Le président Hollande sera-t-il fossoyeur du "modèle lyonnais" ?

Le président Hollande sera-t-il fossoyeur du "modèle lyonnais" ?
Photo LyonMag

Il fait la fierté du sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb et pourtant il pourrait être mis à mal par le nouveau président de la République. Le modèle lyonnais, loué pour son pragmatisme et raillé pour ses libertés prises avec le socialisme pur sucre, fait école depuis 2001. Survivra-t-il à l’élection de François Hollande ?

"On peut croire que les choses arrivent comme cela, par miracle, mais il y a d’autant plus de miracles que l’on est nombreux à les faire apparaître", expliquait Collomb dès lundi pour mesurer la victoire de François Hollande. En filigrane derrière cette formule absconse : son modèle lyonnais, qui aurait porté en tête le candidat socialiste dimanche soir à Lyon.

Collomb a-t-il pour autant une chance d’être ministre ? "Oui, si c’est Nicolas Sarkozy l’emporte", confiait-il déjà sans naïveté au début de l’année, dans un propos rapporté par l’hebdomadaire politico-satirique lyonnais Les Potins d’Angèle. La formule tient autant du bon mot que de la réalité. Car si Collomb a souvent fustigé la RGPP et la fin de la taxe professionnelle, mises en place par le désormais ex-président Sarkozy, il a fait son beurre d’autres actions menées par la droite, le partenariat public-privé et la réforme territoriale en tête.

Et le sénateur-maire n’est pas prêt d’abandonner le patron qui fait sa spécificité depuis 2001, date de sa prise de l’Hôtel de Ville, pour revenir aux vielles lunes idéologiques de la gauche. Il n’en a pas besoin à Lyon et, pas godillot pour un sou, il ne se laissera pas dicter son comportement par le PS. Il l’a montré pour les législatives de juin. Et sur la question du cumul des mandats, de l’imposition à 75% et de la réforme territoriale, il pourrait entrer en conflit avec Hollande.

Cumul des mandats
Cheval de bataille de François Hollande, le non-cumul des mandats risque de léser un bon nombre d’élus locaux socialistes. Hollande fera voter cette loi fourre-tout sur "la moralisation de la vie politique", qui intégrera également l’indépendance de la justice, l’exemplarité de l’état et la parité. Dès lors, il sera impossible de cumuler un poste dans un exécutif local avec des fonctions nationales. Un projet lourd, qui passe nécessairement par une révision constitutionnelle, et une majorité des 3/5e au Parlement. En cas de blocage, cette moralisation de la vie politique est promise, en dernier recours, au référendum. 

Le perspective ne fait pas que des heureux à gauche, à Lyon en particulier. "Je suis un théoricien du cumul des mandats, mais ce n’est pas moi qui ait été élu président de la République", ose Collomb, provocateur. "J’ai une réflexion davantage de fond, sur l’équilibre des pouvoir", développe-t-il, à l’aune de l’exemple allemand. "En Allemagne, il y a d’un côté l’Assemblée nationale, le Bundestag, et de l’autre, le Bundesrat, composé des représentants des territoires, rappelle-t-il. Cela permet d’avoir un équilibre entre le gouvernement et les pouvoirs locaux. Alors qu’en France, vous pouvez perdre toutes les élections locales sans que cela influe sur la politique nationale, en Allemagne, dès qu’un Land passe dans l’opposition, c’est toute la politique nationale qui est remise en cause. En France, il s’agit moins d’un problème de cumul des mandats que de puissance publique locale." La tradition jacobine, bien française, fait que le cumul des mandats représente, pour Collomb et bien d’autres, une réponse opérationnelle à la fracture entre le local et la national.

Cette limitation du cumul posera un autre problème au le sénateur-maire de Lyon au moment de constituer ses listes municipales en 2014. Son 1er adjoint, Jean-Louis Touraine, s’il est réélu député sur la 3e circonscription du Rhône, ne pourra plus prétendre à l’exécutif municipal. Exemple parmi tant d’autres. Cette loi aura une résonance locale, et nivellera forcément la qualité des élus, moins expérimentés. Avantage : il permettra le renouvellement de la classe politique locale. A Lyon, les impétrants sont nombreux à frapper à la porte de la mairie. Gérard Collomb lui-même devra choisir entre le Sénat et la mairie. Il promet de quitter le palais du Luxembourg, mais pas avant la fin de son mandat.
Réforme territoriale
La refonte du millefeuille territorial menée par le gouvernement Fillon a éloigné Sarkozy des élus locaux. La fin de la taxe professionnelle les avait déjà bien échaudés. "Il a offert à Hollande une armée de 30 000 élus qui seront sans réserve derrière lui", confiait déjà Claude Bartolone en mars dans les colonnes du Monde. Pourtant, certains de ces mêmes élus ont déjà su valoriser la réforme. Gérard Collomb en particulier, à l’initiative du pôle métropolitain, qui regroupe la CAPI, le Grand Lyon, Saint-Etienne Métropole et la Pays Viennois. La nouvelle structure va-t-elle être remise en question, le nouveau président de la République ayant toujours assuré qu’il retoquerait cette réforme territoriale. "François Hollande est opposé au conseiller territorial, mais pas au pôle métropolitain. Cette notion de pôle métropolitain a été adoptée à l’unanimité des voix, aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. C’est une structure que nous allons essayer d’améliorer, j’y veillerai personnellement", promet Collomb. Prenant la forme d’un syndicat mixte fermé, le Pôle portera des actions dans le domaine de l’économie, de la culture, de l’aménagement et des transports. Mais il ne bénéficiera pas de fiscalité propre et fonctionnera uniquement sur les oboles de ses membres. Sachant que la fusion du conseil général et régional risque de passer aux oubliettes, le futur pôle ne pourrait être qu’une nouvelle couche de crème sur le millefeuille administratif des territoires, déjà bien indigeste.

Pour Gérard Collomb, la mise en place du pôle métropolitain est un point d’étape. "Moi président de la république, je ferai un acte de décentralisation parce que je pense que les collectivités locales ont besoin d’un nouveau souffle", tempêtait Hollande dans son débat de l’entre-deux tours face à Nicolas Sarkozy. Aucun doute que le propos n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd du côté de la mairie de Lyon. Car l'édile lyonnais est un thuriféraire de la décentralisation. Au point qu’il réclame un acte politique fort allant en ce sens, après la loi Deferre de 1982. Le sénateur-maire s’est déjà fait force de proposition pendant la campagne présidentielle sur ce thème. Il veut une redistribution des cartes, non plus au niveau national, mais au niveau de l’Europe entière, via une distinction des métropoles d’intérêt européen, des métropoles d’intérêt national, et des pôles de rayonnement.

Plus de décentralisation, c’est également plus de responsabilités pour les élus locaux, qui n’auraient plus besoin de doubler avec un poste national pour être entendus et financés sur les projets qu’ils portent. La décentralisation est une réponse naturelle au cumul des mandats pour le sénateur-maire.

Imposition à 75% au delà d’un million d’euros
Le modèle lyonnais passe également par un soutien indéfectible aux entreprises qui font rayonner le territoire. L’OL en particulier. Il n’y a qu’à voir l’opiniâtreté du président du Grand Lyon sur le dossier du Stade des Lumières, attaqué de toutes parts par les opposants, pour s’en convaincre. Car pour Collomb, l’entreprise est intégrée comme une entité structurante. L’OL en développant son ouvrage sportif sur l’Est lyonnais, offre aux collectivités l’occasion d’aménager un territoire que le seul investissement public ne permet pas.

Support d’une ambition sportive, que vaudra un outil comme le Grand Stade si l’OL ne peut pas conserver son attractivité sportive et économique ? Car l’enjeu de l’imposition à 75% au-delà du million d’euro gagné à l’année est bien là. "Quand on s'est trompé, je crois qu'il faut le dire haut et fort, les sportifs comme les artistes quand on veut les garder, il faut les rémunérer", attaquait déjà Aulas au sortir de la victoire de l’OL en Coupe de France. Y aura-t-il des variables d’ajustement possibles sur cette réforme ? Selon l’aveu du nouveau président lors de son meeting à Lyon du 1er mars, "cette mesure n’a même pas vocation a rapporter un seul euro au budget de l’Etat." Mais le symbole prime. "Les rémunérations doivent être maitrisées quand elles atteignent des sommets qui peuvent à ce point choquer, explique Hollande. Cette mesure relève d’une forme de patriotisme, tout simplement."  Allez expliquer à Lisandro Lopez, superstar argentine de l’OL, cette notion de patriotisme. Il partirait derechef dans un autre championnat, moins gourmand fiscalement. Il faudra selon toute vraisemblance manœuvrer pour ne pas handicaper l’OL, mais également les autres clubs français. Que dire du PSG, riche des pétrodollars qataris, et qui va dépenser à tour de bras pour constituer une folle équipe de football ?

Si Hollande rétropédale, c’est tout la gauche plus radicale qu’il décevra, en créant une typologie des richesses, certaines moins vertueuses que d’autres, donc plus imposables. Gérard Collomb connait bien l’enjeu. Mais sur cette question spécifique, il ménage la chèvre et le chou. "J’ai vu Vikash Dhorasoo à la Bastille (lors de la grande fête qui a suivi dimanche l’élection de François Hollande - NDLR), grand joueur emblématique de la belle période de l’OL, glisse le sénateur-maire Ca n’avait pas l’air de l’effrayer." Certes, mais Dhorassoo fait figure d’OVNI dans le milieu très bling-bling du football.  "Je vais en parler aux joueurs que je côtoie souvent dans les vestiaires, je pense qu’on arrivera à trouver un accord", continue Collomb, redevenu plus sérieux.
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16 commentaires
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Mister Z le 19/05/2012 à 16:35
jm a écrit le 19/05/2012 à 16h07

Si le petit monde de Hollande pouvait mettre un peu de démocratie et une pincée de république dans la fange mafieuse lyonnaise, il serait le bienvenu !

Eh bien Jerome tu perd de ton mordant! Je t"ai connu plus combatif

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jm le 19/05/2012 à 16:07

Si le petit monde de Hollande pouvait mettre un peu de démocratie et une pincée de république dans la fange mafieuse lyonnaise, il serait le bienvenu !

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Eric le 16/05/2012 à 20:27
good bye! a écrit le 09/05/2012 à 21h20

Pour le moment Hollande est surtout le fossoyeur de la droite lyonnaise! Ahahahah!

Mdr

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boulot le 13/05/2012 à 20:26
good bye! a écrit le 09/05/2012 à 21h20

Pour le moment Hollande est surtout le fossoyeur de la droite lyonnaise! Ahahahah!

Faut dire qu'il avait un boulevard devant lui

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ex ump le 10/05/2012 à 18:13
good bye! a écrit le 09/05/2012 à 21h20

Pour le moment Hollande est surtout le fossoyeur de la droite lyonnaise! Ahahahah!

faut bien avouer que oui...

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good bye! le 09/05/2012 à 21:20

Pour le moment Hollande est surtout le fossoyeur de la droite lyonnaise! Ahahahah!

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jcb le 09/05/2012 à 17:57

quand on voit la gauche enfoncer Bayrou pour recueillir un max d'élus aux législatives,on peut bien en conclure qu'elle met le curseur vers l'ultra gauche et sa bande (Mélenchon,Joly ...) :l'avenir nous montera bientôt les répercussions néfastes d'une politique déjà rejetée par l'Allemagne au sein de l'euro et qui se proclame pourtant "de rassemblement et d’apaisement"!

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Contribuable Lyonnais le 09/05/2012 à 16:22

Si empêcher les huiles socialistes lyonnaises d'employer, héberger leurs maîtresses et/ou femmes et/ou leurs vassaux est d'être le fossoyeur du modèle lyonnais, aucun contribuable ne s'en offusquera.
Au fait, quel est donc ce véhicule municipal de la Ville de Lyon que l'on voit si souvent à Bron depuis quelques mois ?
Quelle est cette mission municipale lyonnaise à Bron dans une copropriété ?

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ronchon le 09/05/2012 à 15:56

Collomb est un centriste débrouillard qui se moque des appareils;
il regarde souvent la réalité en face
Qu'il quitte donc ce P.S rétrograde

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le canit le 09/05/2012 à 10:24

Je crois que notre sénateur-maire n'a plus qu'à prendre sa carte à l'ump...

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Socialiste le 08/05/2012 à 14:42

Pour Collomb, l'avenir de l'homme, ce n'est pas la femme, mais bien le foot. quelle misère intellectuelle, comment ce type peut défendre ce modèle de société, le foot business, il ne parle que de ça , ne rêve que de ça

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Socialiste le 08/05/2012 à 14:38

Une idée, pour se débarrasser de Collomb, arrêtons de le rémunérer, car comme tout politicard, ce qui l'intéresse ce n'est pas de rendre service, ce qui l'intéresse c'est le fric et le paraître, peut-être qu’il partira à l’étranger, loin très loin , car un cerveau trouve toujours du boulot !

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chasseland le 08/05/2012 à 14:27

un seul lieu où le Gérard excelle : le contournement !

Pour lui, il faut être rebelle, une loi, c'est fait pour être contournée, d'où l'intérêt d'être sénateur pour "s'en accommoder" par exemple en faisant voter des amendements d'exception pour les adapter aux petits soucis des copains à qui il donne tout, surtout quand ça ne lui appartient pas (les terrains du montout, les infrastructures qui lui sont dédiées et, contrairement à ce qu'il prétend plus haut, ne sont ni utiles, ni nécessaires à l'agglomération, tout au contraire puisqu'elles ne seront que source de nuisances supplémentaires.

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chasseland le 08/05/2012 à 14:18

chuuut .. c’est JeanMIMI qui cause :
« … "Quand on s'est trompé, je crois qu'il faut le dire haut et fort, »

Avalez votre chapeau et rendez vous à l'évidence :
VOUS ETES DANS L'ERREUR et cette erreur ne concerne pas que vous mais impacte de plein fouet les contribuables lyonnais sur qui vous comptez pour redorer votre société commerciale cotée en bourse et de laquelle vous êtes un des quatre actionnaires majoritaires et qui figurent dans les 500 plus grandes fortunes de France

vous devez rester à Gerland, c'est là l'intérêt de TOUS et sans doute le vôtre aussi quand on voit vos résultats sportifs et comptables de votre groupe ....

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luciole le 08/05/2012 à 14:01

"on s'est trompé, je crois qu'il faut le dire haut et fort"
Mr AULAS, vous vous trompez et vous ne voulez pas entendre ce que tout le monde vous dit, sauf les braillards bien sûr (partie prenante et conflit d'intérêt)

Ok pour les salaires no limit, mais pas quand ils sont payés par une société qui vit de subventions publiques et de privilèges associés .... c'est contraire à la moralisation de la vie politique prônée par vos comparses franc-maçons

et puis avant de défendre le PSG attaquez vous plutôt aux déficits de votre groupe - en quasi dépot de bilan avec un déficit cumulé de 60 millions sans prise en compte du prochain exercice à cloturer en juin prochain et qui s'annonce dans la même veine - de plus l'année prochaine sans recettes de League des champions, à votre place, je ferais profil bas
- d'ailleurs tout le monde en a marre de vos frasques et de cela, vous n'en avez pas conscience, mais ce n'est pas ce rayonnement là que les lyonnais sont en droit d'attendre, surtout quand ils sont conviés à supporter vos charges

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justicier le 08/05/2012 à 13:50

" L’OL en développant son ouvrage sportif sur l’Est lyonnais, offre aux collectivités l’occasion d’aménager un territoire que le seul investissement public ne permet pas."
Les accès payés par la collectivité sont inutiles aux citoyens proches ou pas.
C'est là qu'est l'escroquerie et le mensonge.

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