Lors de la précédente audience, le 16 janvier dernier, le procureur avait requis contre elle une peine de 21 ans de prison.
Sevil Sevimli est retenue en Turquie depuis dix mois. Elle a été arrêtée le 10 mai 2012, alors qu'elle suivait une année Erasmus dans le cadre de ses études. D'abord incarcérée, elle est aujourd'hui assignée à résidence. Elle est accusée, avec quatre autres prévenus, d'"appartenance à une organisation armée" et de "propagande pour une organisation illégale". Son crime : avoir assisté au concert d'un groupe de rock subversif, manifesté lors du 1er mai et collé des affiches pour l'enseignement gratuit à l'université - autant de preuves, selon l'accusation, de sa proximité avec l'extrême-gauche turque, et avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), considéré comme une organisation terroriste par l'Union européenne. Le président de l'Université Lyon-2, qui a apporté son soutien à Sevil, se dit "inquiet", en raison notamment du changement de procureur.
"Je me considère toujours comme prisonnière"
A sa sortie du tribunal, en janvier dernier, Sevil avait déclaré : "Oui, je suis de gauche. Je suis socialiste. Je le dis sans m'en cacher. Il n'y a d'ailleurs rien à cacher, c'est ma manière de penser, je défends l'égalité et la démocratie. On accuse beaucoup de jeunes d'être des terroristes, simplement pour avoir assisté à un concert (du groupe Yorum), alors que tout cela est légal. Par centaines, des jeunes, des travailleurs, des fonctionnaires, des syndicalistes, des intellectuels, des journalistes sont en prison. Ils ne sont même pas condamnés, ils sont détenus, en préventive. [...] J'ai connu la prison, et je me considère toujours comme prisonnière, parce que je suis loin de ma famille qui est en France".
Une délégation de son comité de soutien, du Parti communiste, sera présente lors de l'audience, tout comme la vice-bâtonnière du barreau de Lyon.