Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon : "Des retours exceptionnels sur nos dispositifs mis en place pour les entreprises"

Philippe Grillot, président de la CCI de Lyon : "Des retours exceptionnels sur nos dispositifs mis en place pour les entreprises"
Philippe Grillot - LyonMag

Philippe Grillot, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon, était l’invité ce vendredi de Jazz Radio pour l’émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

LM : Vous avez pris vos fonctions à la tête de la CCI en janvier 2011. Quel bilan tirez-vous de votre mi-mandat, sachant que votre priorité était la proximité ?
"Pour rappel, quand nous sommes arrivés à la tête de cette institution, on s’est rendu compte que les électeurs des entreprises marquaient un intérêt très limité sur le fait de voter pour telle ou telle liste ou tel ou tel représentant. Nous avons pris le parti de disposer sur notre territoire sept agences et nous sommes à 20 minutes de nos entrepreneurs.
C’est efficace. C’est une partie du dispositif. La deuxième c’est de créer des CCI business où l’on réunit des entrepreneurs autour de thèmes pour les faire travailler ensemble. Nous avons également travaillé sur tout ce qui touche aux réseaux, comme les unions commerciales."


LM : Les retours sont bons ?
"Les retours que nous avons sont exceptionnels puisqu’on a une visibilité bien meilleure, on a des contacts qui sont établis par les entreprises auprès de l’ensemble de nos agences que nous comptabilisons et mutualisons ici qui sont en augmentation de plus de 120% depuis l’origine de cette idée. Donc derrière nous avons la possibilité de mesurer l’efficacité de notre Chambre et de faire en sorte qu’aujourd’hui elle est connue. Nous avons une augmentation exponentielle du nombre d’articles sur la Chambre et pas que sur son président, mais sur l’ensemble de son dispositif et les réunions que nous pouvons organiser."

LM : Ca c’était la partie rencontre avec les entreprises. Qu’en est-il du deuxième axe, développer l’entrepreneuriat ?

"On va faire un focus particulier sur entrepreneuriat pour plusieurs raisons. La première c’est qu’on est dans une situation de crise donc on a besoin de rebooster un petit peu notre territoire. Même s’il faut reconnaitre qu’ici à la métropole lyonnaise nous sommes des privilégiés par rapport à d’autres villes.
On mesure le taux de santé des entreprises lyonnaises avec nos réunions, on se rend compte que si les gens viennent davantage nous voir, c’est parce qu’ils ont besoin d’échanger davantage, il y a une inquiétude. Les commerçants en particulier car la saison n’a pas été là et le pouvoir d’achat a baissé. Mais si l’on attend de l’Etat ou de la CCI des mesures ou des aides exceptionnelles, ca ne marchera pas."


LM : Comment vous jugez les différents dispositifs déployés par le gouvernement comme la banque publique d’investissement ou le crédit compétitivité emploi ? Ils peuvent être efficaces ?
"On a une tradition de défiance historique entre le monde de l’entreprise et les politiques. Ici, on a réussi à créer cette alchimie entre le pouvoir politique, le monde économique, le monde de l’éducation et la citoyenneté. Ca marche bien, on se parle et on se comprend et on s’entend bien. Ce n’est malheureusement pas le cas partout. Et du coup, les dispositifs créés par l’Etat sont utilisés avec parcimonie. La première raison, c’est qu’on dit toujours que lorsqu’on a des aides, quelqu’un va toujours finir par les récupérer par des contrôles fiscaux ou sociaux.
Et la seconde, c’est qu’on n’a pas mis en place suffisamment de moyens pour expliquer à l’entrepreneur, qui a bien d’autres soucis en tête comme faire tourner son entreprise par exemple.
Nous on anime le réseau d’experts comptables, de commissaires aux comptes et on leur dit : "De grâce, expliquez avec nous à vos clients les dispositifs qui existent et qui peuvent être bénéfiques à l’entreprise"."


LM : Autre point très important pour le développement du territoire, ce sont les infrastructures. On a vu que le gouvernement avait repoussé un certain nombre de dossiers comme l’Anneau des Sciences ou le CFAL. Vous êtes déçu ?
"C’est une déception mais c’est à la fois presque une satisfaction car enfin on parle globalement des infrastructures. Gérard Collomb a raison de le dire, je le constate également. Mais le problème c’est qu’on est très pressé pour une raison évidente : c’est que l’infrastructure crée l’activité économique et donc la richesse et les emplois. Je prends l’exemple de l’A89 où depuis son inauguration, notre agence de Tarare est sollicitée par bon nombre d’entreprises extérieures qui veulent s’installer le long de l’autoroute et vers les sorties autoroutières.
Moi ce que je regrette beaucoup, c’est que dans ce pays, on mette autant de temps entre l’idée qu’on peut avoir et sa réalisation."


LM : Il y a un dossier emblématique, c’est celui de l’aéroport de Lyon. La CCI en est propriétaire à 25%, l’Etat à 60%. Ce dernier est vendeur. Et depuis plusieurs années, vous dites que vous êtes en train d’organiser le rachat. On en est où aujourd’hui ?

"L’Etat vendant ses 60%, nous nous sommes positionnés avec le Grand Lyon. Nous sommes d’accord sur le schéma, racheter ou récupérer à l’Etat 11% qui donnera à CCI-Département-Région-Grand Lyon la majorité à 51%. Aujourd’hui, il y a une petite évolution, c’est que l’Etat est prêt à rester au capital d’Aéroports de Lyon de façon minoritaire. Ce qui n’était pas envisagé, ni envisageable il y a quelques temps. Donc on peut très bien envisager un scénario dans lequel on serait entre nous plutôt que faire venir Aéroports de Paris par exemple. C’était mon inquiétude, de laisser les Parisiens décider si notre aéroport devait se développer ou pas.
Concernant l’échéance, nous avons monté une association des Chambres de Commerce qui ont des intérêts dans les aéroports. J’en ai pris la présidence. Il est clair que pour l’instant, quand nous allons à Matignon, à l’Elysée, à Bercy ou au Ministère des Transports, on n’a pas de date précise. Je pense que ca ne se fera pas avant les élections municipales, pour des raisons géopolitiques. Mais ca va se faire avant la fin de notre propre mandat en 2015."


LM : Justement, votre mandat s’achèvera en 2015. Mais on parle beaucoup de vous pour les municipales, que Gérard Collomb s’est rapproché pour vous proposer une place dans sa future équipe. Vous en êtes où ?
"C’est un honneur qu’il me fait, c’est une reconnaissance à la fois du personnage et du rôle qu’il joue sur le plan économique. Je crois que c’est un vrai métier, je n’ai pas très envie de me lancer dans cette opération-là. Je participe déjà à cette alchimie entre les élus et la CCI. Ca me va bien. Mon mandat dure jusqu’à fin 2015 et les élections municipales seront organisées début 2014. Vous voyez un peu l’incohérence qui pourrait régner entre les deux. Le calendrier n’est pas bien fait ou alors la volonté n’est pas suffisante. Mais en tout cas je ne pense pas que ce soit quelque chose qui me corresponde."

LM : Vous repartiriez alors sur un second mandat à la CCI ?

"J’ai toujours dit que j’étais adepte du mandat unique. La différence aujourd’hui, c’est que je découvre le mandat consulaire puisque je n’avais jamais été élu. Et il y a des choses à faire. Je suis donc moins affirmatif sur ce que j’avais dit au départ mais pas convaincu non plus qu’il faudra faire un deuxième mandat."
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