C’est une petite cave voûtée en pierres apparentes, cachée au fond de la rue de Thou, une impasse qui part de la place Croix-Paquet. L’endroit est une scène connue à Lyon pour être une pépinière de talents, et Corbier y revient régulièrement depuis 10 ans. Cette année, le spectacle est un peu particulier, puisque le chanteur, parolier et guitariste y enregistre, en public, son prochain album.
Accompagné d’Eric Gombart, Corbier a certes vieilli, ses cheveux sont blancs, tout comme sa barbe, mais l’œil, lui, n’a pas pris une ride. On reconnaît instantanément l’espièglerie et la malice qui l’ont rendu célèbre au siècle dernier, dans Récré A2 puis dans le Club Dorothée, avec les Musclés. Si on est bien loin, dans le temps, de cette époque, on l’est aussi sur le fonds. Corbier est un poète, il maîtrise les mots avec la grâce d’un Brassens et les chante avec parfois l’intensité d’un Brel. Des comme lui, on n’en fait plus. Ce n’est pas un chanteur, c’est un chansonnier.
Ses textes, qu’il écrit, parlent des habitants d’un village dont la vie est bouleversée par l’installation d’une centrale nucléaire, interrogent les consciences quant au naufrage de l’Erika au large des côtes bretonnes, racontent une histoire d’amour née à un arrêt de bus, narrent la journée catastrophique d’un amoureux dont l’épouse est partie aux Bahamas ou interpellent, au ukulélé, sur l’hypocrisie de la publicité («Bien sûr, Al Qaïda, Irak et l'Oncle Sam, De la fièvre et du sang, Des prières et des larmes, Pourtant,Y'a tout pour être heureux, Dans la publicité… Nos dames ont des règles bleues… »).
Sur la scène lyonnaise, le spectacle se fait devant une trentaine de personnes. Corbier entrecoupe ses morceaux de ce qu’il appelle des chansons courtes (pas plus de 10 secondes), parfois gouailleurs, souvent fulgurants mais toujours drôles : « les profs des écoles sont pédophiles… pour ne pas laisser le monopole aux curés », « un soutien gorge sur un fil, deux oiseaux se demandent : « où nichons nous cet hiver ? » ».
La force de ces récits, c’est évidemment la réflexion qu’ils engendrent, sortis de leur immédiate bêtise apparente. Ainsi dans Les chanteurs de l’Ossuaire, Corbier fait en fait un pamphlet qui n’a rien à envier à ce que disaient les détracteurs de Michael Jackson ou Amy Winehouse à leur disparition. Dans cette chanson il explique que des interprètes comme Claude François ou Dalida ont vendu certainement plus de disques une fois morts, mais « ils me pardonneront, je l’espère, d’être encore vivant ». Autre cible de Corbier, l’ancien président américain George W. Bush se voit lui affublé du sobriquet de monsieur Doublevé, car « tout le monde ne parle pas anglais ». Le chanteur tente d’expliquer les guerres dans lesquelles il a conduit l’Amérique et qu’il considère comme des excès de mauvaise humeur par les mauvaises nuits passées tous les 28 jours, au moment des « lunes » (les règles) de son épouse.
Corbier, s’il est très nettement engagé à gauche, reste avant tout un artiste qui aime faire rire. L’enregistrement de vendredi a été ponctué par de très nombreuses erreurs de sa part, qu’il reconnaissait volontiers sur scène ou au bar pendant l’entracte, si bien que certaines chansons ont du être reprises plusieurs fois, mais cela s’est fait dans la bonne humeur, avec notamment des blagues et des jeux de mains franchement efficaces. Sa chanson J’arrive chez elle, pour laquelle le public est mis à contribution, a par exemple été jouée trois fois, mais son interactivité l’a emporté sur la répétition. Corbier, dont le sourire n'aura presque jamais quitté le visage, a finalement terminé son spectacle seul sur scène en interprétant Galère capitaine, un titre qui oscille entre la mélancolie et la joie d’avoir de tels souvenirs car elle est en fait une mise en musique des sentiments qui animaient son auteur quand il a quitté la télévision, un monde qui décidemment est aux antipodes du sien. Il pouvait ensuite signer des autographes aux quelques fans qui en demandaient, avant de regagner le bar (fumeur) dans lequel trônent plusieurs photos de lui, mais aussi les gérants de l'établissement posant avec Jean Ferrat.
L'album live intégralement enregistré jeudi, vendredi et samedi (20h30) sur la petite scène lyonnaise est attendu dans le courant de l'automne.
tonn pseudo te va a merveille
Signaler Répondre@toctoc: ça c'est du commentaire. on s'en fout de ton avis et de ce que tu connais ou pas
Signaler Répondreca c'est de l info on s'en fou moi je connais corbière mais pas corbier
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