Les fameuses soldes d’été vont débuter demain matin. Est-ce que vous les
commerçants vous allez proposer des rabais très importants dès les
premiers jours ? "C’est le marché qui fait que parfois il vaut mieux
annoncer des soldes rapides pour que ça parte vite. Méfiez-vous des -70%
car il y a toujours marqué jusqu’à -70%, et en général vous avez des
nanars dans des tailles pas possibles, des couleurs pas possibles, des
modèles pas possibles, ils sont eux effectivement à -70%, et donc ça
permet de faire des grandes affiches pour des petits stocks que personne
ne regarde".
On voit que sur toutes les personnes qui veulent
faire les soldes, 55% d’entre elles disent qu’ils n’ouvriront le
porte-monnaie à partir du moment où c’est à -50%. "Bien sûr, mais
est-ce qu’ils sont sûrs qu’à -50% ils font une bonne affaire. Je
voudrais qu’on fasse comme pour les boulangers, pour les restaurants les
vraies soldes parce que vous avez des grandes chaines qui fabriquent en
Asie et à des prix défiants toute concurrence, et qui fabriquent leurs
soldes rient que pour les soldes".
Comment fonctionnent les
soldes ? "D’abord qu’est ce que c’est les soldes ? A l’origine ce sont
des fins de série, c'est-à-dire de la marchandise que vous avez dans
votre magasin que vous avez reçu pour la collection d’été ou la
collection d’hiver. Vous faites rentrer cette marchandise et vous ne
savez pas ce qui va marcher ou pas, et vous arrivez en fin de saison où
il vous reste forcément sur les bras des articles. Il est bien évident
que les fins de série, il y a une taille par ci et une taille par là,
une couleur par ci, une couleur par là… Si l’article n’a pas plus, vous
allez mettre une grosse remise…".
C'est-à-dire qu’il faut que
les consommateurs achètent tout de suite s’ils ont vu quelque chose ou
ils doivent se dire qu’il faut attendre un petit peu ? "Après il y a la
deuxième et la troisième démarque. Si c’est dans les chaines, ils
peuvent attendre parce qu’ils sont réalimentés au fur et à mesure".
Comment
faire pour ne pas se faire avoir sur le fait que certaines grandes
chaines ne jouent pas le jeu ? "C’est simple ; si vous rentrez dans un
magasin et que vous vous apercevez que ce sont des fins de série où il y
a toutes les tailles, toutes les couleurs et tout les modèles et que
les rayons sont pleins, on ne peut pas parler de fin de série. En
revanche, je conseille toujours aux consommateurs qui veulent agir
intelligemment et vraiment faire des affaires, c’est d’aller là où vous
avez l’habitude d’aller, d’aller voir les prix, d’aller voir la
marchandise, de repérer ce qui vous va et ce qui vous fait plaisir".
Vous
proposez de créer un label ? "J’en ai parlé à la fédération nationale
pour faire un label vraies soldes, et là ce serait différent et ça
changerait le marché".
Et là avec ces soldes, comment ça s’est
passé pour vous cette année. Vous avez eu un hiver relativement doux
jusqu’au mois de décembre, et il a fait froid au printemps. C’est une
mauvaise année pour les commerçants ? "Compte tenu qu’on est train de
pressuriser les consommateurs qui doivent payer leurs impôts, c’est
évident que le consommateur fait de plus en plus attention".
C’est
une saison historiquement mauvaise ? "Ça dépend ! Je pense que dans
les magasins les plus populaires, c’est très mauvais. Dans le
haut-de-gamme, on s’en sort toujours mais certains confrères ont eu des
chutes de -50%".
Entre les soldes, les soldes flottants, les
promotions, les ventes privées, on ne s’y retrouve plus. Ce sont les
soldes toute l’année ? "C’est une perturbation du marché qui ne profite
qu’à ceux qui ont de très grosses marges et qui font fabriquer en Asie".
Pour le consommateur, ça reste difficile de savoir quel est
le prix réel du produit qu’il achète ? "Je me demande encore comment on
a encore des clients. Il faut qu’il nous connaisse et qu’il sache faire
la différence. C’est un peu comme dans la gastronomie. Vous avez des
gens qui trouvent que les fast-foods c’est très bon et qui finalement ne
veulent pas payer très cher dans un restaurant gastronomique. Nous on a
à faire à une certaine clientèle qui a une certaine culture. Lyon est
une ville textile et les gens savent faire la différence entre un beau
tissu, de belles finitions et une belle coupe…".
Excellent interview. La question des soldes flottants et des différences qualitatives (collections spéciales dans le textile par exemple, utilisant la renommée d'une marque pour vendre un produit de mauvaise qualité) est un vrai souci pour le vendeur et un vrai facteur de confusion pour le consommateur.
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