Etienne Bloch, délégué CGT au Virgin Megastore de Lyon : "Nos clients sont un peu atterrés"

Etienne Bloch, délégué CGT au Virgin Megastore de Lyon : "Nos clients sont un peu atterrés"
Etienne Bloch - LyonMag.com

Etienne Bloch, délégué CGT au Virgin Megastore de Lyon, était l’invité ce lundi de Jazz Radio pour l’émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

Les salariés de Virgin seront peut-être fixés lundi après-midi sur leur sort. Le tribunal de commerce de Paris doit en effet examiner le dépôt de bilan de la direction du groupe. Quelles sont aujourd'hui les dernières nouvelles ? "Actuellement, on est complètement dans le vide. On attend une poursuite de l’activité, c'est-à-dire dans la période d’observation pouvoir trouver un repreneur totale ou partiel. Nous avons envie de pencher sur un repreneur total parce qu’il y a une énergie dans les magasins".

La direction est plutôt optimiste sur le fait qu’il pourrait s’agir d’une procédure de redressement judiciaire. "Oui. La direction a quand même envie de cela. Elle veut céder des actifs et nous avons envie de nous diriger vers une reprise de nos magasins".

A l’inverse, le pire cas pourrait-être la liquidation judiciaire qui signifierait la mort de l’entreprise. "La liquidation judiciaire irait vraiment très vite. On aurait des indemnités minimales et on s’est quand même investi en supprimant par exemple le treizième mois. Et effectivement c’est à Butler de payer l’addition".

Aujourd’hui, on voit que cette industrie est très touchée par les difficultés. Est-ce que des repreneurs peuvent être intéressés ? "On sait qu’il existe des modèles culturels viables qui marchent. Peut-être des modèles de proximité. Nous faisons appel à n’importe quel repreneur qui voudra, contrairement à Butler, avoir l’œil sur nous, de l’anticipation et des envies de développer".

Sur le fond, on a l’impression que les magasins Virgin et les autres enseignes n’ont pas su prendre le virage du choc du numérique. "Dans les années 2000, nous n’avons pas eu de site de commerce en ligne ce qui aurait permis une proximité avec tous les habitants de France. On a eu un site de téléchargement vraiment trop tardif avec une offre pas assez grande à mon goût".

Que faire pour l’avenir de ces magasins culturels ? "En comité d’entreprise, nous avons repensé le modèle. On était d’accord pour peut-être des magasins plus petits et plus adaptés. Au final, faire des magasins multicanaux où l’on pourrait à la fois télécharger, voir le produit physique, faire la passerelle avec d’autres produits, avoir les compétences d’un vendeur, diversifier l’offre du loisir créatif et du jeu de société. Bref, quelque chose qui fasse la passerelle entre le créatif, le loisir et la culture".

Y a-t-il toujours du monde qui vient au Virgin Megastore de Lyon ? Peut-on parler d’une forme de solidarité ? "Le magasin est toujours ouvert. Les plus anciens clients on les remercie. Ils peuvent aller sur Facebook pour soutenir les salariés de Virgin. Les clients sont un peu atterrés de voir qu’un grand magasin de produits culturels et qui a des emplacements stratégiques puisse fermer. Ils ne comprennent pas vraiment la déroute".

On voit toujours qu’il y a beaucoup de monde dans le Virgin Megastore. Mais est-ce que bien souvent ce sont toujours les mêmes qui achètent ? "Ces gens qui ont un peu délaissé la vente des disques sont peut-être allés voir sur Internet ou chez les petits disquaires. Le collectionneur cherche de partout. Pareil en ce qui concerne le livre. Il existe encore un marché physique grâce à des librairies spécialisées et puis aussi des petites structures".

Les salariés de Lyon sont-ils encore prêts à se mobiliser pour se faire entendre et peser dans la balance ? "On va devoir se mobiliser pour peser contre Butler capital, l’actionnaire. On en veut pas se laisser avoir. On veut revendiquer et on veut continuer à placer un repreneur éventuel avec un nouveau modèle et en parler avec lui".
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