Pascal Rossignol secrétaire du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA : "Une évasion à la Redoine Faïd est possible à Lyon"

Pascal Rossignol secrétaire du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA : "Une évasion à la Redoine Faïd est possible à Lyon"
Pascal Rossignol - LyonMag.com

Le secrétaire régional de l’union fédérale autonome pénitentiaire Pascal Rossignol était l’invité mardi de Jazz Radio pour l’émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.com.

Votre syndicat appelle les personnels pénitentiaires à des rassemblements depuis ce matin devant les prisons de la région. C’est le cas à Villefranche, à Meyzieu, à Saint-Quentin-Fallavier mais aussi à la maison d’arrêt de Lyon Corbas. Vous dénoncez la montée de l’insécurité dans les prisons. Qu’est ce qui provoque cette montée ? "Actuellement, nous avons un gros problème lié aux fouilles des personnes détenues lorsque notamment elles ont un contact avec l’extérieur".

C’est le fameux article 57 de loi pénitentiaire. "Tout à fait. C’est ce fameux article 57 qui se met en œuvre progressivement, si ce n’est qu’il nous pose de réels problèmes de sécurité".

Il interdit les fouilles systématiques. "Il interdit les fouilles systématiques des détenues que nous faisions jusqu’à maintenant lorsqu’ils avaient le contact extérieur à l’occasion des parloirs mais également lorsqu’ils sortent du tribunal".

Finalement, c’est le caractère systématique qui est interdit mais pas le caractère aléatoire. Vous pouvez encore fouiller. Quelles différences cela fait ? "Ce que ça change c’est très important, ça semble assez simple. Quand on fouille, on a des chances de trouver tout ce que l’on recherche. Lorsque l’on fouille une personne sur deux, on a surtout des chances de fouiller celui qui ne porte pas l’objet illicite".

Vous entendez ce que disent les associations ; je prends notamment l’Observatoire international des prisons qui dénonce finalement que les fouilles systématiques ou alors même les fouilles aléatoires ne sont pas si efficaces que cela, mais qu’au contraire pour les surveillants c’est une façon de montrer aux détenus qui est le patron. "Vous savez qui est le patron, ça fait fort longtemps que les prisons ont évolué. Je crois que les prisons françaises, ce n’est pas la caricature des prisons américaines d’une part. Les personnels se sont, surtout comme une région comme la nôtre et à Lyon, de jeunes personnels pour la plupart et qui démarrent une profession qui est très difficile où ils subissent à longueur de journée des insultes et des agressions physiques également. C’est quelque chose sincèrement qu’on ne peut pas entendre. Je crois qu’on essaye de faire un travail tel qu’on nous le demande avec le cadrage de la loi mais en faisant en sorte aussi qu’on ne s’expose pas de manière démesurée en totale insécurité comme ça pourrait être le cas".

Vous avez vu la différence quand avant les fouilles étaient systématiques et aujourd’hui ? "On a un exemple très proche de Lyon qui est sur la prison de Saint-Quentin-Fallavier en Isère où ces derniers jours on constate tout simplement un petit peu moins de projections extérieures. Il y a de forts risques que ça rentre par les parloirs tout simplement parce que les fouilles ne se font plus systématiquement sur cet établissement suite à une décision du tribunal administratif de Grenoble".

Qu’est ce qui rentre dans les prisons ? "Tout peut rentrer mais principalement ce que l’on retrouve le plus ce sont bien sûr de la drogue, des téléphones portables. Ça peut être éventuellement des armes mais aussi des objets de tous les jours : des clés USB, des CD à enregistrer, de la viande… On trouve vraiment de tout".

Et de l’explosif comme Redoine Faïd, ça pourrait arriver à Lyon Corbas ? "Tout est malheureusement possible. Partout, on a des détenus du niveau de Redoine Faïd qui était incarcéré à Sequedin".

Suite à cette affaire, la ministre de la Justice Christiane Taubira avait fait des annonces : 33 millions d’euros pour équiper les prisons de nouveaux détecteurs, de nouvelles formations… C’est suffisant pour vous ? "Ce n’est pas suffisant même si on ne peut que reconnaître que ça va dans le bon sens dans la mesure où le maillage des mesures devrait permettre d’améliorer cette sécurité que l’on dénonce, pas depuis que Redoine Faïd s’est évadé mais depuis de nombreuses années".
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