Qu’est-ce que vous reprochez à Christophe Geourjon ?
Eric Desbos : Ce qu’on dénonce avec Gilles Vesco, actuellement aux Etats-Unis pour présenter son plan Velo’V, c’est d’abord la méthode employée ! On a en effet appris par la presse que Christophe Geourjon avait désigné ses têtes de listes. Ce choix s’est donc fait en coulisse, sans aucune démocratie interne. C’est un peu fort pour un parti où tous les dirigeants se vantent d’être des humanistes qui veulent rénover la vie politique !
Vous dites ça parce que vous n’avez pas été choisi comme tête de liste dans votre arrondissement, le 8e ?
Non, car j’aurais très bien compris qu’on m’écarte si on m’avait donné la possibilité de m’expliquer devant les militants pour me confronter démocratiquement à d’autres candidats. Avec un vrai débat. Mais là, je n’ai même pas été sollicité !
Christophe Geourjon a écarté tous les partisans d’une liste Modem autonome ?
Je pense qu’il a carrément écarté tous les gens capables de monter une liste solide dans leur arrondissement ! C'est une liste de paille ! Moi, par exemple, en 2004, aux cantonales, j’ai fait 11% des voix à une époque où Bayrou ne dépassait pas encore les 10%. D’ailleurs, Nora Berra, la tête de liste UMP dans le 8e arrondissement, comme Jean-Louis Touraine, le député PS qui conduit la liste Collomb, ont souhaité me rencontrer. En revanche, mon propre parti, le Modem, m’a ignoré.
Vous contestez la légitimité de ces têtes listes ?
Oui. Prenez Laurent Carriez, dans le 8e arrondissement : il a carrément dit qu’il était prêt à se présenter sur une liste UMP avec des millonistes. Moi, qui ai adhéré à l’UDF pour soutenir Anne-Marie Comparini, car elle s’était justement opposée à l’alliance de Millon avec le FN pour se faire réélire président du conseil régional en 1998, mais aussi pour résister à l’UMP créé en 2002 pour tuer le centre, je ne peux pas l’accepter.
Comment vous interprétez ces choix ?
Michel Mercier, le président du conseil général, ne veut pas de liste Modem aux élections municipales à Lyon. Sinon, il aurait poussé la candidature Begag qui était quand même crédité de 14% dans les sondages ! C’était le seul à être capable de peser après le retrait d’Anne-Marie Comparini. Bref, Mercier agit comme s’il voulait que les centristes n’aient pas de liste. Ce qui va finir par arriver car à moins de 10%, on ne peut pas se maintenir au second tour.
Mais Christophe Geourjon ne résiste pas à Michel Mercier ?
Non. Pourtant à 41 ans, Geourjon aurait dû se libérer de cette tutelle car c’est un gars sérieux et un gros bosseur. En tout cas, Perben doit aujourd’hui mettre une pression terrible sur Mercier pour qu’il se rallie au plus vite à sa liste.
Vous ne vous doutiez pas que Mercier finirait par s’entendre avec l’UMP ?
Non. Car il n’a pas joué cartes sur table. Il aurait très bien pu réunir les militants centristes lyonnais avant l’été pour leur dire clairement que cela lui paraissait injouable de garder le conseil général tout en se présentant contre l’UMP aux élections municipales à Lyon. On aurait pu alors clairement prendre contact avec l’UMP, qui n’est quand même pas le diable, et imposer nos conditions.
Aujourd’hui, cela ne vous parait plus possible de rejoindre les listes UMP ?
Non. Car il faudrait au préalable exiger le retrait des millonistes, des villiéristes du MPF mais aussi du Nouveau centre puisqu’on parle désormais de la candidature de Laurent Mazille dans le 5e arrondissement. Ce que Perben n’acceptera jamais car ça fait beaucoup de monde à retirer de ses listes ! Mais le Nouveau centre nous a quand même mis un sacré coup de poignard dans le dos en quittant l’UDF pour s’allier avec l’UMP après la victoire de Sarkozy à l’élection présidentielle.
Vous pensez vraiment qu’il n’y aura pas de liste Modem aux municipales ?
Effectivement, je n’y crois plus du tout. Car Geourjon va avoir beaucoup de mal à trouver 221 candidats. D’autant qu’il a sacrifié sans aucune élégance des militants convaincus.
Mais pourquoi Bayrou n’intervient pas ?
Parce qu’il semble pris à la gorge par Michel Mercier, qui est également président du groupe centriste au sénat. Alors il laisse faire.
Le phénomêne Bayrou, c’est fini ?
Non. Car son discours reste encore clair. Le problème, c’est que dans la pratique, on s’y perd. A Villeurbanne, Grenoble et Saint-Etienne, on a réussi à monter des listes autonomes. Mais on va y renoncer à Lyon, qui est pourtant une ville emblématique du centrisme, où Bayrou a fait 22% à la dernière élection présidentielle. Bref, je suis déçu et en colère.
Vous pourriez rejoindre la liste Collomb ?
Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que je ne voterai pas Perben tant qu’il y a des millonistes sur ses listes. Et s’il n’y a pas de liste Modem comme je le crains, je pourrais rejoindre les listes Collomb.