,
c’est central, déclare-t-il, comme investi d’une mission. C’est là que
se fait le devoir de mémoire". Les projecteurs braqués ces dernières
semaines sur les commémorations de la guerre ne fait que lui faciliter
le travail. "C’est plus intéressant pour nous de faire un cours
d’Histoire en rapport avec l’actualité. Les élèves sont plus à l’écoute,
ils ont vu des reportages, des débats, donc ça mobilise".
Dimanche 18 Mars 2012 à 05h07
Guerre d’Algérie : les lycéens attentifs à "cette mémoire douloureuse"
Photo d'illustration - DR
A l’occasion du cinquantenaire des accords d’Evian, la guerre d’Algérie au cœur de l’actualité prend une autre dimension dans les programmes scolaires.
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harkis ce sont les harkis qui le plus souffert
Signaler RépondreBonjour,
Signaler RépondreIl serait bon que les enseignants, dont je fus pendant 40 ans, fassent écouter à leurs élèves l'émission de France Inter "Service Public" du 16/03/12, émission au cours de laquelle Daniel Leconte a très justement souligné l'hémiplégie mémorielle qui frappe la sphère bien-pensante à l'égard de ceux que l'on appelle les pieds-noirs, tous assimilés à une poignée de colons indignes. Faut-il rappeler que 80% d'entre eux avaient un revenu moyen inférieur à celui des métropolitains ? Faut-il rappeler sans cesse aux amnésiques sélectifs le lourd tribu payé par les populations civiles dans des attentats meurtriers perpétrés aussi par le FLN ? Faut-il rappeler les enlèvements quantitativement sous-estimés d'Européens jamais retrouvés ? Faut-il rappeler les tueries de juillet 1962 à Oran où des centaines de civils ont été massacrés, dans l'indifférence générale et ? Faut-il rappeler les exécutions sommaires de milliers de Harkis abandonnés par la France ? Comment supporter les propos de cette historienne (?) qui affirme que ce sont 600000 Européens qui n'ont pas voulu rester en Algérie : auraient-ils du attendre patiemment de subir le sort de leurs concitoyens ? Y aurait-il des assassinats légitimes ? des exactions nobles?
Si l'Histoire qui est enseignée se contente d'obéir à des engagements politiques ou philosophiques, au mépris de l'analyse objective et lucide, alors il est à craindre que cette amnésie la rétrograde au rang des disciplines ultra-mineures.