Il est également chef sommelier au restaurant gastronomique Georges
Blanc (trois étoiles au Guide Michelin). Il livre son analyse du
Beaujolais Nouveau et de la situation du Beaujolais en général à
LyonMag.com.
LyonMag.com : Comment avez-vous trouvez le Beaujolais Nouveau ?
Fabrice Sommier : Chaque année on a la chance d’avoir quelque chose de différèrent.
Cette fois, je dirais qu’on a un vin porté plus sur l’élégance, sur le
fruit, un vin facile, et gourmand. 2012 a été une année compliquée mais
les producteurs s’en sont très bien sortis, que ce soit chez les grands
négoces ou chez les plus petits vignerons. Leur travail a été plus
compliqué. Mais même s’il y a moins de volume, car moins de raisins,
j’espère qu’ils feront tout de même de bonnes ventes.
LM : Qu’appelez-vous un vin facile ?
FS : C’est un vin qui se boit et non pas qui se déguste. On a trop
tendance aujourd’hui à boire des vins forts à 14° d’alcool, qui nous
assomment…même s’ils sont très bons ! On a la chance d’avoir dans le
beaujolais des vins gourmands, notamment les primeurs qui sont des vins
de plaisir, de copains, de bistrot. Ils sont faits pour partager, on
savoure le vin nouveau avec un morceau de saucisson, ça permet aux gens
de se rapprocher.
Car la cuisine est très importante, ces vins du beaujolais se marient à
merveille avec la riche gastronomie lyonnaise. Mais également sur plein
d’autres choses, plus simples, comme une viande grillée.
LM : Que pensez-vous de l’image populaire du Beaujolais, elle est un avantage ou un inconvénient ?
FS : Je ne pense pas que ce soit un inconvénient, au contraire, ce qui
rapproche les gens est un avantage ! Il faut consommer ce vin avec
modération et amitié.
LM : Vous ne faîtes donc pas partie des personnes qui n’aiment pas la fête autour du beaujolais ?
FS : Non, on ne peut qu’être heureux de cet engouement, alors oui
parfois il y a des excès et des gens abusent. On voit le côté négatif
mais pas assez le positif et le travail qui est derrière. Il faut que
l’excès soit canalisé et puis il y a un vrai travail de fond à faire
pour que les gens s’intéressent au beaujolais et sa région et pas que
pendant le Beaujolais Nouveau.
LM : Depuis plusieurs années, on cherche à revaloriser l’image de ce
vin, avec par exemple l’opération "mariage entre les arrondissements
de Lyon et crus du Beaujolais", quand pensez-vous ? :
FS : C’est un formidable projet, très populaire. Cette année, les
sommeliers étaient présents. Les cuisiniers préparaient des plats à base
de vins locaux, et puis il y avait des expositions avec des photos pour
faire découvrir la culture et l’histoire de ces appellations aux Lyonnais.
LM : C’est aussi le rôle des restaurateurs et des cuisiniers de mettre ces vins en valeur ?
FS : C’est évident. Dans le restaurant où je travaille, j’ai la chance
de pouvoir acheter du beaujolais, je suis libre de mes mouvements. Les
sommeliers ont compris l’intérêt de le mettre en avant, les cuisiniers
sont parfois quelque peu sceptiques mais il faut expliquer aux gens et
faire de la pédagogie. De toute façon il n’y a qu’une seule vérité c’est
celle du verre. Même si les clients ont des a priori, on arrive
toujours à leur redonner du rêve avec vin et un plat.
A Lyon, trop longtemps les restaurants servaient des vins de la vallée
du Rhône parce que c’était plus facile que de mettre des pots de Côte du
Rhône que du beaujolais, il y avait un côté un peu « bobo » c’était
bien de dire que le beaujolais était pas bon… mais voilà les mentalités
changent et c’est tant mieux.
LM : Quoiqu’il en soit, le succès est toujours là, on le voit avec les
exportations (36 millions de bouteille de Beaujolais Nouveau sont
distribuées dans le monde entier)
FS : Soyons en fiers ! Lyon se bat justement en ce moment pour recevoir
la Cité de la Gastronomie, on doit être fier du vignoble qui nous
entoure ! Je suis ravi lorsque je vois le sourire des gens avec un verre
de beaujolais. J’insiste, les vins du beaujolais ont beaucoup à nous
apporter, pour les restaurateurs et les sommeliers mais toute la région.
Car effectivement d’un point de vue éco, plus le beaujolais sera fort,
plus la région le sera également. D’ailleurs on devrait d’avantage
travailler au développement de l’œnotourisme.
LM : Alors on goute quoi cette année, un Beaujolais Nouveau, un Beaujolais Village ou un grand cru ?
FS : Il faut tout goûter ! En ce moment on est dans le Nouveau alors il
ne fait pas hésiter mais il faut aller voir aussi d’autres beaujolais,
blancs ou rosés. Je donne également un conseil aux parents, dans le
Beaujolais des producteurs font des jus de fruit 100% Cépage Gamay,
donnons aux enfants à boire de bonnes choses, on les aidera à
s’intéresser aux vins et à la gastronomie.
Bravo Fabrice, ton avis est bien plus pertinent et légitime que les nombreux sois-disants "spécialistes" qui stigmatisent (sans jamais le boire) le Beaujolais Nouveau.
Signaler RépondreLa qualité est au rendez-vous et cela reste un vin gouleyant, friand et qui se boit facilement entre amis, n'en déplaise aux buveurs d'étiquette!
Le nouveau Jean-Pierre Coffe ?! ;-)
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