Dans ce livre "Grands criminels lyonnais", vous présentez en 17 récits
des affaires qui ont marqué Lyon. C’est très large ; ça va de 200 ans
après Jésus-Christ avec l’empereur romain Caracalla au grand banditisme
des années 70-80. Quel a été votre fil directeur ? "Mon fil directeur
si j’ose dire, ça a été les profils des criminels, les histoires que je
pouvais en tirer, des affaires à la fois intéressantes, qui rejoignent
souvent la grande histoire et qui soit à mon sens humainement
intéressants".
Justement, commence choisissez-vous ces
personnages ? "Il y avait à la fois des incontournables comme Caserio
qui est l’assassin du président Carnot en 1894, et après ça j’ai
sélectionné mes favoris suivant le destin qu’ils avaient ou la fin
tragique qu’ils connaissaient".
On voit qu’il y a un gros
travail de documentation mais on sent aussi que vous avez voulu les
mettre en scène ces personnages ? "Tout à fait. C’est traité à la
manière d’un récit. Toute l’ambition, c’était de suivre et de coller au
plus près de ce qui avait été la réalité de leur vie et de leur fin,
tout en amenant ça dans un récit. Des fois, cela crée des petites
tensions et à la fin j’ai fait de petits paragraphes pour dire ce que
les historiens ont pu dire, là où il y a des polémiques, où l’on n’est
pas d’accord…".
En effet, il y a pas mal de débats sur le
déroulement des faits et sur la mort de ces personnages là. "Absolument. Alors ça tient à deux choses ; ça tient à la fois au fait
que parfois des versions officielles, et puis en même temps il y a le
feu de l’action. Ceux qui ont été sur le terrain le disent bien, il est
très difficile après coup de dire comment ça s’est passé".
Y
a-t-il des affaires qui évoluent encore aujourd’hui ? Comme par exemple
la mère des Poilus, Clothilde Bizolon qui a été retrouvée tuée chez elle
en 1940, vous racontez que le meurtre a été commis par un unijambiste.
Mais ces derniers jours, un Lyonnais qui avait 16 ans à l’époque dit que
ce serait plutôt un soldat qui l’aurait tué ? "J’ai effectivement vu
passer cette information qui m’a beaucoup intéressé. Malheureusement, il
était trop tard pour en faire mention dans le message final. Mais il y a
quand même quelque chose qui a fait qu’aujourd’hui encore, j’aurais
tendance à penser à la culpabilité de l’unijambiste, c’est qu’il s’est
suicidé et il y a quand même des éléments à charge qui ont été retrouvés
chez lui comme le marteau ensanglanté avec des cheveux. Mais il y a
peut-être un scénario plus compliqué".
Au-delà de Lyon, quel est
le point commun entre un empereur romain brutal et entre un braqueur
des années 70 ? "C’est difficile de faire le rapport entre quelqu’un
qui agit pour des motifs politiques pour lequel le regret n’existe pas.
Mais la question qui revient toujours c’est pourquoi être passé à l’acte
tel jour, telle heure…".
Dans ce livre, on voit aussi comment a
évolué Lyon. C’était une vraie volonté de faire découvrir Lyon au début
de chaque histoire ? "C’est déjà important parfois de comprendre le
contexte, parfois politique, parfois économique…Et puis c’est une
occasion aussi de découvrir des lieux de Lyon, de retrouver toutes les
courses-poursuites…".
Vos histoires s’arrêtent au niveau des
années 70. Cela veut dire qu’aujourd’hui il n’y a plus de criminels de
ce type là ? "Disons qu’une certaine criminalité s’est achevée. Là on
est très vite dans des criminels qui montent au braquage car ils ont
accès à des armes de guerre par les trafics de drogue bien plus
rapidement, mais ils n’ont pas non plus la formation militaire qu’a pu
avoir le gang des Lyonnais, et ils sont d’autant plus dangereux".
Lundi 22 Avril 2013 à 08h54
Nicolas Le Breton, auteur de "Grands criminels lyonnais" : "La criminalité a changé à Lyon depuis les années 70"

Nicolas Le Breton - LyonMag.com
Nicolas Le Breton, guide conférencier à l’office de Tourisme du Grand Lyon et auteur du livre "Grands criminels lyonnais", était l’invité ce lundi de Jazz Radio pour l'émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.
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