Dès la première partie, assurée par Hanni El Katib, on aura compris que ce soir là allait être un des bons des Nuits. Avec son guitariste-pianiste Christ, il a chauffé à blanc l’assistance avec ses morceaux qui vont chercher très loin, à la guitare comme au chant. En d’autres circonstances, on aurait crié au génie. Bref, la fosse était bouillante et n’attendait que de la musique pour s’emballer, elle l’a eu.
Kasabian, ce groupe qui tire son nom de celui d’une adepte
de la famille de Charles Manson, d’une femme qui était dans la voiture pendant
qu’on assassinait Sharon Tate et ses
convives , a donné à la fosse et aux gradins ce qu’ils attendaient. Comme pour
les Stone Roses, on a sauté de bon cœur, on a chanté, en haut comme en bas. Chacun
s’est levé, a adulé Tom Meighan, le chanteur un peu trop pop, et surtout Sergio
Pizzorno, le fantasque guitariste qui, à l’image de Noel Gallagher d’Oasis dont
ils ont un temps été en première partie, est capable de chanter seul avec brio
une chanson entière et susciter slams et pogos. Car c’est de cela qu’il s’agit.
On a vu une belle interprétation de Shoot the runner, bras et doigts en l’air,
une encore plus folle de Club Foot, le standard de Kasabian. Mais le summum, les chansons qui ont emporté
l’amphithéâtre, étaient les moins
célèbres du groupe. Pourquoi ? Parce qu’elles étaient jouées avec les
tripes. Le leader de ce groupe qui s’installe dans la veine de Franz Ferdinand
et des Stone Roses a reçu un gobelet de bière puis une tong en plein visage. Il
a fait contre mauvaise fortune bon cœur, se plaignant uniquement auprès de ses
camarades. Tout du long, la fosse l’a porté dans ses délires narcissiques, il n’arrêtait pas de la remercier à la fin des chansons. Mais
le vrai bon dans l’histoire, celui qui ne simulait pas, c’était Sergio. Enflammant seul les ruines antiques, il
portait à bout de bras le succès du concert et l’ivresse de ceux des premiers
rangs, où coups de coude et de poing faisaient partie du jeu. A l’appel du
chanteur, chose rare à Lyon, l’ensemble de l’assemblée s’est même retrouvée
debout sur certaines intros, à la limite de l’électro. Preuve qu’on s’est amusé
avec Kasabian, les coussins n’ont pas attendu la fin pour tournoyer dans les
airs. Tom Meighan s’est chargé en personne d’assurer le final avant que les projecteurs
ne se rallument sur la foule : il a interprété She Loves you des Beatles
seul au micro. Peut-être un peu léger au vu de l’attente du public
exceptionnellement jeune et donc enclin à la fête. Ce soir là, de belles photos
de mains tendues ont été prises. Le nombre impressionnant de gobelets de bière vides qu'on dénombrait en fin de show n'y est pas étranger.