Dépôts du Grand Lyon : "on prendra le temps qu'il faudra pour trouver une solution"

Dépôts du Grand Lyon : "on prendra le temps qu'il faudra pour trouver une solution"
Le dépôt de Gerland dans lequel a failli s'immoler un agent mardi matin - LyonMag

Le flou règne actuellement dans les couloirs du Grand Lyon.

D'abord parce que l’émotion est sincère et palpable et qu'elle empêche de réagir posément à un problème qu’on n’arrive pas à cerner. Et puis personne ne semble savoir ce qui s’est réellement passé mardi matin au dépôt de Gerland lorsqu’un agent s’est aspergé d’essence et a menacé de s’immoler.
Pour communiquer, le Grand Lyon se base sur les dires de deux employés qui ont porté plainte mercredi. Le premier est l’agent de maîtrise qui s’est pris le bec avec la victime. Le matin même, il lui annonce qu’il doit prendre son service à Vénissieux. L’homme refuse, le ton monte, il part, il revient… Selon l’agent de maîtrise, la victime l’aurait également aspergé d’essence. C’est ce qu’il a raconté à la police en allant porter plainte. L’autre collègue, lui, se plaint d’avoir reçu un coup de poing au plexus de la part de l’homme désemparé. Une demande de protection fonctionnelle a également été effectuée auprès du Grand Lyon.

Toute une scène réfutée par la figure médiatique des éboueurs lyonnais, Lotfi Ben Khelifa. Ne l’a-t-il pas vue car il n’était pas présent depuis le début ou parce que la scène n’a jamais eu lieu ? "L’enquête de police en cours nous le dira", souligne Sandrine Frih, vice-présidente du Grand Lyon et présidente du Comité d’Hygiène et Sécurité sur les Conditions de Travail. C’est elle qui avait repris le dossier après l’immolation d’un premier agent à Vénissieux. C’est elle qui est sur le pont avec le CHSCT. Ce dernier a travaillé tout le mois d’août pour dresser un cahier des charges destiné à l’expertise. Il était prévu qu’il soit adopté vendredi puis qu’une sélection de cabinets d’experts soit dressée puis auditionnée. Avant que l’expert indépendant ne soit finalement choisi le 2 octobre. Ça, c’était le planning prévu avant l’incident de mardi. Le CHSCT pourrait accélérer la procédure à l’occasion d’un vote.
L’urgence reste toutefois la même : comprendre ce qui pousse ces hommes à vouloir s’ôter la vie. "Les réponses, on ne les a pas. Sinon on aurait déjà trouvé des solutions, explique Sandrine Frih. On compte sur l’expertise pour identifier les problèmes. Il y aura un vrai travail de terrain qui pourrait durer longtemps. Mais on prendra le temps qu’il faudra. Je veux savoir ce qu’il se passe".
Même son de cloche du côté des syndicats. Hormis la CFTC de Lotfi Ben Khelifa, personne n’ose s’avancer sur les conditions du drame ni sur ce qui a provoqué ce geste désespéré. La gestion du Grand Lyon n’est même plus le principal coupable selon eux. "Les syndicats ont aussi leur part de responsabilité, glisse Pascal Bouchard, délégué CFDT. Certains réagissent trop rapidement, peut-être pour reparler des raisons qui nous avaient poussé à la grève."

Alors qu’est-ce-qui poussent des hommes brisés, entre autres, par des conditions de travail difficiles et des relations tendues avec les autres agents à vouloir commettre l’irréparable ?
Le CHSCT, dans lequel siègent 10 membres de l’administration-politiques et 10 représentants syndicaux, attend avec détermination les résultats de l’expertise pour se lancer dans un chantier que tous estiment dantesque et prioritaire. Sur ce point, les différents acteurs ont le mérite d'être sur la même longueur d'ondes.
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