Les buralistes manifestent dans toute la France et notamment à Lyon ce
jeudi après-midi à 14 heures. Ils dénoncent la prochaine hausse des prix
du tabac qui pourrait intervenir dès cet été. Quelles conséquences
aurait cette hausse dans notre département ?
"La manifestation
débutent jeudi matin au péage de Villefranche-sur-Saône. On distribue
des tracts aux automobilistes venant de Paris. A Lyon, on fait un gros
rassemblement avec un départ place Bellecour à 14 heures et on se rendra
à la préfecture remettre nos doléances au préfet de région.
Nos
difficultés sont une concurrence déloyale avec nos pays limitrophes qui
sont l’Espagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg".
A Lyon vous êtes loin des frontières et la plus proche est la Suisse mais les prix sont les mêmes.
"Oui la Suisse a trouvé une harmonie avec la France. Mais le couloir
rhodanien est un couloir de circulation où il y a beaucoup de
circulation et les douanes constatent tous les jours des infractions,
notamment des routiers qui transportent de grandes quantités de tabac.
Cela a pour conséquence que des confrères ferment, à raison de deux ou
trois bureaux de tabac par an. Ce sont des faillites".
Depuis le début de l’année 2013, le volume de cigarettes vendues a-t-il baissé ?
"Dans le Rhône, nous avons baissé en valeur de 9%".
Que voulez-vous demander au gouvernement ?
"On demande simplement que le gouvernement fasse son travail
d’harmonisation des prix, au niveau européen. Ce n’est pas une question
d’incitation de commerçants, c’est une question d’harmonisation de taxes
puisque la France est l’un des pays européens où la taxe est la plus
importante sur le tabac".
C’est quand même une question de santé
publique qu’il faut prendre en compte. Selon l’observatoire français des
drogues et des toxicomanies, l’augmentation du prix du tabac de 10%
provoquerait une baisse de la consommation d’environ 5%, l’arrêt de
fumer de 315 000 fumeurs et cela éviterait chaque année, 1500 décès.
C’est à prendre en compte, non ?
"On est conscients que c’est une
question de santé publique. Sauf que ces chiffres là ne prennent en
compte que la réalité du tabac que nous vendons. Car nous produisons des
chiffres, alors que la contrebande n’a pas de chiffre. C’est une
contrebande dangereuse dans le sens où la cigarette n’a sûrement pas la
même qualité de fabrication quand elle vient de Chine ou du fin fond de
la Russie, que quand elle est fabriquée par un manufacturier de
cigarettes".
Votre profession n’est pas la plus mal lotie aux yeux
de la Cour des comptes, qui en février a dénoncé les aides que vous
donne l’Etat.
"C’est une interprétation des aides un peu
fantaisiste. On nous a dit qu’on avait touché de grosses sommes, mais il
faut savoir que ces sommes sont réservées aux buralistes qui sont
réellement en difficulté, qui sont des frontaliers. Car quand vous avez
un produit d’Etat qu’on vous impose en quantité et en prix, quand vous
avez une affaire que vous avez acheté trois ou quatre millions d’euros
et que vous vous apercevez qu’elle ne vaut que 250 000 euros. Le jour où
vous allez la vendre il y bien une différence. Quand vous avez perdu
80% de votre chiffre d’affaires que représente le tabac en l’espace de
cinq-six ans, il faut bien que l’Etat compense. Il y a eu une
compensation de l’Etat car c’est un produit d’Etat. Mais ce qu’on
demande aujourd’hui au gouvernement, c’est qu’il intensifie
l’harmonisation des prix avec la communauté européenne et qu’il nous
offre, comme il nous l’a promis, la diversification de nos commerces".
Vous êtes donc conscients que la cigarette est surement amenée à disparaitre et qu’il faudra transformer vos commerces.
"On en est tout à fait conscients et on participe à cette politique là.
Mais ce qu’on demande à l’Etat c’est qu’il assume son rôle. Il impose
des restrictions sur la vente d’un produit, qu’il nous offre alors une
diversification de nos commerces pour compenser nos pertes".
Vous êtes déterminés. Pensez-vous être nombreux jeudi après-midi ?
"Je pense qu’on va être nombreux et je le souhaite. C’est une question de survie de notre profession".