Cet "assez" satisfaisant peut sembler ambigu. "L'ASN ne se satisfera
jamais d'un niveau de sûreté, a justifié Matthieu Mangion, chef de la
division de Lyon de l'ASN pour les régions Rhône-Alpes et Auvergne. Il
est illusoire de penser qu'il existe des installations nucléaires sans
risque : il y a toujours un risque, les évènements de Fukushima le
montrent."
C'est suite à cette tragédie que l'ASN a décidé, le 26 juin 2012, de
mettre en place un "noyau dur" de dispositions matérielles et
organisationnelles qui permettent de maîtriser les fonctions
fondamentales de sûreté dans les situations extrêmes. Des mesures
rendues plus précises par de nouvelles décisions prises le 21 janvier
dernier.
Au niveau de la région Rhône-Alpes, l'ASN a officiellement annoncé que
les performances des centrales nucléaires de Cruas, Saint-Alban et
Tricastin rejoignaient "l'appréciation générale globalement assez
satisfaisante portée sur EDF". Traduction : il n'est pas nécessaire de
mettre en place un plan pour la population. Cependant, la centrale du
Bugey connaît des problèmes de maintenance. Sur cette centrale en
particulier, EDF "doit poursuivre ses efforts dans le domaine des
conditions de sécurité au travail". De nombreux problèmes ont par
ailleurs été constatés à Romans-sur-Isère. Le site utilise de la poudre d'uranium. Par conséquent, la gestion de
sa ventilation doit notamment être améliorée. "C'est une action
prioritaire", selon Matthieu Mangion. L'ASN a donc placé le site AREVA
FBFC de Romans sous une "surveillance renforcée". La centrale doit par
ailleurs améliorer sa rigueur d'exploitation, sa culture de conformité
au référentiel de sûreté ainsi que son pilotage de projets. Pas un mot
en revanche sur la récente incursion des militants de Greenpeace dans
plusieurs centrales nucléaires de la région, comme celles de Tricastin
ou du Bugey.
L'ASN demande par ailleurs, au niveau national, une augmentation de ses
pouvoirs de sanction. Même si l'organisation jouit déjà d'une "arme de
destruction massive", selon Matthieu Mangion. Autrement dit, l'arrêt des
installations nucléaires en cas de danger imminent. L'ASN aimerait
disposer du droit de distribuer des amendes et des astreintes
journalières, mais cette disposition devra être discutée avec le
gouvernement, si jamais elle doit être adoptée.