L'Odéon était comble pour écouter Faccini - Lyonmag
Ce triple concert, donné dans un Odéon comble au point que certains spectateurs n’ont pas trouvé de place dans les gradins, a proposé un large panel du folklore italien. Tout a commencé alors que le jour était encore tenace, avec Piers Faccini à la guitare et au chant et Vincent Segal au violoncelle. Un adorable duo qui a joué des balades lentes et douces, pleines de poésie, mais aussi des morceaux de compositeurs.
"La dernière fois que nous avons joué dans l’amphithéâtre, le jour se levait", s’est amusé l’anglo-italien tandis que la lumière déclinait, avant que son compère ne lui rappelle que le théâtre en question était celui de Vienne. "Nous sommes tous romains", a conclu le chanteur, avec l’accord tacite du public, parmi lequel les Italiens étaient légion, comme à l’époque où les cohortes de l’Empire régnaient sur le site. De quoi en tout cas commencer la soirée sous les meilleures auspices, rythmée qui plus est par les cloches voisines de la basilique, enchanteresses.
Après une première pause, celui que l’on appelle le Leonard Cohen méditerranéen s’est installé sur la scène avec ses musiciens en formation rapprochée. La voix de Gianmaria Testa est chaude et grave, sensuelle au possible. Il y a du Paolo Conte dans sa façon de chanter, c’est langoureux, érotique, suave. Ses chansons parlent de la Fiat 500, "la voiture pour laquelle les Français ont inventé le mot bagnole", d’une promenade sur les quais de Naples, d’une mère de famille qui se suicide, ou des inventions de l’Italie. "Ces 20 dernières années, nous avons inventé la Ligue du Nord. Si vous la voulez, nous vous la donnons ", s’amuse le poète.
Le parti xénophobe d’Umberto Bossi lui a inspiré un titre dans lequel il explique à son jeune fils ce que signifie le mot "sécession" en imaginant que les océans décident de se séparer des mers, induisant une sécession des gouttes d’eau elles-mêmes puis des molécules d’hydrogène qui sont deux contre une seule d’oxygène et ont donc la majorité et choisissent l’indépendance.
Un coup attendrissantes, un coup électrisantes, un coup parlantes, les chansons de Testa ont envoûté et ému l’Odéon qui a applaudi le chanteur à tout rompre, après avoir basculé dans l’hilarité quand celui-ci a enfilé ses lunettes de soleil pour que l’on comprenne bien que l’un de ses titres était un rock-blues.
Ca dansait d’ailleurs sec au sommet des tribunes. Une danseuse en longue robe rouge et foulard noir faisait de temps à autres des apparitions frénétiques, et telle la Graziella de Lamartine séduisait l’assemblée en virevoltant au milieu de l’esplanade. La fougue de ce dernier groupe a mis en joie un public qui sera resté quatre heures dans les ruines antiques sans pour autant voir passer le temps. Le final, au milieu des coussins, a réuni le public et le collectif dans une euphorie générale. Ce dimanche aura été l’une des journées les plus chaudes de l’année, il restera comme l’une des soirées les plus agréables de Fourvière. Forza Italia !
* Fourvière sous le charme de l'Italie