Mark Schapiro, consul des Etats-Unis à Lyon : "Lyon commence à reprendre son rôle de Silicon Valley européenne"

Mark Schapiro, consul des Etats-Unis à Lyon : "Lyon commence à reprendre son rôle de Silicon Valley européenne"
Mark Schapiro - LyonMag

Mark Schapiro, consul des Etats-Unis à Lyon, était l’invité ce jeudi de Jazz Radio pour l’émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

LM : Nous sommes le 4 juillet, 237e anniversaire de l’indépendance des Etats-Unis et le dernier que vous passez à Lyon puisque vous achevez votre mission de trois ans de consulat. Vous ressentez un peu de nostalgie avant de quitter Lyon ?
"Tout à fait. C’est toujours difficile de se déraciner à la fin d’un mandat. C’est aussi surtout parce que je suis bien à Lyon, c’est une ville agréable et ces trois ans m’ont beaucoup plu."

LM : Quel bilan vous tirez de ces trois années ?
"Il y a le côté personnel et le côté professionnel. J’ai essayé de mettre en place des structures qui durent : la Maison des Etats-Unis, un prix pour les jeunes innovateurs dans la recherche scientifique, un prix pour le green-design avec les écoles d’architecture de Lyon et Grenoble, notre initiative avec les véhicules électriques. Beaucoup d’actions sur Lyon et Grenoble et j’espère revenir dans dix, vingt ans et voir ce qui dure encore et même celles qui sont devenues plus importantes."

LM : Cette Maison des Etats-Unis qui a ouvert il y a plus de six mois avec une vocation économique, une vocation culturelle et d’éducation, elle fonctionne aujourd’hui ?
"Ca marche, il y a l’effet boule de neige. C’est toujours un peu fragile une première année, et pour n’importe quelle association. Les gens doivent entendre les échos, doivent voir les services fournis par la Maison des Etats-Unis. Maintenant, on va voir dans les prochains mois un volet plus large, les examens TOEFL, les cours d’anglais, un service pour aider les gens à trouver des stages aux Etats-Unis. Des choses concrètes qui répondent aux demandes et aux besoins que nous avons reçus ces trois dernières années."

LM : Ca a été facile de travailler avec les collectivités locales ?
"Oui. Il faut toujours un peu de temps pour comprendre un système, surtout le fameux mille-feuilles à la française. Mais on a d’excellents relations avec la Ville de Lyon, la Région. Et il y a de si forts liens avec les Etats-Unis que ca a été un plaisir de travailler ici."

LM : Nous vous avions reçu au mois de janvier lors de l’investiture de Barack Obama. Vous nous disiez que la réouverture de la ligne aérienne Lyon-New York était dans les tuyaux. Vous êtes encore optimiste aujourd’hui ?
"Je suis encore optimiste. Je ne peux pas vous dire quand mais je pense que c’est inévitable. J’ai soutenu les démarches d’Aéroports de Lyon et je pense qu’avec la croissance dynamique qu’on voit à Lyon et dans la région, c’est une question de temps."

LM : Vous avez vu qu’en France, on parle beaucoup de la crise, de plan d’économie et de suppression de postes. Avec votre vision d’Américain en France, est-ce que vous trouvez vraiment que la région Rhône-Alpes est en difficulté ?

"C’est vrai qu’il y a un climat un peu pessimiste, négatif en terme d’investissement et de croissance économique. Pas seulement en France, mais en Europe.
Pour nous, Lyon, Grenoble, la région Rhône-Alpes, reste un peu l’exception. Chaque année, des entreprises américaines continuent à venir s’implanter ici et des entreprises rhônalpines partent dans l’autre direction. Si vous parlez avec les représentants de l’ADERLY, ils vont vous dire que chaque année il y a une croissance qui va dans une direction positive pendant que tous les autres cherchent des excuses pour ne pas avoir mis en place une vision pour construire un futur. Ici, on investit dans la culture, l’éducation, l’infrastructure, l’urbanisme, des ingrédients très prometteurs."


LM : Il y a une mentalité particulière à Lyon et dans sa région ?
"Il y a une base économique très diversifiée et ca donne une certaine stabilité pour la croissance. Ils ne sont pas vulnérables comme certaines régions qui dépendent d’un secteur ou deux. Il y a aussi une culture d’innovateurs. Il ne faut pas oublier qu’à Lyon, il y a 100 ans, c’était la Silicon Valley d’Europe. Et elle commence à reprendre ce rôle."

LM : Vous avez été surpris de la façon dont les Lyonnais, citoyens ou entrepreneurs, voient les Etats-Unis aujourd’hui ?
"Pas surpris non, parce que j’ai rencontré beaucoup d’amour. C’est impossible de rencontrer quelqu’un qui n’a pas d’opinion. Les gens sont fascinés par la culture, l’histoire, le marché et l’enseignement supérieur. J’ai eu de la chance de me retrouver dans ce milieu."

LM : Vous allez donc repartir aux Etats-Unis. Quelle sera votre mission ?
"Je rentre à Washington, au moins pour deux ou trois ans. La première année, je serai au Sénat sur un programme d’échanges avec le législatif. Ce sera très intéressant avec peut-être un choc culturel plus fort que la France."

LM : Vous reviendrez à Lyon dans les prochaines années ?
"Bien sûr, j’aimerais voir en tant que touriste ce que Lyon est devenue. Il y a beaucoup de choses qui se passent en ce moment."

LM : Aujourd’hui, en ce 4 juillet, que fait un Américain à Lyon ?
"Il se repose ! Hier soir on a fait notre grande réception à l’Hôtel de Région pour commémorer l’événement. Pour nous, c’est la fête, on ne travaille. Traditionnellement on fait un barbecue et des feux d’artifices. Mais c’est un jour de repos en famille."
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