De l'intertemporalité des Nuits Sonores et des barbes de trois jours en milieu urbain

De l'intertemporalité des Nuits Sonores et des barbes de trois jours en milieu urbain
Romain Blachier - DR

Quoi de plus installé dans la modernité que les Nuits Sonores, "forme contemporaine de communication et modification réelle du réel", comme le dirait Raoul Vaneigem.Cette année encore, Vincent Carry et son génie de la communication, Mathieu Gallet, auront réussi à faire bouger la Ville dans tous les sens avec des Nuits Sonores au rayonnement européen et désormais mondial.  

Cette dimension était festive et musicale. Elle est aujourd'hui aussi intellectuelle avec depuis quelques années un laboratoire européen des festivals. L'édition 2012 a d'ailleurs le plaisir de recevoir l'immense et mondialement Jérémy Rifkin pour parler énergie renouvelable, internet et réseaux.
 
Et puis cette foule, bigarrée et joyeuse qui se presse de partout ! Que de chemin parcouru depuis l'époque où un Collomb fraîchement élu faisait un coup de poker en confiant des moyens consistants à une bande de fous magnifiques pour initier les Nuits Sonores. Aujourd'hui les Nuits Sonores sont une part du présent de l'identité de la Ville et une pierre de son futur. Paradoxe parfois, pour un festival qui prend toutes les dimensions du temps, étrangeté  pour un événement qui regarde aussi souvent, dans tous les sens du terme, dans le rétro. Pas seulement parce que nous en sommes déjà à la dixième année. Celle où l'on regarde derrière son épaule en méditant sur l'action passée. L'âge ou presque de certains enfants de l'équipe qui gambadent au mini-sonores, la version pour juniors du festival.

Mais le rétro est plutôt ailleurs.

Prenez la programmation : Entre Napalm Pims, pionniers de l'art brutal numérique et des dessins de moustachus ou de Mario Bros, et les papys synthétiques-glacés de New Order en passant par le revival de Jean-Michel Jarre, la plupart des participants replongent dans des années qu'ils n'ont connues qu'aux temps où ils bouclaient leur cartable Goldorak ou Candy.

Et puis prenez la tenue des participants. Premier ingrédient obligatoire, la barbe 3 jours, de façon à ressembler le plus possible à contemporain des premières années des Bee Gees ou à Georges Mickael !
Toute l'équipe de permanents du festival se retrouve d’ailleurs à montrer l'exemple puisque, gente féminine exceptée, la pilosité faciale abondamment travaillée est de rigueur. Le temps se suspend et trois jours deviennent une éternité. Le chef, Vincent, abordant d'ailleurs la plus fournie, comme chez les leaders viking de la grande époque. Le top pour le festivalier, outre la barbe modèle militant PSU de 1972, restant tout de même d'arborer une moustache soit façon Florent Marchet ou plus avancée encore version des année 80 de Gérard Collomb.

Et puis le rétro ne se limite pas au visage. Le T-shirt arborant un tas de pixels façon pacman ou la chemise à carreaux revival du catalogue de la Camif des années Giscard se côtoient dans l'harmonie des froissements sur le dancefloor. On peut aussi arborer un top comportant la date d'une année, à condition toutefois que celle-ci, ne soit pas plus récente que la dernière victoire française à l'eurovision. Sinon c'est vulgaire enfin !

Et puis pour garder un souvenir de l'instant festif, on se prend en photo en utilisant Instagram, une application pour appareils photographiques de smartphone, qui donnent à vos images un délicieux air de polaroid jauni. Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles on vous dit. Qu'ils soient futurs, présents ou passés.

En fait, en 10 ans, les Nuits Sonores auront réussi à rassembler beaucoup d'énergies, en Lyon et dans le monde. Elles auront surtout établi un exploit des plus intemporels : faire s'amuser comme des enfants des gens du temps présent habillés comme leurs parents. Un morceau d'éternel et de cinquième dimension en fait.

Retrouvez tous les billets de Romain Blachier sur son blog Lyonnitude(s).
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8 commentaires
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fanfan le 23/05/2012 à 11:15
Lucien Paul a écrit le 22/05/2012 à 09h16

Ce qui serait beaucoup plus profitable que de se déguiser façon "parents" en les singeant , serait peut-être d'en adapter les valeurs á notre époque . Simple suggestion !

C'est la génération d' après la deuxième guerre mondiale qui a ouvert la "boîte de pandore" . libéralisation des meurs, mondialisation a outrance, recherche du profit, l’argent élevé en maître du monde, sur consommation etc.......

Conséquence, super crise économique, chômage, paradis artificiel, pauvreté en occident, mais économie en pleine expansion en Asie.

Prions pour que la France ne soit pas un jour un pays du tiers monde.

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Lucien Paul le 22/05/2012 à 09:16

Ce qui serait beaucoup plus profitable que de se déguiser façon "parents" en les singeant , serait peut-être d'en adapter les valeurs á notre époque . Simple suggestion !

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stedub le 21/05/2012 à 19:06

Leila, Loli, jm Hansaplast, vous --->, merci.

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Mèresavet le 21/05/2012 à 18:30

@Loli résumer les Nuits Sonores à la drogue c'est un peu léger non ?

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Leila le 21/05/2012 à 18:29

Moi j'suis ok pour le terme "génie de la communication" car pour ramener autant de monde avec une programmation aussi pourrie, il faut savoir communiquer !

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Loli le 21/05/2012 à 00:37

Quelques jours ou lyon devient la capital de la drogue...
Invraisemblable comportement de la prefecture qui ne fait rien.

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jm le 20/05/2012 à 20:14

La république des profs détachés et des stagiaires en communication...

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Hansaplast le 20/05/2012 à 19:43

Génie de la communication? Je rigole...
Hahahaha

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