Alors que l’Europe se taille la part du lion dans la campagne
présidentielle française, Damien Abad, député européen du Nouveau
Centre, accueille cette nouveauté avec une vraie satisfaction. "Pour une fois, le sujet européen est dans la campagne présidentielle. C’est une bonne chose, se réjouit-il. Sinon
l’Europe n’est vu que comme la contrainte. Elle peut être notre
meilleure alliée si nous savons nous en servir. On a besoin davantage
d’approfondissement que d’élargissement." Un approfondissement qui passe par la communauté de destins sur certains sujets. "Prenons l’exemple de l’énergie, illustre-t-il. Je
suis pour la création d’une communauté européenne de l’énergie, comme
nous l’avons fait avec le charbon au sortir de la guerre. mais nous ne
pourrons pas le faire à 27. Il faut le faire avec les pays qui en ont
envie. C’est vrai sur l’énergie, mais c’est également vrai sur la
fiscalité et beaucoup de sujets. Il faut de la convergence
franco-allemande, et si possible avec d’autres pays." L’énergie mais également "l’innovation, la recherche et la jeunesse." Sur la question de la production, le parlementaire taille la veine sarkozyste. "Il faut également redonner la parole aux producteurs, et pas simplement aux consommateurs, juge-t-il. C’est
pour cela que j’accueille avec plaisir les propositions sur le ‘Buy
European Act’, qui permettra de faire en sorte que des entreprises
européennes qui fabriquent en Europe aient droit à l’argent public
européen."
Une façon similaire en France de voir l’Europe à la carte, expurgée de
son aspect monolithique et ultra-bureaucratique. Quand Nicolas Sarkozy
veut revoir les termes de Schengen, François Hollande veut de son côté
renégocier les termes de l’accord de Bruxelles.
"Ce n’est pas la même chose de vouloir réformer un traité qui a sauvé
la Grèce, et un traité qui n’a pas su répondre au problème de Lampedusa,
glisse Abad. Les socialistes
français sont isolés au Parlement. Il y a un écart grandissant entre le
socialisme à la française et la social-démocratie à l’européenne", observe-t-il. Il faudra pour ce faire doter l’Europe d’une vraie autonomie exécutive. "L’idée des pères fondateurs de l’Europe est d’avoir une vraie construction politique, rappelle-t-il. Nous
ne sommes pas simplement sur une zone de libre-échange, sinon cela ne
sert à rien d’avoir des députés européens et des institutions." Et l’eurodéputé de trancher sur la marche à suivre : "oui, il faut des éléments de fédéralisme européen."