Ces trente dernières années, la fontaine des Terreaux a plus souffert
qu’en un siècle. "La pollution générée par la circulation automobile,
mais également les pluies et la configuration de cette place ouverte aux
quatre vents ont beaucoup fragilisé l’édifice", confie Emmanuel
Desrosches, l’un de douze restaurateurs qui s’échine à rendre à la
fontaine son lustre d’antan. Une érosion qui a mis en péril l’ouvrage,
provoquant l’affaissement de son socle. "L’édifice est plus dégradé que
prévu", reconnait Magalie Rogel, qui travaille à la direction des espaces
verts de la Ville, ayant en charge la fontainerie. Une bien mauvaise
surprise, puisqu’il faut désormais déplacer le local technique, situé
sous la fontaine. "Une grotte", confie l’experte, qui aura à terme son
pendant quelques mètres plus à l’ouest, où les ouvriers s’affairent à
remplacer le vétuste local par une structure flambant neuve. Conséquence
: les travaux de l'ensemble de la place des Jacobins prendront du retard prendront du retard. La livraison, initialement prévue
fin 2012, devrait être ajournée à mars 2013. Pour autant, les travaux de voiries alentours, à la charge du Grand Lyon, continuent.
L’entretien du statuaire du monument fait également l’objet d’une
attention particulière. Le marbre des quatre statues qui le compose
s’effrite en poudre à certains endroits. Il faut nettoyer, récurer,
boucher. Un travail de fourmi. Pour toutes ces petites mains qui
s’affairent autour du monument, il faut libérer le marbre blanc de sa
gangue de calcite, éliminer toutes les concrétions calcaire et les
algues et lichens qui ont pris possession de l’édifice. "Le nettoyage
est terminé, nous pouvons commencer les greffes", détaille Emmanuel
Desroches. Des rustines de résines comblent les fissures qui fragilisent
la fontaine. Les pierres ainsi choyées seront traités au final avec des
produits hydrofuges pour les rendre plus résistante. La fontaine des
Jacobins, construite grâce à la générosité du sieur Danton, a été
inaugurée en 1886. Anecdote d'époque, le généreux donateur, excédé par les
grincements de la pompe à eau qui garnissait initialement la place,
aurait décidé de faire ériger en lieu et place une fontaine. La petite histoire vaut à l’adjoint à
l’aménagement de la Ville Gilles Buna ce prosaïque regret : "c’était une
belle époque où, quand les citoyens se plaignaient d’un
dysfonctionnement, ils finançaient le remède."
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