Gilles Adam, astronome à l'Observatoire de Lyon : "Fin du monde ? Si les Mayas étaient là, ils prépareraient Noël !"

Vendredi 21 décembre, la fin du monde est annoncée par tous les conspirationnistes et autres adorateurs des thèses apocalyptiques. Pour Gilles Adam, il n’y a rien à craindre :
"Du point de vue des astronomes, il n’y aura pas de fin du monde en vue. On peut préparer Noël tranquillement et je pense que si les Mayas étaient là, ils prépareraient également la suite. Pour eux c’est simplement la fin d’un cycle."

Pour expliquer les origines de cette date, Gilles Adam donne vendredi une conférence à l’Observatoire de Lyon sur les calendriers du monde et notamment le maya qui est la clé de ces croyances. Finalement d’où est partie cette histoire ?
"Pour les Mayas, c’est donc la fin d’un cycle. Il y a une réalité du calendrier, il en avait besoin. Donc ils ont commencé à faire un calendrier sacré de 160 jours puis un calendrier de 365 jours, plus proche de la vraie durée de l’année. Ils se sont aperçus que ce n’était pas pratique donc ils ont fait un super-calendrier : le compte-long. On arrive bientôt à la fin de ce compte, on ne connait pas exactement la date puisqu’on ne connaît pas l’origine du calendrier maya."

C’est pour ça que certains avancent différentes dates de fin du monde comme 2020, 2036, 2116 et même 4772 ?
"On sait très peu de choses sur la culture maya puisque presque tous les écrits ont disparu. Donc toutes ces dates sont relativement incertaines."

Cette année, est-ce que dans l’alignement des planètes ou autres, il y a un événement particulier ?
"Non rien de particulier. Au 21 décembre, dans un cercle de 10 degrés, on a Mercure qui ne se voit presque pas à l’œil nu, on a Vénus et puis le Soleil qui n’est pas très loin. On aura une étoile brillante à côté, bref, un alignement qui n’a absolument rien de particulier. On a eu, dans les années précédentes, des alignements beaucoup plus spectaculaires. Et puis ca n’a aucun effet sur le plan de la météo ou de la physique. Les planètes sont trop loin. Il faut comprendre que tout ça est très anthropocentrique : si vous êtes sur n’importe quelle autre planète, il n’y a pas d’alignement. C’est donc avoir beaucoup d’outrecuidance que de penser que l’univers va s’occuper du fait que la Terre est alignée avec d’autres planètes."

Ce buzz autour de la fin du monde amuse, fascine. En tant que scientifique, comment le perçoit-on ?
 "Il ne m’énerve pas. Il m’amuse en tout cas. Je trouve ça remarquable comme les gens ont besoin de merveilleux et comme ça marche bien. Ce qui est un peu déplaisant, c’est que ça démontre bien la puissance de la rumeur, c’est vraiment une dérive d’Internet et des réseaux sociaux."

Avec les autres astronomes de l’Observatoire, vous avez écrit un livre en début d’année : ’21 décembre 2012, un solstice maya ou imposture ?’. Le but était d’expliquer ou de participer à l’effervescence autour de l’événement ?
"Je ne vais pas botter en touche mais je n’ai fait que relire avec grand plaisir le livre de mon collègue Philippe Merlin. C’était pour apporter des informations objectives à ceux qui voulaient savoir une fois pour toutes ce qu’il fallait penser de tout ça. C’est une œuvre de salubrité publique je pense."

A l’approche du 21, avez-vous été plus sollicité ? Y-a-t-il des Lyonnais qui vous appellent affolés ?
"Non, je pense que ca illustre encore une fois le fait que la fraction de la population qui est vraiment convaincue par ce genre de choses est extrêmement faible. Le bruit que l’on en fait est tout à fait disproportionné avec l’importance de la chose."

L’Observatoire de Lyon situé à Saint-Genis-Laval organise des conférences le 21 décembre, sur les calendriers et les météorites.