Ils tueraient père et mère - ils feraient même ressusciter père et mère pour les tuer – pour être nommés à Matignon et à Lyon, un homme seul refuserait d’incarner la politique du Gouvernement de la France sous prétexte que les conditions ne sont pas réunies, mais quelles conditions ? Celles d’une France apaisée, libérée de ses entraves et du joug socialiste hollandien qui, en comparaison, donne aux premières années Mitterrand alors allié aux communistes un goût de vacances en Crimée, ou celles d’un fantasme d’être un jour appelé par le Président de la République à former un nouveau Gouvernent ?
Toujours est-il que la déclaration du Maire de Lyon de ne pas vouloir être Premier ministre traduit son secret désir d’être nommé, il n’y pense pas qu’en se rasant !
Finalement tout repose sur le si, cette petite conjonction marquant un fait sur la réalité duquel on ne peut se prononcer, mais qui a pu, qui peut ou qui pourra se réaliser. Il marque le doute, il fausse le discernement, il favorise la paranoïa, il transcende le réel, il force la culpabilité, il prépare la certitude et engendre l’incertitude.
Voilà résumé le programme d’un homme politique, de surcroit socialiste, qui après 30 ans de labeur est devenu baron d’une ville de marchands, alors que sa culture et son intimité avec Proust auraient pu en faire un brillant universitaire mais sa madeleine a le goût sulfureux de la passion, de la trahison et de l’ambition.
Je n’ai pas d’aversion pour cet homme même si on me dit qu’il aurait nourri quelque colère à mon endroit quand, Président du Comité Bellecour, au moment des municipales de 2008, j’ai remis une note à Dominique Perben sur les métiers d’art à Lyon et le rayonnement des savoir-faire. Peu importe, cette note avait aussi été remise à Nadine Gelas, vice–présidente du Grand Lyon chargée des événements culturels d’agglomération, lors d’un déjeuner mais sans doute l’a-t-elle oubliée sous sa serviette.
Christophe Cizeron, alors Directeur de Cabinet du Président du Grand Lyon, se chargera de me faire une leçon de morale avant de rejoindre le groupe d’un entrepreneur lyonnais bien connu des commissions d’appels d’offres de la ville et de la communauté urbaine…
Voyez-vous, c’est ça que j’aime dans le socialisme de Gérard Collomb, ce côté apparatchik qu’il ne faut pas contrarier et ce côté capitaine d’industrie par procuration. Il est d’ailleurs un grand bâtisseur qui laissera à Lyon une empreinte plus marquée que celle de Pradel, père de l’érection de la première tour de la Part-Dieu, à l’époque appelée le "zizi à Pradel". Aujourd’hui, ce sont deux tours supplémentaires qui se mesurent à la plus ancienne ; sexe et politique sont étroitement liés depuis la nuit des temps, les édiles de Lyon l’ont traduit à leur façon sans jamais baisser la garde, un peu comme un hommage à Henri IV, le bon roi de France et de Navarre marié à Lyon qui souffrait de priapisme !
Mais Gérard Collomb est aussi un homme de cour, qui s’entoure de courtisans, tous plus ou moins brillants, aux engagements forcément désintéressés… Verts, communistes, centristes ont tous en commun cette abnégation citoyenne et républicaine qui ne s’achète pas ! Ses courtisans restent libres, libres de ne pas démissionner ou de fermer leur gueule et quand ils osent affronter leur baron, les courtisans partent à la quête du Graal, rebaptisé pour l’occasion Gram, mais le cheval de Troie est lancé à l’assaut de l’hôtel de ville pour faire croire à une autre tendance du socialisme, mais personne ne doit être dupe, le socialisme est une doctrine basée sur le mensonge.
Je sais, c’est un constat abrupte mais comment expliquer que Gérard Collomb si prompt à défendre l’entrepreneuriat à Lyon vote au Sénat toutes les lois socialistes qui entravent l’économie. Il y a quelques temps, j’écrivais à un ami pourquoi je n’étais pas socialiste et je vous livre ici ma réflexion : "Je sais pourquoi je ne suis pas socialiste mais je sais aussi pourquoi j’aurais voulu être communiste car Marx posait le socialisme comme un préalable au communisme et qu’une fois socialisés les moyens de productions et l’établissement d’une dictature du prolétariat, c’est-à-dire un régime sans logique bourgeoise de possession et d’enrichissement, vient le communisme, autrement dit le stade absolu de la liberté sans les contraintes capitalistes de l’enrichissement". J’ai tout dit, les socialistes mentent mais surtout ils mentent à eux-mêmes.
Et Gérard Collomb dans tout ça, que fait-il ? Pourquoi garde-t-il sa carte au PS alors qu’il fréquente tous les patrons lyonnais en leur disant "On appartient à l’élite" comme enfermé dans son monde, coupé de toutes réalités, comme par exemple quand il explique à un journaliste lyonnais qu’il se rend de l’hôtel de ville à Confluence en 10 minutes, constaté par huissier. Et le journaliste, benoîtement, acquiesce sans même demander à quelle heure et dans quelles conditions a eu lieu cet exploit, sans doute pour ne pas risquer de perdre le budget publicité de la ville ou du Grand Lyon.
Il reste à Gérard Collomb la possibilité de transformer ses petits travers d’autocrate en qualités proustiennes en se défaisant d’un entourage qui n’est pas à la hauteur du personnage.
Journaliste amateur de voile, avocat d’affaires, playboy dilettante, conseillère occulte, mégère permanentée ou promoteur intéressé, tous sont les artisans de l’isolement du maire qui, à chaque fois qu’il monte sur scène, a besoin du regard bienveillant et protecteur de ses Col(l)ombes comme Claude François avait besoin de celui de ses Claudettes.
La politique est un spectacle, à Lyon comme ailleurs, mais dans la capitale des Gaules, on a l’artiste que le monde nous envie, le talentueux Mister Angel, inclassable, mais que je situe volontiers entre l’inspecteur Collombo et Monsieur Plus de Bahlsen, tant ses investigations journalistiques sont plus un effet de coude qu’une révélation de Médiapart.
Mais chut, il parait que le sénateur-maire de Lyon vogue sur la même galère que l’ancien journaliste du Progrès !
Benoît de Valicourt
Retrouvez tous les billets de Benoît de Valicourt sur son site.
Lundi 8 Juillet 2013 à 15h27
Gérard Collomb, l’homme qui ne voulait pas être Premier ministre
Benoît de Valicourt - DR
Ils en rêvent tous.
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Je ris chaque semaine. Bonne pioche de Lyonmag avec monsieur Valicourt
Signaler RépondreEt sur d'autres adjoints...
Signaler RépondreQu'a dit Gérard Collomb sur les affaires financières de son premier adjoint ?
Signaler RépondreRien !
Ce silence sur son premier adjoint suffit à démontrer que Gérard Collomb est un homme politique aussi avide et coorporatiste que les autres.
Je regrette que vous n'abordiez pas les conflits d'intérêts à la ville de Lyon parmi les adjoints de Monsieur Collomb. Pas plus d'ailleurs que ceux qui touchent son administration. Pas plus, dans votre précédent billet que ceux touchant la ville précédemment citée.
Signaler RépondreSauf que vous n'êtes pas irréprochable non plus.
Signaler RépondreRèglement de comptes entre journalistes ? Expliquez-nous.
Signaler RépondrePois Rouges, il n'est pas charitable de se moquer des fautes d'Unlyonnais. D'abord parce que les aptitudes en orthograhe sont inégalement réparties et il n'y pas de mérite à avoir de bonnes dipositions en la matière, ensuite parce que l'enseignement de l'orhographe a subi depuis 40 ans les assauts répétés des constructivistes (au premier rang desquels, notre Meirieu, celui que les écolos du coin ont fait leur leader) qui expliquaient que c'est à chacun de forger ses propres règles, et comme l'orthographe est une convention, on voit aujourd'hui les dégâts de cette ineptie. Résultat: on ne fait plus de dictée dans beaucoup d'écoles primaires mais l'exercice est pratiqué aujourdhui en prépa et dans les grandes écoles. Si bien que la grande majorité des Français ne sont plus à l'aise avec l'orthographe. Cherchez l'erreur.
Signaler RépondreSaluons l'effort de @Unlyonnais qui s'est enfin relu. Quelques fautes de participes encore de ci delà mais il faut l'encourager ça va dans le bon sens. Comme quoi une petite fessée de temps en temps.
Signaler RépondreEnfin jusqu'à ce que rouge de colère il nous produise volontairement un saccage du Français sur l'air de "je t'emmerde".
Le Mouvement Démocrate n'est plus, et c'est bien dommage parce qu'il avait l'ambition, à mes yeux, d'être l'extrême-centre de la République. Un équilibre que certains n'ont pas tenu longtemps et ils ont alors basculé d'un côté ou d'un autre. Disons que j'ai résisté six ans, un peu plus longtemps que d'autres... mais à l'heure des choix, la lucidité doit l'emporter sur les regrets.
Signaler Répondrece n'est pas en tout cas le MODEM qui a le cul assit entre deux chaises !
Signaler RépondreDésolé, mais "en est réduite" avec un "e", c'est mieux. Je me relirai à l'avenir.
Signaler RépondreMerci pour la correction.
Jean-Marc Chaffringeon
Bonjour,
Signaler RépondreMerci, si c'est possible, de rajouter un M à mon prénom... (pseudo).
Sincèrement.
Jean-Marc Chaffringeon
Cet article relève plus du règlement de comptes entre journalistes que d'une critique sérieuse contre Collomb. Parce qu'in fine, entre le Plan et l'anarchie, il y a la République, et Collomb incarne plutôt bien cette vision humaniste de la politique. Son positionnement est juste. Ce n'est pas ici que l'on peut trouver des défauts à Collomb.
Signaler RépondreEt puis, qui pourrait lui succéder? Vous avez le choix entre un "incapacitaire" assisté d'une lieutenante qui tombe dans la paranoïa, tous deux représentants d'une UMP qui en est réduit à organiser le retour du Sauveur suprême... ou bien vous pouvez vous tourner vers cette équipée de 133 écolobobos qui se soucient de l'équilibre de l'agglomération comme de leur premier vélo (surtout, pas de pollution à l'Ouest de Lyon mais en revanche, à l'Est...), bref rien à attendre de ces contempteurs de l'intérêt général.
Nous voici devant le fait accompli, vous éludez une simple question à laquelle on peut répondre simplement et rapidement en quelques points, si tenté que vous ayez de vrais arguments et j'en doute sincèrement.
Signaler RépondreMais c'est tellement plus facile de se cacher derrière une autre question et d'en remettre une couche sur M.Collomb qui n'avait pas de rapport avec la question que je vous ai posé :)
J'aime avoir des discussions construites avec des gens qui ne pensent pas comme moi, mais visiblement votre niveau n'est pas assez élevé pour un quelconque argumentaire.
Questionnez-vous de savoir pourquoi c'est coupé du reste de l'agglo mon cher " @Question " ?
Signaler RépondreJe l'ai dis maintes fois, à vous de faire vos recherche amoureux du patchwork Collomb Gérard !
Expliquez en quoi, la Confluence est éloignée des autres quartiers de Lyon aujourd'hui ?
Signaler RépondreDonnez nous des arguments valides, au moins une fois dans un de vos commentaires, au lieu de balbutier votre venin habituel sur l'urbanisation et M.Collomb.
J'attends, nous attendons.
Très bon billet Benoît de Valicourt !
Signaler RépondreJ'aime particulièrement le passage où vous dîtes qu'il laissera un marque encore plus indélébile que notre Zizi Pardel,.
La dessus il n'y a pas photo, c'est le maire de Lyon qui aura le plus tronçonner la ville avec ces quartiers de plus en plus éloigner des autres.
Hier la Confluences,
Demain des autres,
Collomb Gérard c'est aussi le playboy qui inaugure que des ratages lorsque ça vient de sa propre initiative......
@Jesus, quand vous vous marieriez pense à lui dire à ton idylle que nous ne sommes plus au temps de la calèche.
Signaler RépondreDis lui qu'il est maire d'une métropole de 1,3 millions d'habitants que l'on traverse d'Est en Ouest et du Nord au Sud et non non la petite bourgade de 50 000 âmes donc on ne devrait as créer de bouchons.
Et bon mariage,
PS : Il est où le mariage ? Impasse des Docks ?
on vous marie quand alors ?
Signaler Répondredoux Jésus !
Merci à vous !
Signaler Répondreet moi je ne voulais pas être pape.Mais on ne me l'a pas demandé
Signaler RépondreJe me suis encore marré comme un bossu. Merci pour ce billet !
Signaler RépondreMoi j'ai un truc à dire sur Collomb : Je l'aime bien.
Signaler RépondreContent ?
C'est fou le peu de commentaires dès qu'on parle de Collomb. La droite lyonnaise, si prompte à s'insulter sur les réseaux sociaux pendant la campagne des primaires (n'est-ce pas les equipes d'Havard, Fenech et Hamelin...), si prompte à rire de Nachury ou de Cochet (à juste titre, et c'était drôle), n'a rien à dire lorsqu'il s'agit de Collomb. D'ailleurs, même si j'ai voté Havard pour la primaire car il est le seul à pouvoir nous rassembler, j'aurais aimé qu'il s'exprime cet été et qu'on ait quelques embryons d'idées qui émergent. Au lieu de ça, silence radio;
Signaler RépondreLe baronnet à compris qu'avec la décentralisation il valait mieux nourrir les locaux et se servir au passage que d'aller à Paris.
Signaler RépondreMalheureusement, nous à droite, on est pareil.
quelle clairvoyance dans cet édito
Signaler Répondrele portrait grandeur nature du baronnet
qui va bientôt se faire passer pour une victime !
Et Havard peut-il le renverser ?
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