François Hollande président : soupe à la grimace à l’UMP du Rhône

Il y avait plus de monde qu’au premier tour rue Vauban. Mais dès 19h30, les militants, jeunes pops ou simples sympathisants, se rendent à l’évidence. En consultant les sites suisses et belges, c’est François Hollande qui est en tête. « Cette fois ce n’est pas un sondage, c’est une estimation, à 51,5 %, c’est mort », s’emporte une jeune militante qui tente de réconforter, déjà, son amie. Il est 19h50, et on se masse devant l’écran. « On met TF1 ou BFM TV ? », demande le jeune homme préposé à la télécommande. « TF1, TF1 ! », lui répondent en chœur plusieurs autres. « Hollande, Hollande, paye ta dette ! », s’écrient les plus fervents. La Marseillaise est entonnée dès que sur l’écran se dessine la Mutualité à Paris, comble, où a prévu de s’exprimer le président sortant. A 20h, le résultat tombe. Le visage de François Hollande s’affiche sur la télévision. 52% contre 48%. Des cris accompagnent cette apparition. Des huées aussi : « éteignez-moi cette télé ! » peut-on entendre de-ci de-là. Michel Havard, député de la première circonscription du Rhône et leader de l’opposition au conseil municipal de Lyon, prend alors le micro et s’adresse aux militants : « Ce n’est absolument pas une bonne nouvelle pour nous, pour la France, mais il faut écouter le choix des Français. Il faut aussi veiller à l’unité. » Salve d’applaudissements. « Il faut avoir à cœur de conserver l’union, je sais que ce n’est pas facile mais il faut réenclencher le combat électoral  pour les législatives. Les amis je vous le dis : gardez confiance, dans la vie politique il y a des moments comme celui-ci, il va nous falloir continuer à porter notre projet. » Havard est applaudi, et des « bravo Michel ! » sanctionnent son intervention.
Du côté des militants, notamment des plus jeunes, la déception est plus que palpable. Certaines jeunes femmes ne peuvent retenir leurs larmes, surtout quand le téléviseur se rallume sur le discours de Nicolas Sarkozy. « Ce qu’il dit est très émouvant », explique une jeune militante. Pourtant, quand le président sortant lance que « François Hollande est le nouveau président, il doit être respecté », des salves de « Non ! » s’élèvent de l’assemblée. S’en suivent des « merci Nicolas », des « Nicolas on t’aime » quand ledit Nicolas assure ses sympathisants qu’il restera avec eux, et qu’il les remercie de ce qu’ils lui ont donné.
Chacun y va ensuite de sa petite phrase : « l’endettement, c’est maintenant », « maintenant, on va manger de la fêta », « allons gober un Flamby. » Une jeune femme se dit « en état de choc. J’ai été mobilisée pendant 4 mois pour défendre mes valeurs. François Hollande est le nouveau président et je trouve que c’est une blague. J’ai l’impression qu’on se dirige tout droit dans la même situation que la Grèce, c’est un cauchemar. Je m’y attendais un peu mais c’est dramatique. » Un jeune pop répond à des radios : « je suis très inquiet par rapport à la dette, Hollande va être laxiste. Les socialistes vont nous coûter très cher. » Un nouveau mot d’ordre, unanime, a remplacé l’autre : les législatives de juin. « La France n’a pas voté Hollande, elle a voté contre Sarkozy », analyse une jeune femme.
De son côté le secrétaire départemental de l’UMP Michel Forissier relativise : « une élection n’est pas une défaite, c’est la fête de la démocratie. Ma réaction est la même que celle de Nicolas Sarkozy. Il faut repartir de l’avant, le danger pour la France ce n’est pas François Hollande, ce sont ses alliés plus à gauche. L’UMP n’a jamais souscrit d’alliance avec le FN, ce serait bien que les socialistes fassent le ménage avec les extrémistes. L’idée de génie du PS aura été les primaires, je souhaite donc qu’à l’UMP aussi il y ait un débat national. » Et le maire de Meyzieu de préciser : « je ne suis pas un sarkozyste de la première heure, je suis un sarkozyste de raison ». Pendant ce temps, un groupe de jeunes militants quitte la fédération du Rhône. L’un d’eux se retourne, et crie à l’attention de ceux qui sont devant le bâtiment : « La résistance commence ce soir ! » De timides acquiescements l’accompagnent. Quelques gouttes commencent à tomber. « Même le temps est contre nous », se lamente un jeune homme, en signe de conclusion.