En tournée dans toute la France, vous terminez ce samedi votre escale
lyonnaise qui a commencé mardi. Pouvez-vous nous présenter en deux mots
votre spectacle ?
Pascal Rocher : C’est l’histoire de deux amis
d’enfance, un garçon et une fille, qui se retrouvent chez lui à Paris.
Mais son amie est restée trop provinciale et lui trop parisien. Donc on
assiste à un véritable choc des cultures entre deux personnes très
différentes.
Vous formez aujourd’hui un duo aussi étonnant que détonnant. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
PR
: On s’est rencontré dans la rue car nous étions voisins. On est
ensuite devenus copains et on a commencé à travailler ensemble car nous
partagions tous les deux la passion de la scène. La première pièce dans
laquelle nous avons joué ensemble était les "Folies Printanières".
Une passion qui vous a amené à fonder en 2002 la compagnie Kicékafessa avec d’autres membres.
Sandra
Colombo : Oui, on l’a créé pour que tous les comédiens de la compagnie
aient une structure pour pouvoir jouer dans une pièce. Après, tout le
monde faisait ce qu’il voulait, chacun travaillait avec celui qu’il
souhaitait mais ça nous a notamment permis de jouer les pièces "Folies
printanières" ou "Tamisez-moi le galet".
Pourquoi avoir choisi ce nom ?
SC
: Ce n’est pas nous qui l’avions choisi, mais on a décidé de le
reprendre dans l’émission "On ne demande qu’à en rire" car quand on
s’est présenté chez Ruquier, la production nous a demandé un nom de
duo. Mais on n’y avait pas réfléchi car on était uniquement concentrés
sur notre sketch. Comme on était issus de cette compagnie et qu’on
pensait ne pas rester longtemps, on s’est dit que ce serait bien de
citer le nom sur France 2.
Vous venez de parler d’ "On ne demande
qu’à en rire", l’émission dans laquelle vous vous êtes fait connaître
et où vous vous êtes lancés en duo le 10 mars 2011. Comment en êtes-vous
venus à vous présenter ?
SC : Je suis allé chercher Pascal pour
faire cette émission car un matin, je me suis levé avec l’idée que
c’était cela qu’il fallait faire. Le sketch est un format qu’on ne
pratiquait pas du tout, mais je voulais vraiment faire cela. Ma peur a
été moins forte que mon envie d’y aller. J’ai proposé à deux de mes
copines d’y participer car je trouvais le format avec trois filles
cohérent, mais elles ont de suite refusé de peur de se faire juger. Je
ne voulais pas y aller toute seule, mais comme je connaissais bien
Pascal, je lui ai proposé, même s’il travaillait sur une autre pièce à
l’époque.
PR : Quand Sandra me l’a proposé, ça a sonné comme une
évidence pour moi. Une fille et un garçon, une petite et un grand, une
brune et un blond, on avait beaucoup d’opposés qui permettaient une
certaine ouverture. Après, on n’avait rien à perdre. Si on se ramassait,
on n’en parlerait plus.
C’est donc dans cet état d’esprit que vous décidez d’y aller ?
SC
: Oui, on y va la fleur au fusil, en ayant répété notre sketch pendant
trois jours dans la maison de la mère de Pascal avec une brosse à
cheveux pour faire le micro. Quand on est arrivés sur le plateau, quelle
angoisse ! On pensait qu’on se ferait buzzer, mais tout s’est
finalement bien passé. Et quand on remonte les escaliers, on voit la
première note d’Isabelle Margeaux : 17. Quelle surprise ! Je me suis de
suite demandé comment on ferait pour le deuxième sketch. On avait fait
le meilleur premier passage de l’émission à l’époque. Du coup, on est
resté, et 50 passages plus tard, on y est toujours.
Justement, quel est le secret pour perdurer dans cette émission ?
PR
: Aucun. Personne ne sait à vrai dire. Ça passe ou ça ne passe pas. Il y
a des fois où on se prend des gamelles alors que l’on ne s’y attend
pas. Par exemple, il y a un sketch que nous adorons qui n’a pas du tout
fonctionné ("Vous jouez 1700 fois la même pièce"). C’était un sketch
écrit en alexandrins, très compliqué à écrire et à jouer, et ça n’a pas
du tout marché. Non, il n’y a aucun secret, mais ce qu’il faut, c’est
travailler.
Vous avez tous les deux des parcours atypiques. Sandra
vous avez fait de la psychologie, du journalisme, de la publicité ;
Pascal vous avez enchaîné les petits boulots, mais vous êtes finalement
parvenus à vous retrouver autour de votre passion : la scène. A l’heure
d’aujourd’hui, est-ce que vous vous dites que vous avez réussi dans la
vie ?
PR : Non, il y a bien une chose qu’on apprend vite quand on
débute ce métier, c’est qu’il n’y a pas de véritable réussite. On est
arrivé à un point où une petite partie des gens nous connaissent, mais
si on ne passe plus à la télé, ça ne va pas durer.
SC : Actuellement,
en tournée, nos salles sont très pleines et on est très heureux. Mais
on aurait fait le même spectacle sans la télé, les salles n’auraient pas
été si remplies. De plus, cette émission nous a énormément apporté en
termes d’expérience, de travail, de maîtrise.
Malgré le stress et le travail que représentait cette émission, est-ce que vous y avez quand même pris plaisir ?
PR
: Evidemment, on n’est pas maso quand même ! C’est une aventure
fantastique. C’était vraiment génial d’y participer. Et quand ça se
passe bien, c’est tout simplement énorme. On n’est pas du tout blasés de
ce qui nous arrive, on est comme des enfants dans un magasin de jouets.
On a joué devant des salles de 5, 6, 10 personnes, ça arrivera
peut-être encore. Mais entre les différents comédiens, il règne une
ambiance incroyable. On a fait 12 représentations au Casino de Paris et
cela ressemblait à une vraie colonie de vacances.
Quel est le rythme de votre tournée ?
SC
: On se lève le matin et l’objectif est d’aller se balader. Ces
derniers jours, et malgré le temps, nous sommes allé à Confluence, dans
le Vieux Lyon et sur Fourvière. Lyon est vraiment une ville très
agréable.
PR : Les petites salles, ça fait 15 ans qu’on en fait, et
c’est tout simplement super. On rencontre des gens et maintenant ce sont
eux qui viennent nous voir. A Lyon, c’est aussi super, car il y a le
bar à la sortie du théâtre : les gens nous attendent, on partage un
verre avec eux. En plus, la Comédie Odéon est bien conçue, moderne.
Bref, c’est très bien.
Vous aviez aussi participé au ONDAR Show, un
nouveau concept humoristique diffusé le samedi soir à 19h. Mais en cours
de saison et après 13 émissions, l’aventure s’est arrêtée. Est-ce un
échec ?
SC : Oui. D’abord, la case de 19h du samedi sur France 2
était très compliquée, donc c’était très risqué. C’était pas du tout ce
que voulait Catherine Barma, la productrice de l’émission, qui
souhaitait la diffuser à 22h30. En plus, on aurait été beaucoup plus
libres car à cette heure on était très restreints. Et puis, faire de
l’humour à télé sans la mécanique du jeu de la quotidienne, c’est aussi
compliqué. En termes d’audience, on n’était pas mauvais, mais ça ne
convenait pas à la chaîne.
Vous êtes actuellement "en tournée
mondiale dans toute la France", comme vous l’écrivez sur Twitter.
Après cette tournée, qu’avez –vous comme projets ?
SC : On va au
festival d’Avignon avant de continuer notre tournée jusqu’en 2014.
Après, on ne sait pas encore, on écrira peut-être un nouveau spectacle.
On a aussi pour projet d’adapter au format audiovisuel notre spectacle.
Pour l’instant, notre pièce marche très bien, on n’est pas du tout
lassés de la jouer. On est pour le moment à 200 représentations.