C’est comme la rentrée des classes, la sortie d’un nouveau Woody Allen, d’un Amélie Nothomb, que la cadence est donc régulière, c’est l’ouverture en fanfare des premiers futs du Beaujolais Nouveau.
Pauvre beaujolpif, produit cette année par des viticulteurs en pleine souffrance : si la récolte du raisin est bonne, elle est chiche.
Pauvre beauj’ nouveau, méprisé par les délicats. Osez un seul moment dire que vous prenez, ne serais-ce qu’une once de plaisir à une lampée de son jus fruité, et vous passerez pour le dernier des malotrus, pour un ignare de la boisson, pour un béotien du viticole et un ignare de la gastronomie. Pire même : pour un touriste de la tendance des ravis permanents, nouvelle appellation politiquement correcte fabriquée par votre serviteur pour désigner les imbéciles heureux.
Cela n’empêche pourtant pas les notabilités lyonnaises, sur leur composante la plus vieillissante, ces éminences pourfendeuses émérites du jugé trop vulgaire breuvage, à droite comme à gauche, dans les affaires, les médias comme la politique, que de s’arracher les cartons d’invitations, les précieux cartons, pour le goûter avant tout le monde chez m’sieur l’Préfet, au conseil général ou au Hilton, sous les auspices du Progrès.
"Il faut s’efforcer d’être jeune comme le Beaujolais", disait Robert Sabatier. Ces augustes vieillards et semis-vieillards en notabilités chercheraient-ils le sang de la jeunesse dans les coupes échangées ce soir d’avance sur tout-venant obligé d’attendre minuit la perce des tonneaux à Bellecour ?
Cessons d’être mauvaise langue, nous avons besoin de conserver tous nos sens gustatifs pour l’ouverture des bouteilles à venir.
Pauvre nectar nouveau ! Pourtant tu as beau avoir inspiré les Côtes-du-Rhône et la Touraine, tu as beau partir par cargos entiers à Pékin comme à Tokyo, tu peux courir les verres et les carafes de la France et du globe, on te refuse toujours le pourpre (un comble pour un vin rouge) de l’authenticité et de la véracité, on ne veut pas que lors d'un moment, échappé un peu du formatage, on te laisse un respirer sur le zinc des verres trinqués en amitié.
Certes, après avoir goûté un peu tes atours, certaines années de framboises, d’autres de banane, on peut aisément se lasser parfois d’un abus d’aromates aussi étrangers au raisin que Nadine Morano, Michel Charasse ou Kim Dotcom au bon goût.
Certes tu es, de ton terroir, sans doute pas le plus charpenté ni le plus affiné. Tu es un peu superficiel à te comparer à tes frères du Fleurie et du Côte de Brouilly et sot serait celui qui voudrait abuser de tes charmes. Il en ressortirait le lendemain casqué façon Godefroy après un bon bouillon.
Il est vrai que les mauvaises langues te disent plus calibré dans les dossiers des études marketing que dans les tréfonds de la terre-mère. Ou que tu pourrais inciter les gros consommateurs de boissons alcoolisées à suivre cette maxime "Boire peu pour boire longtemps".
Mais qui, à part toi, peut se gargariser (non ne vous gargarisez pas AVEC du beaujolais nouveau, l’effet serait redoutable) de donner autant le sens de la fête à la percée de tes outres ? Au débouchage de tes bouchons. Certes, comme le dit le Talmud, il n’y a pas de joie sans vin et tu n’as, c’est évident pas à toi tout seul l’exclusivité de la possibilité de l’ivresse des êtres.
Mais qu’il est doux ce jeudi où l’on s’interpelle à longueur de rues et de quartiers de Lyon pour un verre entre copains. "Eh t’as goûté le beaujolais nouveau ? Viens tu me dira quel goût il a cette année…".
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Mercredi 14 Novembre 2012 à 15h18
Défendons (un peu ) le beaujolais nouveau
C’est comme la ponctuation d’une année.
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romain blachier
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Alors que donne le beaujolais ?
Signaler RépondreDe l'amertume comme plusieurs mois après l'élection de François Hollande ?
Le vin du Beaujolais cultive l’ambiguïté. Il y a le Beaujolais nouveau, une piquette à vous donner mal au crâne pendant plusieurs jours, et le beaujolais des crus Malheureusement c’est le Beaujolais nouveau qui fait la renommée désastreuse de ce vin. A Lyon, si vous offrez à vos amis du Beaujolais, ils pensent que vous n’y connaissez rien en vin. Il vous demande un côte !
Signaler RépondreEt pourtant à coté de la piquette il y a de très bons crus :Chénas, Juliénas,St Amour, Régnier, Moulin à vin, Fleurie,Morgon, Brouilly …avec un rapport qualité/prix acceptable. Ces vins subissent le contre coup de la mauvaise réputation de la piquette. Il faudra, si les vignerons veulent encore survivre, choisir entre la qualité des crus, et le coté festif du Beaujolais nouveau.
Combien vous paye les lobbys du vin pour tout d'un coup faire un article sur le beaujolais ? Je plaisante ! Mais Finalement dans ce billet vous restez beaucoup au conditionnel et avec trop d'approximations : "un peu", "pas le plus" histoire de ne pas attirer les foudres des producteurs certainement. Mais finalement on ne voit pas quel est votre avis concrètement vous aimez ou pas le beaujolais ? De même pourquoi se rapporter encore à la politique, est-ce journalistique ou "bloggiste" de dire un tel à bon goût où non.
Signaler RépondreBien à vous !
Signaler RépondreToutes actions et initiatives pour continuer ou sauvegarder nos traditions sont les bienvenues fussent elles de gauchistes.
D'autant que cela nous change de la farce festive du 8 décembre initiée par la Ville de Lyon depuis une dizaine d'années maintenant.
Bonne dégustation !
Un bien bon article mon cher Romain !
Signaler RépondreMerci mais pour le coup je serais encore plus identitaire que vous: je boirais du beaujolais jeudi uniquement dans le 7e arrondissement, avec les habitants et dans les établissements de notre quartier. Avec modération et bonne humeur.
Signaler RépondreM. Blachier, nous vous invitons parmi nous jeudi soir pour le Beaujolais à moins que vous soyez chez m’sieur l’Préfet, au conseil général ou au Hilton, sous les auspices du Progrès.
Signaler Répondrehttp://www.lyonlemelhor.org/2012/11/soiree-beaujolais-la-traboule-jeudi-15-novembre/