C'était en écoutant un peu du génie protestant de Bach, un Bach dont les suites en violoncelles étaient peut-être interprétées par des mains peut-être athées, juives, musulmanes, taoïstes qui sait.
C'était donc dimanche, sous mes yeux donc "Le paresseux se croit plus sage que sept hommes qui répondent avec bon sens" (prov 26.16) quand un pop-up est apparu subitement et m'a balancé sur une page violemment opposée au "mariage gay". Interrompre ma méditation religieuse au nom de la religion, voilà qui ne manque pas de sel mais qui est révélateur de notre climat français.
Il y a bien sûr ces questions des semaines passées, avec la passion cristallisée autour du mariage pour tous qui sera, c'est heureux, voté par la majorité ce jour après une procédure accélérée en deuxième lecture pour mettre fin à un psychodrame qui dure. Je me demande toujours quelles auraient été les réactions de nos amis Cochet, Fenech, Havard, Meunier etc... si des imams et non des émules d'une version dure du catholicisme avaient bloqué des rues pour manifester contre le gouvernement ou avaient conduit une émeute contre une journaliste dans une gare…
La laïcité de nos amis de droite est souvent à deux vitesses...
Il est d'ailleurs inquiétant, concernant l'Islam, que celui-ci soit systématiquement abordé sous l'angle de l'intégrisme. Autant, mes lecteurs le savent, j'ai une opposition viscérale contre la burqa et j'avais trouvé à l'époque le groupe socialiste plutôt tiède sur le sujet, autant je suis opposé au voile à l'école (mais comme au ritualisme religieux de façon générale, y compris chez les protestants, ma confession de choix), autant cette manière de systématiquement interpeller chaque musulman sur un plateau télé pour l'interroger,lui demander de se justifier sur un catalogue des horreurs terroristes me choque profondément.
Vous me direz, niveau médiatisation, les catholiques ne sont pas non plus toujours mieux logés : on montre plus facilement les défilés des minoritaires de Civitas que les concerts des Lyonnais de Glorious ou le travail d’œuvres comme Notre-Dame-des-Sans-Abris à la Guillotière.
Cette politisation de la religion, qu'elle soit voulue comme ce fut le cas par certains responsables contre le mariage pour tous ou subie est fatigante, même si appartenant désormais à une tradition religieuse, le protestantisme, qui a la séparation du spirituel et du temporel en bandoulière, je suis sans doute moins dans l’œil du cyclone que d'autres.
J'aime croire pourtant, au-delà de tout ça, au brûlant bien-être de la foi. Bien sûr, nulle supériorité pour le croyant sur le non croyant. Bien évidemment pas plus de revendication d'une confession, d'un véhicule spirituel plutôt qu'un autre. Mais qu'il est difficile, dans notre beau pays de France, de croire sans que les choses s'interfèrent systématiquement avec une instrumentalisation politique. Qu'il est dur aussi de voir certains en réaction, mélanger croire et extrémisme, laïcité et athéisme. Comme si pour respecter la séparation du spirituel et du temporel il fallait forcément ne pas croire. Comme si on ne pouvait aimer la déclaration des Droits de l'Homme ou la République et la Bible, le Coran ou la Torah ? N'en déplaise aux athées radicaux. N'en déplaise aux extrémistes religieux de tous poils.
Alors on ne sait pas encore ce que va donner la morale laïque qui sera enseignée dans nos écoles à partir de 2015 et on espère que le contenu qui sera enseigné sera solide. Mais on ne peut que se féliciter de cette volonté de renouer le vivre ensemble dans un pays si craquelé.
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Mardi 23 Avril 2013 à 10h22
La douceur du croire sans le fracas de la division
Romain Blachier - DR
C'était dimanche et j'étais en train de lire une bible en ligne aux heures où les professionnels de la nuit lyonnaise souhaiteraient étendre les horaires du métro le jour du shabbat.
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Ah voila une bonne question. En fait c'est tot pour juger car on ne connait pas le contenu exact. Reste une intention intéressante: trouver un enseignement qui fasse socle national. En ces temps de division cela prend sens. Après il faudra éviter en effet que ce soit le cours gadget qu'on fait lorsque le programme d'histoire est terminé.
Signaler RépondreAutre point: il faut de l'instruction civique.Vraiment prise au sérieux. Il n'est pas normal qu'on apprenne jamais au écoliers le fonctionnement de notre République.
Bien à vous
M. Blachier, j'aurais aimé avoir votre avis plus détaillé sur ces cours que proposent Vincent Peillon. De mon point de vue de quidam de base, je me dis que c'est une perte de temps folle pour nos têtes blondes, surtout si ces cours hebdomadaires se déroulent de la primaire au collège. J'ai quitté le secondaire il y a moins de 10 ans et j'ai encore en mémoire les cours d'ECJS, ou éducation civique. Quand je vois le peu d'attention que je (et mes camarades) portais à ces cours sur le fondement de la République, je me dis qu'on va dépenser beaucoup pour peu de retour concret....
Signaler RépondreEn fait je suis un extra-terrestre caché, me voila démasqué. Et votre commentaire n'a pas grand rapport avec mon édito.
Signaler RépondreBonne soirée à vous
Apparemment vous n'avez pas lu mon édito avant de partir en dérives sectaires. Dommage.
Signaler Répondreromainblachier @romainblachier
Signaler RépondreFenech, qui laissait publier des blagues antisémites dans le canard de son syndicat, est choqué par le mur des cons du SM
Pas vous visiblement!
Monsieur Blachier vous voilà démasqué comme PRo de la Justice de classe, de la Justice Partisane, celle qui relâche les criminels et les délinquants mais poursuit les pauvres gens ordianaires qui ont eu le malheur de dire un mot de trop, boire un verre de trop ou rouler trop vite!
Nous ne sommes vraiment pas dans le même camp!
Et pourquoi pas une nouvelle repentance ?
Signaler RépondreQue la France s'excuse de son histoire chrétienne !
Père, pardonnez les socialistes, ils ne savent ni ce qu'ils font ni ce qu'ils disent.
Tout à fait. La revendication en question porte bien sur la samedi
Signaler Répondreje pensais que le shabbat était le samedi ?????
Signaler RépondreBonjour
Signaler RépondreCe n'est pas le sujet du billet. Concernant le bilan de Collomb, que je trouve très positif, ça ne vous surprendra pas, je vous invite à en débattre dans les nombreuses chroniques que j'y consacre, sur ce site ou sur mon blog.
Merci à vous pour le compliment.
Monsieur Blachier, même si mes idées politiques sont opposées aux votre, je reconnais que vos chroniques sont de qualité.
Signaler RépondreJ’aimerais connaitre votre analyse sur les résultats obtenu par gerard Collomb pendant ses deux mandats et sa façon de gérer la ville, il me semble que son pouvoir s’assoit en éradiquant toutes formes de contestation au sein de sa gauche (sa gauche ou la gauche ?)et en instrumentalisant des intérêts privé (OL, Cardinal, GL, Vinci, etc. etc.)pour museler toutes oppositions qui devrait permettre des échanges constructif pour notre agglomération.