C'était le premier concert du Festival 2013, et il a été complet très rapidement. Après une première partie savoureuse assurée par Harold Martinez et ses balades électriques, le Lyonnais s'est présenté sur scène, barbe fournie, casquette et blouson de cuir noirs, short bleu.
Les spectateurs qui avaient attendu sous la pluie créant ainsi un patchwork de ponchos dans les antiques gradins l'ont ovationné, et le jeune homme était ému aux larmes. Lui qui a fait ses gammes à l'école de dessin Emile Cohl était un peu à la maison, et même à domicile : "j'ai habité pendant 5 ans de ma vie à 150 mètres d'ici, c'est dingue ! " a-t-il indiqué au public. Mais cela ne l'a pas empêché de chanter Brooklyn, une chanson hommage au quartier new yorkais où il a élu domicile et revisitée fort à propos pour ce concert lyonnais ("here in Lyon the rain is falling, my heart belongs to Brooklyn").
Devant les musiciens de l'ONL, le réalisateur de clips adulés (Blue Jeans ou Born to die de Lana del Rey, c'est lui) était accompagné de ses musiciens à lui. Deux batteurs, un aux "machines", un pianiste et trois cuivres. Il a joué l'intégralité de son album The Golden Age sorti en mars, et déjà disque d'or. Derrière les pupitres de l'orchestre, un écran géant balançait les images psychédéliques qui accompagnent les titres, à grand renfort de formes géométriques ondulantes et de cathédrales de marbre synthétisées.
Les premiers morceaux interprétés étaient en retenue, mais quand Woodkid fit se lever les gradins et danser frénétiquement la fosse, le spectacle prit une toute autre tournure. L'écran continuait de diffuser ses formes difformes, planètes, soleil ou bâtisses, les batteurs donnaient de la grosse caisse sauvagement et les seize violons de l'orchestre emmenaient le tout dans un lyrisme de passade car tout l'interêt des chansons du Lyonnais de la Grosse Pomme ne résidait pas ce soir là dans le chant, mais dans la musique. Les tambours battaient des marches militaires entêtantes et réhaussées par les trombones et autres cors.
Woodkid jouait la comédie en levant les bras au ciel ou en rapprochant ses avant-bras, tatoués chacun d'une grosse clé. Le petit barbu est déjà l'auteur de plusieurs "hits" comme Iron, Run boy run ou I love you. Il les a tous interprétés, se payant le luxe de longues intro haut-perchées puis galopantes.
Ces titres font penser à de sombres cavalcades, des requiems tantôt au piano tantôt aux cuivres, mais elles ont parfois le génie de s'envoler vers un tourbillon fuyant sur lequel la voix profonde du chanteur vient se greffer. La matière qui les forme est clairement la musique, le chant y intervenant sans vraiment emporter l'adhésion, sauf de ceux qui connaissent les paroles, en anglais uniquement.
Woodkid, on aime ou n'aime pas, mais le public ne s'y est pas trompé, qui a repris longuement l'air de l'une des chansons, ne permettant plus à l'intéressé d'en placer une. "Ma cathédrale est peut-être vide, mais elle est pleine de monde" s'amusait le local en référence à des critiques de son disque et de ses clips tout de gris conçus.
Les spectateurs ont salué le concert en jetant leurs coussins bien avant la fin du spectacle, provoquant les rires du chanteur et de son groupe qui les renvoyaient. La vie de violon ou de contrebasse est risquée à Fourvière, ce ne sont pas ceux de l'ONL qui contrediront.
Y étant également, j'ai été cueilli dès les premières notes. A partir de là, tout n'était plus que magie et éblouissement, les yeux et oreilles grands ouverts pour admirer et écouter une oeuvre formidable.
Signaler RépondreEt il est vrai que dès lors que Woodkid a su faire lever tous les spectateurs pour toute la deuxième partie du concert, celui-ci a pris une autre dimension. L'ambiance était géniale, l'artiste ému tout comme le public ; l' (excellent si faut il le préciser) orchestre Lyonnais, le chanteur Lyonnais et le public Lyonnais dans une "lyonnaise" cohésion magnifique...
J'y étais. Dès les premières notes de musique la foule s'est fixée en une seule respiration et l'émotion de sa voix s'est rependue, nous saisissant à l'âme... Des larmes qu'il a essuyé à la fin de sa première chanson, je comprenais alors le sens de celle que je venais de verser avec surprise...
Signaler Répondre