La dame a 85 ans. Sa vie est un roman qui traverse l’histoire du pays de l’Occupation à nos jours. Sur scène avec elle, il y a Vian, Sartre, Brel, Gainsbourg, même Miles Davis. Ce n’est pas du grand spectacle, ça s’écoute, les paroles ont souvent du génie. La musique est assurée par un accordéon et un piano à queue sur lequel joue Gérad Jouannest, l’époux de Gréco. Patrimoniale.
Quand elle arrive entre les colonnes antiques de Lyon, devant un amphithéâtre plein aux trois quarts, c’est dans une longue robe noire lourde mais aérienne. Elle commence par les chansons de son dernier album, ode aux ponts de Paris. Les textes ont été écrits par des écrivains, les couplets sont donc très longs. Marie Nimier lui a offert Pont Marie, avec cette définition du pont : « ça se traverse et c’est beau », sous-entendu comme la vie. Jean-Claude Carrière a livré Mirabeau sous le Pont, où bien sûr il est question d’Apollinaire, puis Le Contre-Ecclésiaste, dans laquelle « rien n’est vanité ». Elle distille également du Léo Férré, l’une de ses découvertes, avec Jolie môme, puis du Gainsbourg, déjà, avec Accordéon, aux faux airs de guinguette des bords de Marne. Ajouté aux postures de Gréco et à sa voix grave et profonde, le tableau est intéressant. Surtout quand arrive la candide Un Petit Poisson Un Petit Oiseau et la carrément érotique Déshabillez-moi. Brel aussi est présent, avec notamment la très énergique Mathilde. Mais voilà, ce soir là, la technique avait décidé de jouer les trouble-fêtes.
Cette deuxième partie bien involontaire a fait la part belle aux auteurs de la vie de Gréco. Bruxelles, de Brel, Avec le Temps, de Férré. Place ensuite à Gainsbourg, avec une chanson écrite pour elle, par amour : La Javanaise. Enchaînée avec le même Gainsbourg pour La Chanson de Prévert, elle aussi écrite pour elle à l’époque où celle qui joua dans Belphégor à la télévision interprétait Les Feuilles Mortes, de Jacques Prévert, mise en musique par Joseph Kosma. Juliette Gréco tente aussi la mythique Ne me quitte pas, puis J’arrive, chanson adressée à la mort. Elle quittera le projecteur de poursuite braqué sur elle de bout en bout en saluant le public, debout pour la raccompagner. Et debout si sincèrement qu’il le restera jusqu’à la faire revenir saluer, seule, à trois reprises. A 85 ans. Dominique Delorme pouvait venir lui remettre un gros bouquet. Quelques coussins ont même atteint la scène.
Une époque qui se meurt et disparaît avec elle . Paix éternelle à cette femme libre.
Signaler RépondreOh elle va nous manquer la Gréco....
Signaler RépondreAdieu madame. C’était bien
Signaler RépondreLes organisateurs qui travaillent à ce festival "apprecieront" votre commentaire, monsieur Jerome M
Signaler RépondreL'accueil de Juliette Gréco, c'est le symbole de la culture à Lyon, beaucoup de com, des gens de talent et une organisation foireuse très contente d'elle-même.
Signaler Répondrele son, une honte!
Signaler RépondreBravo à juliette Gréco quand même, et dire que je l'avais ratée sur scène au siècle passé à l'Olympia...