Quitter les rivages trompeurs de l'enfance

Quitter les rivages trompeurs de l'enfance

Dans ma précédente chronique, je parlais, j'évoquais la parentalité à la trentaine. Pour nombre de jeunes parents qui sont ainsi l'objet d'un
heureux événement dans la famille, il s'agit, en passant au statut de
parent, de passer à l'âge adulte. Un moment important, de plus en plus
retardé et dont la série Bref, qui connaît un succès mérité est un
révélateur : qu'il est donc difficile de devenir adulte !

Qu'il est difficile d'abandonner les douteux mélanges mauvaise vodka-pomme lors des soirées chez les amis, les aventures d'un jour, d'une nuit, d'une semaine, le temps qui déroule son long fil sans penser à demain pour tenter, dans un monde difficile, de construire et stabiliser.

Cela est si difficile ! Dans notre société qui se plaît à maintenir jusqu'à 30, 35 ans nombre de ceux qui y participent, dans des contrats d'emploi d'une semaine, d'un mois, d'un an pour les plus chanceux, dans cette société de chômage massif pour les plus jeunes et les plus anciens, de moins en moins d'entre nous se retrouvent en pleine autonomie, à être pleinement maîtres de leurs destins.

On a le droit à un peu de légèreté en politique parfois, mais elle ne doit pas se résumer à cela. Ceci  alors que notre parlement,  qu'il soit revêtu des nuances de la droite ou de celles de la gauche va devoir travailler intensément afin d'aider notre pays à s'en sortir, aux côtés du Président, quel qu'il soit lui aussi, qui sortira des urnes le 6 mai.

Pourtant notre pays, lui aussi, a du mal à se sortir de l'adolescence. Un problème de confiance comme cela arrive trop souvent à cet âge ? Sans doute. La France a peur de s'affirmer, de prendre son envol. Témoin notre balance du commerce extérieur par exemple avec plus de 69 milliards d'euros de déficit l'année dernière, notamment en tout premier lieu à cause de nos importations d'énergies diverses, dans le domaine de l'essence bien évidemment mais aussi des matières premières nécessaires au nucléaire. Cela nous oblige à une transition énergétique, raisonnée parce que nous avons des besoins pour nos ménages et nos économies et qu'il faut préparer les choses aux horizons 2020 et 2050, c'est à dire sur une durée bien plus longue qu'un quinquennat mais résolue.

Et puis nous sommes de plus en plus dans une situation d’égoïsme où trop d'entre nous disent "c'est pas le tien c'est le mien" comme ces bambins du parc Gillet alors que nous avons, riches et pauvres, fonctionnaires et personnes du privé, chefs d'entreprises devoir de faire collectivement bloc dans cette situation.

 Rien ne sert de vouloir toujours dire "C'est pas moi maîtresse" comme on le voit souvent décliné dans cette campagne, sur le thème "Le problème, c'est la manière dont on prépare la viande" pour se cacher des vrais enjeux sur l'entreprise et l'emploi.

Pour atteindre l'âge adulte, notre pays a besoin de rassembler, d'arrêter de désigner des catégories professionnelles,fonctionnaires ou chefs d'entreprise par exemple, comme boucs émissaires ou la religion de certains de ses citoyens comme cause de tous les maux. De même, ce n'est pas en créant des barrières de sables avec un seau et une pelle sur la plage que nous nous en sortirons mais en affrontant la mondialisation et en combattant pour sa régulation.

La personne idoine, pour passer de l'âge de Télémaque à celui d'Ulysse est, ce n'est une surprise pour aucun lecteur me faisant l’honneur de me lire régulièrement, pour moi François Hollande. Ni résignation devant la crise, ni négation des réalités, il est, celui qui me semble-t-il peut contribuer grandement à aider notre pays à faire ses bagages pour quitter les rivages doux mais trompeurs de l'enfance.

Retrouvez tous les billets de Romain Blachier sur son blog Lyonnitude(s).
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