Julien Despierres des Motards en colère : "la manif va engorger la Presqu'île samedi"

La FFMC appelle à se rassembler samedi place Bellecour pour manifester contre un projet européen qui imposera un contrôle technique aux deux roues. Pour Julien Despierres, c'est un bouleversement : "C’est une manifestation européenne. L’ensemble des véhicules seront touchés par cette directive. Les deux roues n’avaient jusque là pas de contrôle technique. Ca sera tous les ans. Et parallèlement le coût va sûrement augmenter."

Si les membres de la FFMC ne veulent pas mettre la main au portefeuille, c'est parce que la mesure n'est pas légitime : "aujourd'hui, la sécurité routière, c’est surtout la sécurité rentière. Les accidents dus à un défaut du véhicule représentent moins de 0,7% des accidents des deux roues, c’est une étude européenne qui le montre. En comparaison, le nombre de motards qui se tuent contre une glissière de sécurité, c’est 5,8%. Il n’y a pas de corrélation réelle entre la défaillance des véhicules et l’accidentologie. Le contrôle technique n’améliorera pas la sécurité routière. C’est une taxe de plus."

Dans ses communiqués sur la sécurité routière, la Préfecture met souvent en avant les deux roues. Là encore, Julien Despierres n'est pas d'accord : "Au lieu de travailler sur la stigmatisation d’usagers, on ferait mieux de travailler sur le partage de la route. Parce qu’on a une augmentation de 7% des deux-roues motorisés en centre-ville mais le chiffre des accidents reste stable. On est la catégorie d’usagers en terme de kilomètres parcourus qui a le moins d’accident."
 
Les Motards en colère vont donc se rassembler samedi après-midi à Lyon. Et Julien Despierres prévient, il y aura du grabuge sur les route : "Sur des sujets comme le contrôle technique, on s’attend à pas mal de monde. Il y a plusieurs choses dans cette manifestation, on a d’abord fait un gros travail de lobbying auprès de nos députés européens, on espère qu’ils seront là. Ensuite le rassemblement sera à 14h place Bellecour avec explications de nos revendications. Beaucoup de motards ne sont pas au courant, ainsi que les automobilistes et les habitants de l’agglo lyonnaise. Et enfin un cortège partira, direction le périphérique. Donc on peut s’attendre à "quelques" désagréments entre 14h et 18h. Puis on retournera sur la Presqu’île, qui reste elle aussi d’être fortement engorgée. On sait que ces manifestations dérangent certaines personnes. Mais notre but c’est d’être entendu."

Le cortège pourrait semer la même pagaille qu'en juin 2011. Pourtant, les Lyonnais comprennent leur combat selon le motard : "Les automobilistes sont en majorité avec nous. Sur beaucoup de nos combats, comme les radars automatiques, ils sont d’accord. Beaucoup participent d’ailleurs à nos réunions, aux manifestations, certains adhérent à la FFMC."

"Le contrôle technique, c’est un point qu’on ne lâchera jamais. On est sûr de notre bonne foi. Et en plus elle est appuyée par des études sérieuses, à portée européenne. Mais notre problème, c’est que les études qui sont apportées à la commission européenne sont portées par Dekra, qui a tout intérêt à vendre du contrôle technique. On estime ce marché du contrôle des deux roues motorisées à un marché de 2 milliards d’euros par an. C’est une affaire de part de marché et pas de sécurité routière."

Si la manifestation rassemble énormément de monde à travers l'Europe, Julien Despierres espère avoir un impact sur le projet de contrôle technique. La FFMC en a déjà eu : "On est souvent écouté, la FFMC est un partenaire incontournable de tout ce qui tourne autour de la sécurité routière des deux roues motorisées, sur la formation, la prévention. Est ce que concrètement nos actions portent ? Sur certains cas oui. Mais ça reste un combat de tous les jours."