Récemment, le combat de certains pères a été très médiatisé, notamment
lorsque l’un d’entre eux est monté au sommet d’une grue à Nantes. Ils
mettaient en avant leur sentiment de mise à l’écart au moment du choix
de résidence de l’enfant après la séparation. Estelle d’Ambrosio vous
êtes régulièrement en lien avec les juges aux affaires familiales (JAF),
les mères sont-elles systématiquement avantagées ? "Il y a eu beaucoup
d’évolution en droit de la famille et dans la manière dont les
décisions de justice sont rendues. A une époque, les mères avaient en
priorité la résidence des enfants et les pères avaient un week-end sur
deux. Aujourd’hui on voit une évolution évidente de la place que
prennent les parents auprès de leurs enfants et les JAF la suivent. Les
choses n’ont peut-être pas été aussi rapides que certains pères
voudraient qu’elles le soient".
Les associations de père disent que
comme la majorité des juges sont des femmes, c’est la raison pour
laquelle les décisions penchent souvent en faveur des femmes. "Ce n’est
pas du tout une réalité. A Lyon, bien au contraire, beaucoup de mères
sont surprises de la manière dont on a pu mettre en avant le rôle du
père et dans les jugements il est bien souligné que les pères ont toute
leur place auprès de leurs enfants".
Sur quels éléments un juge aux
affaires familiales va trancher pour un parent plutôt qu’un autre ? "Sur les éléments qu’amènent les parents, c’est-à-dire en fonction de la
disponibilité des parents, le lieu d’habitation et la continuité par
rapport au rythme qu’avait l’enfant avant la séparation".
Au centre
de la famille et de la médiation de Lyon, vous êtes un des outils pour
permettre que ça se passe bien. Comment fait-on appel à vous ? "Les
parent peuvent venir par eux-mêmes en nous appelant et en prenant un
rendez-vous, au moment de la séparation, même avant de passer devant le
juge pour un divorce. Ils peuvent le faire à tout moment, avant, pendant
ou après une procédure. Ce sont les médiations conventionnelles. Les
parents viennent aussi beaucoup parce que leurs avocats les invitent à
venir, alors qu’ils sont en train de préparer une audience par exemple.
Ils peuvent venir enfin lorsque les juges les envoient ou leur proposent
lors de l’audience une médiation familiale. Si les parents l’acceptent,
le juge peut demander dans son jugement à ce que les parents aillent en
médiation."
Faut-il que les parents soient volontaires ? "Oui dans tous les cas, il faut qu’ils soient volontaires".
De
qui dépendez-vous, au centre de la famille et de la médiation ? "Nous
sommes une association loi 1901. A Lyon, toutes les associations sont
indépendantes car nous ne sommes pas les seuls à faire de la médiation
familiale, il y a des libéraux qui en font aussi. Les associations
telles que la notre sont conventionnées, notamment par la Caisse
d’allocations familiales et des villes de la région comme Lyon et
Villeurbanne qui participe au financement de la médiation familiale.
Tous les partenaires ont permis de mettre en place un barème pour que
les parents payent en fonction de leurs revenus."
Comment fonctionne
la médiation, quel est le travail de l’association ? Car les couples qui
viennent sont en train de se séparer et ont donc des relations
difficiles. "Dans un premier temps notre travail est d’écouter les
parents. On reçoit les parents ensemble pour les informer sur ce qu’est
la médiation familiale et comment cela fonctionne. Une fois que cet
entretien d’informations gratuit est passé, on reçoit les parents
individuellement. Et c’est lors de cet entretien individuel que l’on a
accès à ce que vivent les parents, quelle est leur vision propre de la
situation. Notre travail va être de leur permettre d’avoir des récits
qui se rapprochent l’un de l’autre. Car au début les parents se voient
comme étant quasiment des ennemis, notre travail va être de les ramener
vers un intérêt commun qui est celui de l’enfant."
Quels sont vos
résultats ? "Dans beaucoup de situations on ne voit qu’un parent. Soit
parce qu’en partant ils vont essayer de résoudre les choses par
eux-mêmes, soit parce que l’autre parent n’est pas intéressé. On a
beaucoup d’entretiens comme ça, donc la médiation ne se met pas en
place. Mais quand la médiation se met en place, une fois que les deux
parents sont venus et ont vraiment adhérer à la médiation, on a vraiment
de très bons résultats, entre 70 et 80% de résultats positifs".
La
crise économique pèse-t-elle sur les couples et provoque-t-elle plus de
séparations ? "Je ne trouve pas, mais c’est mon avis personnel. On a
des personnes qui payent deux euros, d’autres qui payent 131 euros. Donc
la population est très variée. Les problèmes de couple touchent tout le
monde. Personne n’est à l’abri".
Lundi 25 Mars 2013 à 08h57
Estelle d'Ambrosio, centre de la famille et de la médiation : "A Lyon, les juges ne favorisent pas les femmes"

Estelle d'Ambrosio - LyonMag
Estelle d’Ambrosio, directrice du centre de la famille et de la médiation de Lyon, était l’invitée ce lundi de Jazz Radio pour l'émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.
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